quantat a écrit :
Absolument d'accord avec ça ... le catholicisme a été une institution extrêmement oppressive... mais plus aujourd'hui (même si les "tentations" subsistent)... en revanche les pères trappistes font énormément pour l'épanouissement de notre civilisation (ceux de l'abbaye de Scourmont par exemple*)
J'ai également du mal avec les "phénomène collectif" ... mais ça c'est à cause de Nietzsche
(j'ai extrêmement peur des foules)
En revanche ça ne me gène pas du tout lorsqu'il s'agit d'une spiritualité individuelle
* Ceux sont ceux qui font la CHimay
Tu as raison, plus que collectif, j'aurais dû dire "relationnel".
Sinon, pour ton message du dessus, C'est un lieu commun dans les 70' de clamer que Sartre a dit beaucoup de conneries, et ce lieu commun n'est pas du tout basé sur son rapport à la science, mais son rapport politique acritique au communisme: "J'aime mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron". Il était plus avancé que beaucoup de phénoménologues, lisant la psychologie expérimentale des années 30. Il a eu plusieurs cécités (qui n'en a eu?), dont celle du freudisme et de l'inconscient, mais cela n'en fait pas un paria de la pensée, au contraire peut-être... il est bon d'avoir une pensée solide à confronter.
Le gros problème de la lecture de Sartre est d'une part que c'est un très grand écrivain, je veux dire par là qu'il est d'une précision et d'une clarté que j'aimerais bien trouver chez Nietzsche, par exemple. Contrairement à Nietzsche, on n'y lit pas ce qu'on veut y lire... Et d'autre part que sa lecture contemporaine est influencée par une vision complètement déformée de son œuvre: par une forme de trahison de ses fils spirituels (Bourdieu, notamment, s'est comporté en "salaud", lui empruntant bon nombre d'intuitions tout en le dénigrant avec une violence inouïe), par un acharnement post-soixante-huitard de quelques figures médiatiques moins sérieuses (les fameux nouveaux-philosophes) et surtout par le fait du déclin concomitant d'une grande période intellectuelle, auto-dissoute dans la vaine entreprise structuraliste.
En gros, je pense que Sartre est un intellectuel fascinant, il ne s'est jamais répété, ne s'est pas borné à un courant de pensée (si tu réfléchis, ils sont rares), tout en étant porté toute sa vie par un souffle unique. Et les développements de la dernière décennie montre qu'il s'est beaucoup moins trompé qu'Aron.
Sinon tu parles de Nietzsche, dont la rigueur est une question un peu trop compliquée à développer ici, mais aussi de Georges Bataille, qui est peut-être un des plus gros irrationalistes que la pensée du XXème siècle ait produite. Ne te méprends pas: j'ai en ce moment un volume de ses œuvres complètes à côté de mon lit. Mais j'ai parfois quelques rictus en le lisant. Deleuze, j'apprécie aussi beaucoup aussi, mais si on les lisait avec les mêmes lunettes que Sartre, il n'en resterait plus grand chose.
Vous battez pas, je vous aime tous