tiré de Israel-Palestine.com regroupant des juifs et des musulmans discutant ensemble pour essayer de faire avancer les choses:
Citation:
"C’EST dans un climat de résurgence des actes antisémites, que nous avons éprouvé la nécessité, en 2003, de nous rencontrer et d’échanger pour décider d’un front commun.
Contre l’antisémitisme, une alliance nouvelle doit se constituer : celle qui réunira les Français juifs et arabes. Ils partagent dans leur immense majorité les valeurs républicaines et la volonté de lutter contre toutes les formes de racisme. A rebours des tentations communautaires qu’on leur prête, leur solidarité et leur fermeté sur les valeurs républicaines offriront la meilleure réponse à l’intolérance. Simple vœu pieux ? Non. Depuis plusieurs mois, le groupe de rencontre que nous avons fondé, composé précisément de français juifs et arabes, montre que la prise de conscience et l’action communes sont possibles contre la montée des actes antisémites.
Au fil des réunions, la discussion s’est approfondie jusqu’à fournir un riche faisceau de témoignages et de réflexions. Cette expérience informelle, privée, nous ressentons aujourd’hui le besoin de la faire connaître pour défendre un combat commun juif et arabe contre le racisme et l’antisémitisme.
Qu’avons nous appris ensemble ?
1) Le prétexte du Proche-Orient Premier constat : Nos points de vue sur le conflit israélo-palestinien peuvent être très divers voire divergents.
Mais cette divergence ne fait en rien de nous des adversaires. Pour aucun de nous, ce principe ne relève de l’angélisme. Il s’agit d’une position républicaine : le conflit – celui qui tue – le conflit israélo-palestinien n’a pas lieu sur le territoire français. Au nom de quoi le transposer ? Au nom du communautarisme ? C’est précisément ce que nous refusons.
Il n’y a pas de guerre en France et celle que certains entendent transposer, comme on l’a tragiquement vérifié ces dernières années, n’est qu’un prétexte à une violence et un antisémitisme que nous rejetons, sans aucune concession. Nous n’estimons pas qu’il est besoin d’ennemi absolu pour conforter nos points de vue respectifs.
Considérer une opposition “ essentielle ” entre juifs et arabes du fait du conflit du Proche Orient et la poser comme “ naturelle ” est une façon commode de se décharger de ses responsabilités, citoyennes ou politiques, quelle que soit sa religion. Or, nous pensons que le fait de dénoncer l’antisémitisme - qu’il soit le fait de jeunes français d’origine maghrébine ou d’autres - relève du devoir citoyen. Tous, juifs et arabes français, de notre groupe, sommes d’accord sur ce point : pas question de relativiser l’antisémitisme en France au nom du soutien à la cause palestinienne.
2) L’injustice faite aux Arabes français
Deuxième constat : Parce que la tension actuelle nous paraît également le résultat d’un déficit d’intégration des Français issus de l’immigration, nous tenons à combattre le racisme anti-maghrébin quotidien, individuel et institutionnel qui refuse de leur accorder une véritable égalité des chances : discrimination au travail, au logement, aux loisirs, à la culture…toutefois jamais ces discriminations ne doivent justifier l’antisémitisme. Sur tous ces points nous étions d’accord.
Pourtant… nous avons découvert au fil des discussions de notre groupe que nous ne nous connaissions pas.
Nous arabes avons réalisé que les réactions à l’antisémitisme avaient suscité, entre autres sentiments, celui d’une grande amertume, voire d’une trahison, chez certains juifs scandalisés du silence des français issus de l’immigration maghrébine, à titre collectif ou individuel.
Nous juifs avons mesuré qu’une prise de parole publique, à titre individuel pour un français issu de l’immigration maghrébine relevait presque d’un tabou : parler au singulier n’appartient pas à sa culture.
Nous arabes avons mesuré que le rapport à Israël est singulier et que peut-être, nous n’en appréhendons pas la signification profonde.
Nous juifs avons mesuré que l’ampleur du débat sur le voile, apparaissait, même chez les défenseurs de la laïcité, comme démesurée, tendant ainsi à stigmatiser l’islam en substituant le débat politique à une polémique religieuse.
Nous juifs avons compris à quel point l’histoire de l’immigration restait à écrire et surtout, reste à transmettre.
Des pans de l’histoire française demeurent complètement négligés comme l’histoire de la marche des beurs pour l’égalité des droits en 1983, dont l’instrumentalisation par les politiques français a entraîné un repli communautaire.
Mais tous, juifs et arabes, avons mesuré que nous ne devions à aucun prix céder, dans le climat actuel, à un repli communautaire – aussi tentant soit-il - contraire à nos valeurs universelles.
3) Poser les questions qui dérangent
Troisième constat : Loin du “ politiquement correct ” nous nous sommes franchement posés des questions essentielles sans crainte de paraître anti-arabe ou antisémite :
Pourquoi les Français issus de l’immigration maghrébine se prononcent-ils rarement publiquement contre les actes antisémites ?
Pourquoi les indignations des représentants officiels de la communauté juive contre le racisme anti-maghrébin ne sont-elles pas suivies d’une vraie mobilisation ?
Pourquoi si peu de réactions de la part de la communauté juive - aucune pétition, aucun texte de débat - à la publication du livre d’Oriana Fallaci qui parlait - entre autres insanités - des musulmans comme de “ rats ” ?
L’antisémitisme est-il seulement le résultat de la transposition du conflit israélo-palestinien actuel ou est-il inhérent à la culture arabe ?
Alors qu’il y a quelques années, le “juif” n’était pas la préoccupation du jeune français issu de l’immigration maghrébine, pourquoi a-t-on parfois le sentiment qu’il est désigné comme son adversaire ?
Pourquoi aucune indignation face au silence des intellectuels français après le rejet de l’assemblée nationale de la proposition - il y a deux ans - d’officialiser la journée du 19 mars, date des accords d’Evian ?
Si nous, qui sommes issus de minorités, avons toujours défendu les valeurs de la République et voulons avec force continuer de le faire, c’est aussi parce que cette République nous a assuré de ses principes et de ses droits. C’est sur cette base que nous réfléchissons. Nous n’avons esquivé aucune des questions. Nous ne sommes précipités sur aucune réponse. Nous réfléchissons. Nous cherchons.
Mais, en attendant, c’est ensemble que nous cheminons."
Signé : Rachid Azzouz, Souad Belhaddad, Ofer Bronstein, Nabil Boutros, Sonia Fellous, Anouk Khelifa, Manuel Maidenberg, Karim Abdel Meguid, Areski Metref, Gabriel Steg, Philippe Tretiak, Isabelle Wekstein
Long mais intelligent, interressant, et avec un essai d'objectivité tout a fait salutaire.
Pour Skelter, je comprends aussi bien le combat des Israéliens pour un état Donné et non pas volé, que celui des Palestiniens, obligés de vivre dans des "ghettos" alors qu'ils étaient chez eux.
Mais ce que je viens de dire n'existe pas en France donc je ne vois pas a quel moment la transposition doit exister...