Trouvé sur la page facebook de Noelle Birac
"À propos du débat sur les statistiques ethniques
S’il est un débat qui agite mon fil Twitter ces derniers temps c’est le débat sur les statistiques ethniques/le grand remplacement/ Car suite à l’attentat en Nouvelle-Zélande revendiqué par un blanc suprémaciste comme le meurtrier se définit, il n’a pas fallu attendre très longtemps avant qu’ivres de bonheur les racialistes en tout genre se saisissent de cette dramatique opportunité afin d’ avancer leurs habituelles récriminations anti occident et leurs larmes de crocodile sur le sort en France des musulmans.
Bien sûr, les mêmes personnes qui pleurent médiatiquement et onéreusement de plateau en plateau en portant leur lourd fardeau d’opprimés ont omis de s’émouvoir des 120 chrétiens tués en Afrique par des milices musulmanes le 4 mars 2019 ou des 84 000 personnes mortes en 2017 dans le monde dans des attentats islamistes.
C’est avec bonheur qu’elles ont aussi oublié la dignité française qui a saisit le peuple unanimement pour, suite à l’attentat du Bataclan, porter des fleurs sur les tombes plutôt que des armes sur les mosquées.
Ce refrain des minorités opprimées fait se poser la question de qu’est-ce exactement que cette minorité opprimée. À quel point est-elle minoritaire pour occuper tant le paysage médiatique jusqu’à mettre en danger la loi de 1905 sur la laïcité afin de l’adapter à point pas trop saignant pour ces « minorités ».
Car le grand remplacement parle de remplacement des populations autochtones par une population d’immigration. Je sais, je sais parfaitement ce que ça implique. À partir de quel moment n’est-on plus considéré comme étranger aux yeux de l’autre (aux yeux de soi?) ? Qui décide de ça ? Sur quelle base ? Y a-t-il un gène français ? Et si on est métisse, c’est la joue ou la jambe qui est « française »?
Je comprends parfaitement que ce sujet divise pour des raisons évidentes. Il y a une idée de race dans « ethnie » qui est hautement inqualifiable. Car la théorie de la race renvoie aux images de peuples prenant l’ascendant sur d’autres en justifiant leurs exactions par une prétendue supériorité de race. Il y a aussi une notion de « légitimité » qu’aurait acquise une certaine population sur une autre. Et cette « légitimité » pourrait aussi justifier d’une certaine politique.
À mon niveau personnel il n’est pas question de juger d’une supériorité quelconque ou d’une plus forte légitimité d’un peuple par rapport a l’autre. Je pense que malgré tout sorti de ces poncifs c’est un vrai débat qu’on ne peut continuer de renvoyer indéfiniment dans les filets racistes habituels.
Étant moi-même fille d’immigrés, je ne vois rien de mal à savoir combien d’autres comme moi habitent en France. Quel est leur statut? Que deviennent-ils après deux générations? Pour moi ce n’est pas tabou, ça ne fait pas de moi quelqu’un de moins français.
Parce qu’en France nous avons la culture de l’assimilation, bien qu’a titre personnel je pense que c’est une culture vouée à disparaître.
Si demain toute ma rue devait se repeindre aux couleurs du Tibet, je commencerai à me poser des questions. Si mes voisins demain parlaient tibétain, je me poserais des questions. Si mon épicier demain, me répondait dans un accent tibétain, je me poserais des questions. Je me dirais »tiens, c’est bizarre, j’ai l’impression que ces derniers temps le paysage a changé » et je me dirais « tiens, il y a beaucoup de tibétains? Ah bon? combien? » car immanquablement, culturellement, il serait indéniable qu’il y aurait des changements. Et ceux-ci d’autant plus frappants qu’augmenterait la population tibétaine.
Si on me répondait « tu n’as pas le droit de poser la question du nombre car tu es raciste/supremaciste/ autres mots en istes, tu imagines les choses » ma curiosité n’en serait que plus titillée, et même, je pourrais avoir du ressentiment à voir que l’on ignore mes questions, et que l’ont refuse de reconnaître ce que je vis et vois au quotidien. Et ceci renforcerait d’autant plus ma conviction négative que quelque chose se trame. Ce n’est pas en transformant ma perception de la chose que ça disparaitra non plus. Mais peut-être que si on étudie la question sérieusement et qu’on me dit « voilà, ce sont les faits par a+b» peut-être que je me rendrai compte que j’avais tord dès le début?
Car on oublie une chose essentielle. L’être humain est une espèce tribale, et donc communautaire. Et quand deux tribus vivent à côté l’une de l’autre, tout peut très bien se passer comme tout peut très mal se passer, plus les tribus se ressentent différentes l’une de l’autre plus le risque est grand que tout se passe plus mal que bien. Et plus une tribu ressent de l’injustice et un traitement inégalitaire dans un contexte de ressources tendues, plus on se rapproche du moins bien.
Or il apparaît que l’immigration nous apporte des communautés très différentes, aux mœurs différentes. Il y a indéniablement un changement culturel dans un pays où très longtemps de nombreuses générations n’ont pas eu a composer avec ces communautés qui leur sont différentes. Il est évident que les populations autochtones et les individus qui se rapprochent culturellement de leur moeurs se sentent au mieux méfiantes.
Je sais que le sujet est divisif. On pourrait unir les gens autour de thèmes universalistes. J’aimerais. Ce serait sans doute facile avec un petit nombre, mais comment unir des communautés réfractaires unies et imperméables par le nombre?
Ou peut-être ne le sont-elles pas? Ou peut-être qu’il n’y en a pas? D’ailleurs si elles sont nombreuses, a quel point verrais-je mon paysage continuer de changer?
Je n’en sais rien, je n’ai aucun chiffre pour me faire une idée.
Alors oui, il faut crever l’abcès."
Source :
https://www.facebook.com/noell(...)ef=nf