J'ai entendu un éditocrate, dans un média supposé "normal" (avec des journalistes, qui ont fait des écoles, qui ont une culture politique, etc..), dire que le programme NFP c'était en réalité le programme de LFI et que LFI était pire que 81.
Alors premièrement, je pense que pour déclarer LFI extrême-gauche, il était nécessaire de dire que "LFI c'est pire que 1981". Ou alors, le pauvre analyste un peu bête, il faut bien l'admettre, aurait dû aussi expliquer que Mitterrand, c'était l'extrême-gauche: la France a visiblement perdu beaucoup de culture politique, mais pas au point d'oser être révisionniste à ce point.
Deuxièmement, dire que "LFI c'est pire que 1981", il faut franchement n'avoir aucune peur du ridicule. Le socialisme de 1981 défendait encore la lutte de classe et proposait de nationaliser. C'était une gauche socialiste, au sens marxiste. Elle n'était pas extrême, car elle n'était pas révolutionnaire, cherchait à réformer les institutions, pas à les détruire. Par contre, elle estimait que l'Etat devait être aussi propriétaire de moyens de production des domaines "sensibles", à côté du Capital. LFI ne pense et ne propose rien de tout ça.
LFI est un parti social-démocrate, qui non seulement ne veut pas révolutionner les institutions (1ère rupture), mais aussi ne veut pas révolutionner le rôle de l'Etat dans le système économique (2e rupture). C'est un socialisme qui a fait le deuil de la lutte des classes et de la transformation de la structure économique. La rupture (3e rupture), la révolution si vous préférez, se situe dans la théorie qui dicte le rôle économique de l'Etat: elle veut revenir à un keynesianisme, c'est-à-dire donner à l'Etat un rôle plus important comme acteur de redistribution (ce qu'il est déjà) avec l'idée qu'une hausse du pouvoir d'achat des individus permet de relancer l'économie. On est dans une théorie qui non seulement ne touche rien au capitalisme (1ère rupture), ne propose pas d'intervenir comme acteur capitaliste (2e rupture), mais cherche juste à inverser la tendance schumpeterienne actuelle (le social-libéralisme). En effet, l'idéologie économique d'extrême-centre est un ultra-libéralisme, c'est-à-dire un darwinisme économique (on aide le plus fort, qui est aussi le plus efficace économiquement, à vaincre) suppléé par une solidarité humaniste de base (on évite que les plus faibles littéralement ne meurent).
On peut penser ce qu'on veut de ces courants politiques, mais dire que le NFP est une extrême-gauche décrit mieux l'inculture politique de la personne qui ose pareille affirmation, que le NFP. Car, le NFP, n'est dans son programme factuellement pas à l'extrême-gauche, puisqu'il existe des programmes politiques radicalement plus à gauche: le mitterrandisme de 1981, qui proposait de nationaliser certaines entreprises, et encore à gauche du mitterrandisme, le communisme révolutionnaire, qui proposait de nationaliser l'économie globale.
Vous battez pas, je vous aime tous