Super... A part ça?
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mercredi 23 novembre 2005, 16h39
Taxe sur les billets d'avion: la profession fait front
PARIS (AP) - Le projet de taxe sur les billets d'avion, présenté mercredi en conseil des ministres à l'initiative du président Jacques Chirac, fait l'unanimité contre lui au sein de la profession du transport aérien, qui y voit une initiative "injuste", susceptible en outre de faire disparaître plusieurs milliers d'emplois.
Parmi les premiers à avoir exprimé son scepticisme, le PDG d'Air France Jean-Cyril Spinetta a répété mercredi son opposition à cette taxe de solidarité internationale. "Taxer une activité économique particulière qu'est le transport aérien, je pense que ce n'est pas la bonne approche", a-t-il dit devant la presse, regrettant de n'avoir "pas su convaincre par rapport à cette réticence".
Plus virulent, le directeur général de la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM), Jean-Pierre Le Goff, avertit que cette mesure d'aide au développement, qui ne devrait rapporter au final environ 200 millions d'euros par an, aura en revanche "un impact très lourd sur le transport aérien".
Le prix du billet ayant une importance fondamentale dans le choix du consommateur, cette nouvelle taxe, applicable au 1er juillet 2006, pourrait tout simplement faire fuir une clientèle internationale vers des pays ne l'appliquant pas. Quant aux voyageurs nationaux, ils risquent fort de se rabattre sur le TGV, déjà concurrent direct de l'avion.
"Si cette taxe est mise en oeuvre, elle pourrait faire perdre entre 600.000 et un million de passagers au départ de la France", précise M. Le Goff, avançant l'estimation haute de "3.000 à 4.000 emplois en moins" en cas de désaffection de la clientèle.
Particulièrement préoccupées par cette taxe non proportionnelle au prix du billet, les compagnies à bas coût mettent en avant les risques que fait courir cette mesure pour l'ensemble d'un secteur déjà mal en point. Et d'ajouter qu'à travers elles, ce sont les passagers qui vont "trinquer".
"Une fois de plus, on va charger le passager, les bas revenus et les familles puisque ce sont eux qui voyagent avec le plus grand nombre de difficultés, qui essaient de trouver les billets les moins chers possible", fait valoir Stéphane Fargette, responsable des relations publiques chez Easy Jet.
Même sentiment chez les voyagistes, qui rappellent que cette mesure de solidarité revient à augmenter encore le prix du voyage aérien, sur lequel pèsent déjà un grand nombre de taxes (Aviation civile, sécurité, environnement, kérosène). Avec de surcroît un problème évident d'application.
"Nous devions déjà gérer les taxes d'aéroport, les points de départ et d'arrivée, le choix des compagnies et les trajets directs ou via. Cette nouvelle taxe vient ajouter un cinquième critère, celui de la classe, plus discriminant que les autres", expliquait-on mercredi à la direction transport de Jet Tours, filiale à 100% du leader Club Méditerranée.
"Si l'on doit tenir compte des toutes les combinaisons possibles, nos brochures vont ressembler à des bulletins téléphoniques...", déclarait-on à l'Associated Press.
Le montant de ce nouvel impôt est en effet variable: de 1 euro pour un aller simple en classe économique (10 euros en classe affaires ou première) sur un vol intra-communautaire, il passe à 4 euros (40 euros en classe affaires ou première) sur les vols long-courriers.
Porte-parole des usagers, l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) "regrette le choix qui est fait d'imposer un effort de solidarité particulier à certains consommateurs parce qu'ils choisissent de prendre l'avion". Selon elle, "l'aide au développement est une nécessité nationale et internationale; elle doit être supportée et soutenue par l'ensemble de la collectivité."
Reste qu'au-delà des professionnels du secteur aérien, le principe de cette taxe est loin d'avoir convaincu la communauté internationale. Outre la France, deux pays seulement, le Chili et le Royaume-Uni, se sont engagés à l'appliquer dès 2006. Et encore, Londres compte-t-il transformer l'un de ses prélèvements existants sur le transport aérien en taxe de solidarité.
Totalement hostile à cette "très mauvaise idée", qui relève selon lui de la "politique de l'illusion", l'ancien président d'Air France Christian Blanc, aujourd'hui député apparenté UDF, n'hésite pas à affirmer qu'en raison de l'isolement de la France, cette taxe "ne sera pas appliquée". AP