Bon, j’ai craqué. Ça faisait une semaine que l’ampli était dans mon panier, l’idée de se délester d’une rondelette somme pour un ampli numérique était difficile à accepter.
Pour contextualiser un peu, j’ai eu pas mal d’amplis, tous à lampes, des petits aux gros, des cheaps au plus costauds, et bien qu’ayant toujours eu en référence le son Fender, aucun n’est passé par chez moi. Jamais le bon compromis, toujours refroidit pas la puissance inexploitable en appartement, l’absence de Master efficace sur la plupart de la gamme, certaines références qui auraient pu faire l’affaire mais loin du son Fender recherché, et autres soucis de fiabilités/bruits.
Je ressors d’une relation que je croyais la bonne, après avoir associé un Vox AC15 (pas très cohérent le bonhomme me direz-vous) et un Two Notes Captor. C’était pas très onéreux, et ça faisait le job. Le simulateur de charge pour jouer chez soi en attaquant le préampli, et la possibilité de faire chanter un HP en groupe dans les lieux adaptés. Sauf que quand on aime les Blackface, un AC15 c’est cruel, et que le Two Notes finalement, ce n’est pas mieux qu’un bon plug-in. J’étais prêt à tout revendre, accusant guitare et effets.
Puis vins l’annonce des ToneMaster, ça ressemble à une blague au début (surtout quand on suit l’actualité de Fender qui pourrait vendre n’importe quoi à n’importe quel prix). Bon, les démos sont bonnes, très bonnes, les retours sont bons, quelques-uns de mes leaders d’opinions sur Youtube, notamment Eric Haugen, en font l’éloge, mettant sont Silvertone de côté pour faire ses nouvelles vidéos dessus. On regarde de plus près les specs : un atténuateur de puissance, parfait pour avoir le fameux « sweet spot » en toute circonstance ; le poids, plus de mauvaises excuses pour trimballer son ampli partout (il est vraiment léger) ; un sortie DI, génial, je supprime mes pluggins qui font sonner une Tele comme une Les Paul, ou l’inverse, et je pourrais continuer à m’enregistrer avec le même son.
Et dans la pratique alors ? Comblé !
Concernant le son, il est voicé comme un Fender Deluxe Reverb, bonne nouvelle c’est pour ça qu’on l’achète, avec peut être un côté un peu plus « bassy » (mais pas boueux) que certains ont signalé. J’aurais tendances à dire que c’est à son avantage, car on perd le côté aigrelet des DR RI. Ça explique, je pense, pourquoi les démos A/B vont dans le sens des Tonemaster aux oreilles du plus grand nombre.
J’avais compris que c’était un ampli avec beaucoup de dynamique, c’est le cas, assez bluffant pour un ampli numérique, je pense qu’on est dans le registre d’un Kempler. On s’étonne à tourner autour du « sweet spot » que l’on cherche sur un ampli à lampe, le bon équilibre qui permet selon l’attaque de tordre l’étage de pré amplification tout en gardant un son clean quand on le souhaite (je suis volontairement explicite, car on attache pas toujours le même sens aux mots). Sur ces Tonemaster, le volume nous sert de gain, et l’atténuateur de Master. Sauf que sur un ampli à lampe, souvent, le master agit aussi sur l’étage d’amplification. En l’occurrence l’avantage avec ces TM c’est qu’on garde le même son, avec la même dynamique, chez soi à faible volume, ou plus fort en live.
Je pense aussi que la qualité de cet ampli repose sur son haut-parleur, qui reste très agréable même à bas volume. Je trouve que c’est quelque chose qu’on trouve difficilement aujourd’hui. Des gros bouzins type Lonestar chez Mesa, par exemple, et pour rester dans clean amps, sonnent magnifiquement quand on les pousse un peu, mais malgré les différentes atténuations, je les trouve bien fades à volume de chambre, ils ne sont pas faits pour ça. Et je vous parle d’un vrai volume de chambre (disons l’ampleur d’une voix humaine). Le cabinet participe aussi à cela, il n’est pas que léger, il est résonnant et musicale.
Petit point sur les pédales, un nouvel ampli implique souvent de repenser les choses. Je pense que ce sera le cas. La Soul Food (Klone) que j’utilisais pour booster le signal du Vox et corriger la perte d’aigue s’avère de trop ici, elle fait perdre la brillance de l’ampli. C’est plutôt bon signe. En revanche ma Gray Channel (EQD), une overdrive/fuzz très transparente, qui n’est pas facile à caser partout, s’en sort à merveille. Aucun effet nid d’abeille, c’est toujours autant dynamique. Et étonnamment, comme un bon ampli lampe, le Tonemaster appelle de bons effets. Mon gros Triple Delay de chez TC me fait sentir son manque de chaleur.
Concernant les effets internes, Vibrato et Reverb, c’est très musical. Je soupçonne en revanche que la course soit mal étalonnée, la Reverb arrive très rapidement (à 4 c’est envahissant, et pourtant j’aime ça), de même pour la vitesse du Vibrato. J’imagine que ça pourra être réglé dans une mise-à-jour prochaine du firmware.
Pour résumer, c’est un ampli à la fois pratique car léger, réellement jouable chez soi, adapter à une utilisation home-studio avec sa DI, et surtout sans compromis sur le son.
Pour nourrir encore un peu l’éternel débat, je pense après ces expériences qu’il faut aujourd’hui plus se méfier des mauvais amplis à lampes qui pullulent un peu partout plutôt que de ce genre d’initiatives que représente le Tonemaster. Oui, ça fait mal à l’âme de voir un DR complètement évidé à l’arrière mais à quoi bon s’emmerder avec des lampes qui s’usent, des bias à faire régler, des buzz, et le poids d’un âne mort sur le dos.
Je serais d’ailleurs curieux de voir la chose sur d’autres standards d’amplis, chez Vox, Marshall, Orange, et consorts.
Désolé pour le pavé, n’ayant pas encore eu beaucoup de retour, peut être que cet avis pourra s’avérer utile. Plus qu’à essayer en répétition, pour sûr la réserve de volume est très importante, mais reste à savoir s’il restera tout aussi agréable au milieu d’une batterie et consorts.