ben53 a écrit :
Ça fait du bien de lire tout ça. Me rappelle une époque pas si lointaine sur ce forum où il suffisait de brailler "çA n'A RiEn à VoIR!", quand on cherchait à savoir s'il y a avait une différence de son entre une touche palissandre et une touche ébène, pour passer pour un super crack.
Je pense qu'il y a de ça, beaucoup, dans les postures sur les bois.
RFM a écrit :
L'exemple le plus significatif étant cette idée que pour savoir ce que vaut réellement un instrument, il faudrait dans l'idéal éliminer... le musicien.
Citation:
En fait, idéalement, il faudrait éliminer le facteur humain
A supposer que le discours de la science a pour principe d'expurger le sujet, et d'opérer à réduire le sens... = l'élément subjectif au principe de la création scientifique, artistique ou technique, ne l'intéresse pas.
Et considérant qu'un "son" au sens scientifique n'a rien à voir avec l'expérience qu'un sujet peut en avoir (affaire, certains l'ont déjà écrit, de culture, de souvenirs, de croyances, de sensibilité = également, de structuration cérébrale)...
Qu'on conçoive que tout ça est "dans la tête" - malgré le réductionnisme que la formule trahit possiblement - me paraît personnellement peu discutable.
Mais en quoi est-ce négligeable lorsqu'on parle de... musique? Ou de la conception d'un instrument? En quoi est-ce moins "réel"?
C'est vraiment le premier sens de mon propos: cette propension à éliminer le musicien pour négliger son activité de production du son. A quoi cela sert-il de mesurer l'effet du corps de la guitare, si celui-ci est toujours inséré dans dix millions de choses (dont la culture musicale, les doigts, la forme et la couleur de la guitare) qui interfèrent avec le résultat final?
Mais on dira, qu'en est-il du luthier, qui veut aller dans telle ou telle direction? comment choisit-il le bois?
Alors mon propos est adossé à un deuxième argument, de façon un peu confuse, mais qui est aussi fondamental: c'est la perception qui
crée le son. Il n'existe pas de son "dans l'absolu". Notre perception sélectionne des éléments du réel, parmis des millons d'éléments, pour en faire des critères. Ces critères sont culturels: on a appris à aimer la façon dont une guitare électrique sonne petit à petit, par touches.
Donc, pour faire vite, et aller droit au but, le luthier doit s'appuyer sur l'empirie et la culture pour fabriquer des guitares dans l'espace de variations (des bois) autour de ce qui se fait "traditionnellement". En d'autres termes, et par exemple, il reproduit une stratocaster, avec les bois et les formes "traditionnelles" des stratocasters, puis il ajoute une variation (il prend du noyer par exemple et fait un corps triangulaire) et il regarde comment les musiciens s'en emparent et ajoutent cette variation au monde culturel de la guitare (en termes de : "le noyer en forme triangulaire, ça sonne comme ça"). C'est comme ça que cela a fonctionné. Cela explique pourquoi il existe des inerties de formes, le fameux "conservatisme" des musiciens.
Slash-36 a écrit :
manulonch a écrit :
On se croirait sur Backstage putain !!!
Le reste du forum n'est qu'une succursale de Backstage !
Vous battez pas, je vous aime tous