Aller je m'y colle pour...
LE MIXAGE
Je précise qu'il s'agit d'une approche globale et destinée aux débutants, dans l'absolu on pourrait faire 50 pages rien que sur l'equalizer ou la compression, ce n'est pas le but ici.
Autre précision importante: Je ne suis pas ingénieur du son, juste un passionné autodidacte qui enregistre dans son home studio depuis quelques années maintenant. Je vous livre donc ces informations selon ma compréhension du mixage, des DAW et de la production musicale au sens large, mais si certains points ne sont pas clairs ou que je dis des bêtises, n'hésitez surtout pas à me le signaler.
Déjà pour les néophytes: qu'est-ce que le mixage?
C'est tout simplement l'étape qui suit celle où vous avez en principe fini toutes* vos prises de sons: on va maintenant les mélanger au mieux afin de faire quelque chose qui soit le plus agréable possible à l'oreille, et qui corresponde à votre "vision" du morceau.
*: de nos jours tout se fait sur DAW ou presque, il n'est donc pas rare de refaire des prises pendant l'étape du mixage voir au delà.
Déjà, il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une étape qui est à la fois technique et créative: la "patte" sonore d'un producteur se ressent surtout à cette étape (même s'il intervient lors de l'enregistrement et / où sur le coaching du groupe pendant qu'ils font leurs prises bien entendu).
Bref, le mixage c'est ce qui va faire amener votre morceau vers sa forme finale.
Concrètement vous allez agir:
- Sur le niveau de vos pistes
- Leur positionnement dans l'espace
- L'aspect sonore ou timbre de vos pistes (via des effets, distorsions, equalizers etc)
- La dynamique de vos pistes et plus globalement de votre morceau
L'important est de se rappeler qu'il n'y a pas de méthode absolue, chaque producteur a ses méthodes et ses trucs et astuces, l'important est que ça sonne. Déjà dit dans ce topic mais c'est important de le redire:
FAITES CONFIANCE A VOS OREILLES.
Pour cela, voici un petit résumé des outils à votre disposition:
Etant donné que nous travaillons sur DAW, la plupart des composants (Eq, Compresseurs, effets, etc) prendront ici la forme de plugins intégrés à votre DAW utilisés en insert.
La spatialisation et le niveau
Vous avez vos pistes, votre belle table de mixage (virtuelle, on est tous sur DAW ici), vous pouvez commencer à mixer.
Premier point: vous allez pouvoir agir sur la
spatialisation (ou "panning") de vos pistes afin d'élargir votre mix:
Vous allez par exemple placer une guitare complètement à droite, le chanteur à gauche, la caisse claire et le kick au centre, que sait-je. Ce placement n'a pas vraiment de règle même si certaines pratiques vont être plus ou moins marquées (la guitare à droite et la batterie à gauche, ça sonne très sixties
)
Vous allez également pouvoir agir sur le
niveau de vos pistes grâce aux
faders, et ainsi doser le volume des instruments et voix les uns par rapport aux autres.
- Attention, selon les DAW la spatialisation ne s'effectue pas forcément de la meme facon, en particulier sur les pistes stéréos.
- Si vous montez trop un fader, c'est peut-etre que le niveau de votre piste est trop bas à l'enregistrement...
L'équalisation
Sans aucun doute l'outil le plus utilisé sur l'étape de mixage. C'est en effet l'équalisation qui va vous permettre de travailler le rendu piste par piste: quoi de mieux pour un kick que de booster le "pic" de fréquence grave afin d'avoir un kick imposant? Trouver le sweet spot de votre enregistrement de guitare passe également par la. Magnifier la voix de votre chanteur qui a des graves trop prononcés, ou encore faire en sorte que le kick de la batterie ne marche pas sur les plates bandes de votre basse. Il permet donc de
booster certaines fréquences plus agréables à l'oreille, de
séparer deux pistes qui pourraient trop facilement se confondre, voir carrément
enlever les fréquences qui peuvent vous gener.
Plus simplement: il va vous permettre de
sculpter le son de chacune de vos pistes
Dans l'absolu il n'y a pas vraiment de regle sur l'équalisation, meme s'il faut faire attention à certains points:
- Si vous ressentez le besoin de faire une équalisation trop violente (par exemple booster de 10db les mediums sur une prise guitare), posez vous la question: est-ce que ma prise est bonne? Bien que ce ne soit pas une généralité, il arrive parfois qu'une équalisation trop extreme soit un recours à une mauvaise prise... Et dans ce cas, mieux vaut refaire la prise.
- Ne pas oublier que si vous boostez certaines fréquences, votre signal va sonner plus fort, attention donc à votre
structure de gain (on en reparlera sur mon futur post sur la DbWar). Pensez que dans l'idéal, votre equalizer ne doit pas agir comme un boost: si vous boostez certaines fréquences, pensez à en enlever d'autres.
- Chaque instrument a ses particularités: la voix a une plage de fréquence bien spécifique (de mémoire, de 80 à 1400Hz aux extrêmes), la basse également, bref, adapter son équalisation en fonction de ces données est primordial.
Il existe de nombreux types d'equalizers: paramétriques, graphiques, dynamiques... Je ne vais pas rentrer dans le détail ici, un poste dédié viendra plus tard.
La compression
Le compresseur, qu'est-ce que c'est?
Nombreux sont ceux qui l'utilisent mais n'ont qu'une idée très vague de ce que peut bien faire ce joujou. Pour bien comprendre son principe, il faut remonter aux origines de l'invention, aux débuts de la radio dans les années 20-30.
Pendant les émissions en effet, il y avait d'importances différences de volume (imaginez par exemple une émission qui diffuse un orchestre symphonique: entre le solo de flute et le moment où tous les instruments jouent, il peut y avoir des différences énormes!)
Du coup, afin que l'on puisse toujours entendre le son correctement, un technicien montait ou descendait le volume selon l'intensité du concert. On s'est vite aperçu qu'un circuit serait capable de faire la même chose de manière plus efficace. C'est comme ça qu'est né le compresseur: il va donc
booster le signal quand il sera trop bas et le
réduire quand il sera trop haut. On retrouve en général ces différents paramètres sur les compresseurs (liste non exhaustive)
Threshold: Le palier (ou "niveau") avant lequel le compresseur va se "déclencher"
Attack: vitesse de "déclenchement"
Release: durée avant que le compresseur ne cesse de fonctionner quand le signal repasse en dessous du palier
Ratio: la quantité de compression appliquée.
Gain: permet de booster le signal étant donné que le compresseur va par défaut faire perdre du volume.
Il existe plusieurs types de compresseurs: VCA, Optique, FET ... Chacun a sa couleur sonore et va etre meilleur dans un domaine que dans un autre. J'y reviendrais plus tard également.
Quelques astuces:
- Il peut être parfois difficile pour des oreilles non entrainées de correctement entendre l'effet d'un compresseur sur la piste. Souvent, on met le compresseur, ca sonne plus fort et on se dit "waouh trop bien", du coup on en met aussi sur une autre piste et ainsi de suite... Le lendemain on réécoute son mix et on s'aperçoit que c'est de la bouillie.
Pensez donc à comparer vos pistes à
volume équivalent avec et sans compression.
- De la meme manière, quand vous utilisez un compresseur, essayez de garder à l'esprit son but initial, ne l'utilisez pas comme un boost. Visualisez cet opérateur radio dans les années 20 avec son bouton de volume qui cherchait à anticiper les moments où le volume serait plus ou moins fort et garder à l'esprit que le but initial du compresseur est celui ci.
- Il existe plusieurs manières d'utiliser un compresseur, en insert sur une piste, à l'étape de mastering, on peut faire de la
compression parallèle, j'y reviendrais plus tard sur un poste spécifique. Si vous n'avez pas la patience d'attendre, google est votre ami.
Les effets (Reverb, delay, flanger, distorsion...)
Bien connus des guitaristes, ils sont abondamment utilisés sur bien d'autres types d'instruments (et bien entendu sur les voix!)
C'est sans doute par cela que vous serez le plus créatif :
- Si une voix noyée dans la reverb vous plait, pourquoi ne pas tenter?
- Et une distorsion, ça sonne comment sur une caisse claire?
- Un delay ping pong ca rend bien sur de la flute?
Bref, les possibilités sont infinies. Pensez juste à ne pas en abuser et surtout à adapter leurs usages aux styles que vous mixez:
- une distorsion sur la voix d'une chanteuse type Céline Dion, pas sur que ça passe bien.
- Au contraire sur la voix du chanteur de Deerhunter, l'effet a son charme (et il est au passage parfaitement dosé)
Bref, adaptez les effets à leur contexte, et n'oubliez pas que cela influence grandement le rendu final (que serait Kashmir sans le flanger sur la batterie?
)
Maintenant il existe plusieurs manières d'appliquer ces effets :
- Vous pouvez les mettre en insert sur votre piste
- Ou bien vous pouvez les appliquer via un bus ... D'ou la suite sur:
Les bus et auxilliaires
Dans n'importe quel DAW, vous avez la possibilité de regrouper plusieurs pistes vers des sous ensembles nommés
"Auxiliaires", principe hérité des pas si lointaines tables de mixage analogiques.
Pour faire simple, un auxiliaire est une piste qui en regroupe plusieurs. On peut par exemple regrouper toutes les pistes guitares sur l'auxiliaire 1, toutes les pistes batteries sur l'auxiliaire 2, etc.
Cela permet de pouvoir se concentrer sur le mixage de certains groupes de piste uniquement, de pouvoir agir sur leurs volumes et leur appliquer des effets sans avoir à multiplier la charge CPU => vous pouvez ainsi appliquer un seul delay sur 10 pistes de guitares plutot que d'appliquer 10 fois le meme delay sur 10 pistes de guitare.
La structure de gain
NDR: Ne connaissant que les DAW, je n'aborderais pas la structure sur les tables analogiques, qui fonctionnent de manière bien différentes sur ce sujet précis.
Qu'est ce que la structure de gain? Pour bien comprendre sans rentrer trop dans la technique, vous devez savoir que la plupart des DAW travaillent en 32 bits à virgule flottante. Pour les non-informaticiens, cela permet en gros à votre DAW de pouvoir reproduire une plage dynamique de presque 1500 dB (quasi infinie donc), contrairement à du 16 bits (96 dB) ou du 24 bits (144dB).
En clair, cela veut dire que dans l'absolu, mis à part sur le master, votre signal ne peut jamais clipper, peu importe combien vous le booster.
Pourquoi est-ce problématique?
Parce que beaucoup d'éléments hardware mais également de plugins sont fait pour fonctionner avec des niveaux cohérents en entrée (c'est à dire des niveaux qui ne clippent pas, et si possible qui ont un peu de headroom) !
- On va donc faire attention à toujours laisser -3 à -6dB de headroom sur vos "peaks" de manière à ce que vos plugins fonctionnent de la meilleure manière possible. Faites également en sorte de ne jamais être en dessous d'un max à -12dB, afin de ne pas avoir à trop booster votre signal par la suite (car vous boosterez également le bruit qui va avec!).
- Faites attention à ce que vos plugins ont en entrée: Vous envoyez un signal qui peak à -6dB dans un compresseur, mais à quel niveau ressort-il avant d'aller dans votre prochain plugin? Il peut etre intéressant de mettre un outil de metering afin de voir le niveau réel que va prendre votre plugin en entrée. Certains éléments sont particulierement sensibles à ce problème car pas prévus du tout pour fonctionner au dessus de 0dB et peuvent donc apporter bruits, saturations, ou une sensation de fouilli dans le traitement. (C'est entre autre pour cela que certains plugins ou racks proposent un bouton de gain en entrée, de manière à réduire le signal qui a deja pu etre boosté auparavant par un autre élément de la chaine)
- Pensez également au fait qu'une bonne structure de gain permettra de garder du headroom pour votre master afin que l'ingénieur de mastering ai suffisamment de plage dynamique pour travailler ! Dans l'idéal votre master doit avoir des peaks entre -3 et -6dB.
Globalement, prenez soin de ne pas faire clipper vos pistes et gardez à l'esprit qu'il faut du headroom. L'inverse est également mauvais (signal trop bas puis boosté), mais par experience je sais qu'on a souvent tendance à avoir un signal trop élevé.
Quelques techniques de mix
Liste non exhaustive et trèèèès rapidement abordées de trucs et astuces pour avoir un "gros son" (chercher sur google pour plus de détails):
-
Le "HAAS effect": Enregistrez deux fois la même piste guitare par exemple, puis "pannez" la premiere completement à droite et la deuxieme completement à gauche; vos guitares prendront une ampleur impressionnante. Attention à ne pas le mettre à toutes les sauces, cela peut vite sonner bordélique.
-
l'ADT (automatic double track): un peu hérité du HAAS effect, s'utilise souvent sur les voix. Plutôt que d'enregistrer plusieurs voix, on va doubler les pistes (ou bien les envoyer sur auxiliaires), leur donner un léger retard, les panner et leur appliquer un pitch très léger. Cela va donner l'impression d'élargir la voix et agir sur son grain.
-
La compression parallele: on va généralement mélanger une piste "dry" avec cette même piste (le plus souvent via un auxiliaire) une forte compression, ce qui rend l'effet du compresseur moins "violent" pour l'oreille.
-
le "Ducking": en utilisant certaines fonctionnalités du DAW (comme le side chaining) on peut associer un compresseur (ou d'autres effets d'ailleurs!) à une piste.
Pour donner un exemple concret: je met un compresseur sur mes pistes de guitare, et je le "duck" sur le kick de ma batterie. A chaque kick, le compresseur va... compresser mes guitares, et donc "écraser" leur volume, faisant ressortir le son de la batterie, donner un effet de "pumping". On peut également utiliser le ducking pour déclencher certains effets à partir d'un certain volume (ou silences!), bref plein d'applications. Pensez à farfouiller les fonctions de side chain de votre DAW préféré.
Il existe bien sur plein d'autres techniques, peut-etre que vous meme en inventerez de nouvelles demain
C'est tout pour aujourd'hui, mais je reviendrais sur certains points plus détaillés à l'avenir.
Encore une fois, si vous avez des commentaires, suggestions, ou que j'ai dit des bêtises par endroit (si si, ça m'arrive) n'hésitez surtout pas.