Pour compléter ce qui a été dit sur cette pédale, voici quelques impressions après quelques tests (puisque c’est moi qui ai hérité de la Cruiser d’Easyroom) :
Je me suis entouré de deux autres OD pour avoir quelques points de repères (une J-Rockett Archer et une Sick As Overdrive V1).
La section boost de la Cruiser (un volume et un gain), résume à elle seule la philosophie de la pédale. Avec un gain faible (entre 6h00 et 12h00), on a un clean boost / dirt boost, qui grossit le son de l’ampli, notamment dans le bas medium, on a une sensation d’augmentation des basses assez nette. Le reste du spectre reste assez neutre. Il n’y a pas de rajout de brillance dans le haut du spectre, ni de bosse dans le medium (contrairement à l’Archer). Le son est « fat », mais pas ciselé comme avec l’Archer. Le grain est plein, riche en fréquences. On est très clairement dans un esprit Tweed, avec du corps « à tous les étages », mais sans excès de brillance.
Quand on augmente le gain, c’est encore totalement "tweedesque", et on atteint un degré de réalisme assez saisissant (et je parle en connaissance de cause). Ça commence à cruncher « gras », les basses sont bien présentes et un poil "farty" (comme il se doit !), ça compresse un peu, le son est épais. Quand on met le gain à fond, avec des doubles, ça devient violent, le son devient fuzzy exactement comme sur un tweed à fond, le son est vivant et ultra réaliste avec une richesse harmonique digne d’un ampli. On est très proche d’un son à la Billy Gibbons, période Rhythmeen, entre le fuzz et l’OD, avec une sensation de densité harmonique très importante, tout en conservant de l’intelligibilité et de la dynamique, comme sur un véritable ampli (en baissant le volume de la guitare, il y a de nombreuses nuances à obtenir).
La section drive (le second étage de gain), permet d’augmenter encore le gain, c’est utile si on souhaite juste avoir un simple boost sur le premier étage de gain (on a donc sous le pied un boost et un drive plus soutenu, jusqu’au fuzz si nécessaire). Le second étage de gain est plus agressif dans les aigus, on peut obtenir des effets disto/fuzzy assez crasseux, plus secs, vraiment vintage dans l’esprit, comme un vieil ampli des 50’s qui cracherait ses dernières tripes (surtout si le gain du premier étage est déjà élevé). La selection du clipping via le toogle switch amène plus ou moins de compression (et plus ou moins de gain aussi).
Cette pédale laisse très loin derrière elle toutes les autres tentatives de reproduction de « tweed in a box ». On est dans une autre catégorie, en termes de dynamique et de réalisme.
Les fameuses pédales « amplike », sont extrêmement rares (contrairement à tout ce que les constructeurs essayent de nous faire croire), et je pense que cette Cruiser en fait partie. J’attends de faire un test live pour confirmer mon impression, mais je pense que ce sera concluant.
Le territoire de cette pédale est assez restreint en terme de son, elle fait essentiellement du son d'inspiration tweed (du boost au fuzz), mais elle le fait très bien, sans équivalent sur le marché (à ma connaissance). Elle excelle pour faire du blues old school : du jump (énorme avec une Casino, et un gain poussé, on s’y croirait), du delta électrique (crasseux à souhait), du Texas blues avec une Strat ou une 335 etc. Elle est évidemment très convaincante pour des sons à la Stones, Black Crowes, Neil young et je la trouve géniale pour de l’early ZZ Top (avec un gain faible) ou pour reproduire la période « fuzzy » plus moderne.
Son talon d’Achille, c’est l’absence totale d’EQ qui oblige à calibrer l’EQ de l’ampli en fonction de la pédale. Le boost dans le bas medium nécessitera d’être vigilant sur le potentiomètre basse de vos amplis (notamment si vous alternez micro chevalet et manche sur des doubles bobinages), et à bas volume, les aigus de l’ampli devront être bien présents également (la pédale n’ajoutant aucune brillance). En même temps, ce parti pris amène une certaine simplicité dans la manière d’appréhender la pédale, un peu comme on le ferait avec certains types de tweeds à l’EQ minimaliste. Cela peut amener à manipuler plus volontiers les potentiomètres de sa guitare et d’expérimenter des trucs.
Bref, on a là une pédale assez singulière, avec un sacré caractère, une richesse harmonique peu commune et surtout une pédale qui fait plus penser à un ampli qu’à une pédale (encore une fois, c’est plutôt rare pour le signaler). Elle se détache aussi du lot par l’originalité de son grain, radicalement tweed (ou tout autre ampli des 50’s de ce type), sans concessions.
Je l’ai testé sur deux tweeds (un Super et un Vibrolux), mais je pense qu’elle peut être très intéressante sur un Blackface (notamment en mode boost pour contrebalancer la brillance et ajouter un peu de « fatness »). Je ne sais pas en revanche ce que donneraient des réglages plus fuzzy (à tester). Quand on possède déjà un tweed, la pédale permet d'ajouter un ou deux canaux à l'ampli (comme si on avait 3 amplis identiques, avec différents niveaux de volume et de crunch), et également de retrouver certaines sensations d'un Tweed poussé, mais à bas volume (sympa à la maison).
La Cruiser complète bien l’Archer (elles sont sur deux segments vraiment différents selon moi), et je dirais que la Sick As Overdrive V1 se situe à mi-chemin en mode boost (elle possède e le côté Fat de la Cruiser et la brillance de l’Archer, avec légèrement moins de corps dans le son).
Voilà pour aujourd’hui, mais je reviendrai certainement compléter cette description dans quelques semaines, avec un peu plus de recul (et notamment après l’avoir utilisé en live).
Du Blues, de la Soul, une touche de Jazz, un zeste de Rock, une pincée de Folk, un doigt de Country...