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Salut, suite à la demande générale (2 PM en fait), je vais rédiger un topic sur la réalisation d'un manche de guitare électrique. Je préviens, modestement (ce que je peux être modeste moi !), que cette méthode n'est ni la seule, ni forcément la meilleure. C'est simplement la mienne.
Le manche à réaliser est un manche en padouk, à la tête inclinée, plaquée ébène, avec une touche de 24,75 pouces de diapason en palissandre. Ce manche sera collé. Il comportera des incrustations en nacre et un cerclage autour de la tête et de la touche.
On commence donc avec du bois brut. Les différentes pièces font les dimensions suivantes :
- 80*12*2,5 cm pour le manche (dégauchi, d'équerre)
- 20*10*0,2 cm pour le placage (plat, pas exactement réctangulaire mais on s'en cogne)
- 50*8*0,6 pour la touche achetée préfendue (au niveau des frettes) sur le net
A partir du grand bout de bois, on doit tirer un manche, une tête et un talon, d'où sa taille excédant assez largement la longueur d'une touche.
1ère étape : réaliser un gabarit du manche, dans du médium 10mm. Le gabarit aura la forme précise et définitive DE LA TOUCHE.
En faire un autre séparé pour la tête, toujours dans du médium 10mm et enfin un dernier pour le talon du manche (extension non visible du manche qui s'enfonce dans le corps de la guitare pour augmenter la surface de collage).
2e étape : Tracer au crayon sur le bois les quelques traits importants. Une tête de guitare doit faire pas loin de 20cm de long sur une petite dizaine de large pour confortablement accueillir les mécaniques. Tracer donc un premier trait à 20cm du bout, bien perpendiculaire à l'axe du bois. Ensuite, il faut prévoir la place pour le sillet. Celui que j'utilise fait 5mm d'épaisseur. Tracer donc un second trait 5mm plus loin, toujours bien perpendiculaire. J'arrête mon manche au niveau de la 23e case, cette case se trouve à 462,1mm du sillet. Tracer un trait à cette distance.
3e étape : Pour réaliser une tête inclinée, on peut soit prendre un bout de bois épais et tailler dedans (peu économique) soit découper à -15° la pièce de bois sur sa tranche pour ensuite recoller le bout découpé à l'envers. Pour se faire, on met le bois sur la tranche, on trace un trait partant du trait avant le sillet et incliner de -15° par rapport au dessus du manche. Avec une scie et de la patience, découper selon ce trait, prendre même un peu de marge du côté tête pour ne pas empiêter sur le futur logement du sillet. Conserver la pièce découpée de 20cm vaguement trapézoidale.
4e étape : avec du scotch double-face, fixer le trapèze sur le manche en essayant de faire se prolonger les faces inclinées à 15°. Avec un rabot de bonne qualité, aplanir les faces et les aligner impécablement. La jonction et l'extrêmité doivent être perpendiculaire à l'axe du manche. Désépaissir ensuite le petit bloc au rabot pour atteindre l'épaisseur finale de la tête sans le placage. Avec des mécaniques Sperzel, je compte 13mm d'épaisseur. En rajoutant plus tard le placage, on arrivera à 15mm.
5e étape : creuser à la défonceuse la gouttière où vient se loger la tige de renfort double-action. Ces tiges ne nécessitent pas de gouttière arrondie ni de filet de couverture.
On détermine le milieu de la pièce de bois, on ajuste le guide parallèle pour que la mèche droite de 6mm y passe puis on creuse la gouttière en 2 passes minimum.
Pour la profondeur, considérez que les blocs filetés de la tige doivent affleurer. L'embout de réglage est du côté de la tête. Faites en sorte que le bloc fileté du côté de l'embout de réglage soit au niveau du commencement de la touche. Arrêter de creuser juste avant l'espace pour le sillet et reprenez au delà du futur emplacement de la touche, sur la partie inclinée, pour pouvoir loger l'extension de l'embout de réglage de la tige. Il faudra, plus tard, dégager encore un peu de bois pour permettre un accès facile avec une clé.
6e étape : Là, faut avoir de la cale et du serre-joint à gogo. Badigeonner de colle la partie inclinée du petit bout et la plaquer contre le dessous du manche, en faisant en sorte d'aligner les parties pour que la surface inclinée soit bien nette, sans marche. Imobiliser le tout et laisser sécher tout la nuit.
Le manche a donc pour l'instant une forme très sommaire : une poutre avec une extension à 15° à une de ses extrêmités.
Il s'agit maintenant d'y adjoindre une touche, de lui donner une forme de manche d'abord en largeur, puis dans l'épaisseur, de tailler une tête qui donnera de la personnalité à la guitare. Un binding et des incrustations de nacre permettent de faire passer le manche dans la catégorie luxe. Le frettage qui suivra est critique à la jouabilité de la guitare. La finition enfin pour que la forme ne dépareille pas avec le fond.
7e étape : On commence par le collage de la touche, rien de bien difficile, s'assurer seulement de ne pas la coller de traviole.
8e étape : Maintenant on va dégrossir le travail de découpe à la scie sauteuse. Placez le gabarit à sa position finale sur la touche et reproduire la forme au crayon. Retirez le gabarit et avec une scie sauteuse, découpez grossièrement selon le trait sans jamais couper à l'intérieur.
A ce stade, on peut faire pareil sur la tête. Montez des lames fines sur votre scie sinon vous aurez beaucoup de mal à tourner serré. Une bonne scie à chantourner peut aussi faire l'affaire pour ce travail.
9e étape : A cette étape, nous donnerons au manche sa forme définitive en largeur à la défonceuse. Collez fermement le gabarit sur la touche avec du scotch double-face. Montez la défonceuse sous table avec une fraise droite à roulement sur l'axe (roulement entre la défonceuse et la fraise donc) et retournez le manche afin que le gabarit soit au contact de la table de défonce. Réglez la hauteur de la fraise de façon à ce que le roulement s'appuye sur le gabarit. Sans essayer de manger trop de bois d'un coup, réduisez l'excédent de bois jusqu'à ce que le manche s'aligne avec le gabarit. Faites attention en fin de manche, le bois casse facilement. Faites aussi attention à la jonction avec la tête de ne pas déborder là où le gabarit s'arrête. A la rigueur, laisser un peu de bois qui sera plus tard retiré à la rape ou au papier abrasif (ou les 2).
10e étape : Répétez cette étape mais avec la tête cette fois-ci en collant toujours le gabarit sur le dessus de la tête et en travaillant dos du manche vers le plafond. La tête étant inclinée, vous aurez une petite surface sur laquelle vous appuyer, travaillez doucement en enlevant peu de bois à chaque passe. En général, la jonction manche-tête présente une épaisseur telle que la fraise n'est pas assez longue pour l'atteindre en 1 passe. Ce n'est pas grave, terminez d'abord tout le pourtour du manche avant de relever la mèche et d'appuyer le roulement sur les parties déjà lissées.
J'insiste : QUAND LA FRAISE PASSE SUR DES SURFACES PERPENDICULAIRES AUX FIBRES DU BOIS, LA CASSE EST POSSIBLE, TRAVAILLEZ EN TENANT LA PIECE FERMEMENT, AVEC DE BONNES FRAISES ET EN MANGEANT PEU DE BOIS.
Si vous n'avez pas de défonceuse ou pas les fraises nécessaires pour ce genre de travail, vous pouvez tout faire à la scie sauteuse en découpant près du trait et en terminant à la rape et à l'abrasif. On en reparle dans 8 mois quand vous aurez fini...
Théoriquement à ce stade, vous avez un manche qui a la bonne largeur, une tête à l'aspect proche de l'aspect final. Il reste à creuser la feuillure pour le binding, placer les inserts de nacre, arrondir la touche, la fretter et vernir.
11e étape : Pour la feuillure, encore une fois recours à la défonceuse sous table. Cette fois par contre, montez une fraise à copier avec le roulement en bas de fraise (donc vers le haut avec la défonceuse à l'envers sous table). Sur ma fraise de diamètre 12,7mm (demi-pouce), j'ai pu remplacer le roulement par un roulement de 10mm. Ce faisant, je suis en mesure de creuser des feuillures de (12,7-10)/2 = 1,35mm. Le binding fait 1,2mm environ. Creuser trop profond est une grosse connerie à éviter, je vais donc mettre quelques épaisseurs de scotch autour du roulement pour réduire la profondeur de la feuillure. Faites des essais sur des chutes jusqu'à ce que vous obteniez des feuillures de la taille du binding ou un peu moins profonde (le binding peut dépasser très légèrement). Pensez qu'il y aura aussi une petite épaisseur de colle dont il faut tenir compte.
Quand vous avez trouvé la bonne formule, réglez la défonceuse de façon à creuser des feuillures un peu moins hautes que le binding (suffisamment pour qu'il recouvre entièrement la touche toutefois, au pire, vous poncerez la touche pour la ramener à hauteur du binding). Quand la feuillure est finie sur tout le manche, il faut passer au collage.
12e étape : En guise de colle, j'utilise comme le recommande M. Koch des bouts de binding dissous dans l'acétone. Ce mélange fait une pate qui sèche très vite et qui adhère bien. Portez des gants pour cette étape et ayez de l'essuie tout à portée de main.
Prédécoupez un bout de binding à la bonne longueur pour la section que vous allez coller. Badigeonnez proprement la feuillure et appliquez le binding fermement. Un peu de colle va sûrement s'échapper par où elle peut, essuyez avant que ça ne sèche. Pour les sections droites, pas de problème mais les sections fortement courbées comme au niveau de la tête, le binding ne va pas plier facilement. Dans ce cas, avant de mettre la colle et d'appliquer le binding, munissez vous d'un pistolet à chaleur ou d'un sèche-cheveux. Appliquez le binding et chauffez le aux tournants serrés. En se ramollissant (sans le faire fondre bien sûr), vous pourrez l'appliquer et lui donner la forme de la section à couvrir. Une fois le binding "thermoformé", collez-le comme indiqué précédement.
Vous devez obtenir ceci : Avec le recul, je pense que la petite partie sans binding au niveau du sillet est une mauvaise idée, essayez plutôt de faire une jonction entre ces 2 parties.
(ne tenez pas compte de la nacre et des frettes, on va voir ça bientôt)
Incrustation des plaques de nacre :
Cette méthode n'est valable que pour les incrustations réctangulaires ou légèrement trapézoidales.
J'ai réussi à me trouver de la nacre brute en petites plaques. Pour 20€, j'ai eu largement assez de matériel pour faire tout un manche. Des kits de plaques de nacre prédécoupé façon Gibson sont commercialisés, j'ai même vu des trucs vraiment pas cher sur eBay. La nacre peut être remplacée par un bois ou par de la noix de Corrozo. La noix de Corrozo ressemble à un marron mais nettement plus dur. L'intérieur de la noix est uniformément de couleur ivoire. Vous la découpez en tranche de 1 à 2mm (une scie japonaise à dos est très bien pour ça) puis les tranches en rectangles de la bonne taille.
Peu importe la matière incrustée, vous devez commencer par définir les tailles des incrustations et préparer les morceaux avant. Ensuite, reportez au crayon les formes sur leur case définitive. Durant ce processus, évitez de prévoir des morceaux terminant trop près des fentes des frettes. La touche peut casser lors de son creusement.
Les techniques courantes pour creuser les emplacement où viennent se placer les incrustations consistent soit en l'utilisation d'un Dremel équipé d'une fraise appropriée et d'un socle de défonceuse ou des outils de sculpteur pour retirer le bois plus laborieusement. J'ai une méthode perso :
Au ciseau à bois, je creuse verticalement les 4 lignes délimitant l'incrustation. J'enfonce la lame d'un millimètre, pas plus, juste histoire de couper les fibres et faciliter la suite du travail.
Je place une cale rectiligne sur la touche superposée sur un des 4 côtés à creuser, en général celui qui est du côté du bas du manche. Ensuite, avec un ciseau à bois, j'attaque le bois en pelant la touche en direction de la cale. La cale bloque le mouvement du ciseau et empêche de déborder hors de la zone à creuser. Il n'y a qu'à répêter cette étape pour chaque côté. Faites en sorte d'avoir un fond assez plat et de creuser juste ce qu'il faut pour que l'incrustation affleure.
Quand tous les emplacement ont été creusés, remplissez le fond avec un mélange de colle à bois et de poussière de touche et collez les plaques de {nacre, Corrozo, bois}. Le mélange de colle-poussière va probablement ressortir par les côtés, essuyez l'excedent.
Je vous renvoie à la photo de l'étape 11 pour une illustration
Quand la colle a sêché, observez les bords des incrustations : il y a un espace entre cavité et nacre ! Aucun problème, reprenez de la poussière de touche, mélangez avec de la colle et bourrez ces espaces. Il est important pour ce travail que la poussière de touche soit fine et relativement pûre. S'il le faut, filtrez la à travers une passoire pour avoir une poudre fine et uniforme. Ne vous inquiêtez pas s'il y a des pâtés et des excédents, ils disparaitront à la prochaine étape.
Préparation de la touche :
Avec une cale arrondie au rayon de votre préférence (généralement 12 pouces), poncez la touche jusqu'à ce que l'ensemble du papier soit encrassé par la poussière. Au début du ponçage, seuls les côtés seront poncés, c'est logique. Au fur et à mesure de votre progression, le papier attaquera le bois et la nacre de plus en plus vers le centre. Au début, du papier 80 ou 120 fera l'affaire. Montez progressivment en grain pour finir vers 600 pour de l'ébène ou de l'érable, 240-360 pour du palissandre.
La nacre encrasse le papier au point de rayer le bois, nettoyez donc le papier très régulièrement. Certains papiers sont anti-encrassant, je ne sais pas si ça fonctionne mais ça peut valoir le coup.
TRES IMPORTANT : Assurez-vous de passer uniformément sur le manche, c'est-à-dire partout (on a tendance à oublier les extrêmités) et avec la même force (on relache son mouvement quand on est en pleine extension). Le résultat le plus courant d'un déséquilibre du ponçage est un creusement du manche vers le milieu ou entre les 3e et 7e cases (en fait ça dépend de comment est posé le manche par rapport à vous).
Pour vérifier la qualité de votre travail, munissez-vous d'une longue règle bien plate et posez la sur la touche. Vérifiez qu'elle ne bascule pas, qu'il n'y a pas de jour.
Même si la tension des cordes fera se tordre le manche, tâchez dès cette étape obtenir un travail de bonne facture, bien plat. Ce sera toujours ça de moins à compenser lors du réglage.
Frettage :
Portez des lunettes de protection pour cette étape quand vous utiliserez le Dremel, des éclats et des poussières de frette volent dans tous les sens et terminent souvent dans les yeux.
J'ai eu mes frettes sous la forme de fils d'1m de long. Il faut absolument courber ces fils à frette avant la pose. Pour cela, vous vous débrouillez. J'ai personnellement fabriqué un petit appareil très similaire à celui vendu par Stewart MacDonald. Si vous achetez vos frettes en magasin, vous pouvez faire faire ça par le magasin, il est ptet équipé.
Quand les fils à frettes sont courbés, avec un marqueur, placer un trait pour délimiter la taille de chaque frette à poser + quelques mm, sachant que les frettes s'allongent quand on descend le long du manche. Découpez selon les marques avec une bonne pince ou mieux : un Dremel avec un disque de coupe.
Pour que les frettes soient prêtes à être posées, il faut se rappeler que le binding ferme les fentes à frettes. On doit donc retirer la partie verticale des frettes sur ses bords. Je fais ça encore une fois avec un Dremel et le disque de coupe. Soyez précautionneux, il est facile sur de si petites pièces de déraper.
Avec une lime triangulaire, attaquez le haut des fentes pour évitez que le bois casse si vous êtes amenés à défretter un jour. La touche est maintenant prête à recevoir les frettes. Posez la frette sur sa fente puis tapez dessus avec un marteau de caoutchouc. Si ça ne suffit pas, utilisez une cale en bois ou mieux : une cale de bois recouverte presque partout d'une matière ammortissante (pas de matière ammortissante là où se fait le contact avec la frette à poser bien sûr). Oui, la frette va dépasser, soyez patient !
Mon expérience constate qu'il faut taper comme un sourd pour une touche en ébène, comme un malentendant pour une touche en palissandre. Le résultat n'a jamais été parfaitement satisfaisant pour moi. Mon critère n'est pas l'aspect de la frette mais de savoir si elle est uniformement enfoncée et si je ne parviens ou pas à glisser mon ongle entre la frette et la touche (il ne FAUT PAS que ça rentre, bien sûr).
A ce point, vous avez des frettes posées sur une touche arrondie et incrustée de nacre. Mais les frettes dépassent donc de part et d'autre du manche. Que faire ??
Simple : avec le Dremel et le disque de coupe, vous allez user la frette jusqu'à ce qu'elle soit pratiquement à la bonne longueur, disons à 2/10e de mm près. En général, je coupe carrément la frette à 1,5mm du bord du manche puis avec la face circulaire du disque, j'use la frette jusqu'à arriver très très près du bord. Quand toutes les frettes ont été traitées, vous prenez une cale à poncer, du papier 120 à trame tissu de préférence et vous passez tout le long du manche avec un angle de 30° par rapport à la verticale. Oui, un peu de binding va y passer mais c'est le prix à payer et il est pas si cher que ça. Quand les frettes ne dépassent plus et que vous arrivez au binding, passez la main : CA AGGRIPE encore !
Normal, placez des bandes de scotch de part et d'autre des frettes pour protéger la touche et avec une lime à metal fine, arrondissez les coins des frettes.
J'appelle "coin" l'angle à 90° que fait le très petit côté de la frette avec le grand côté et ce, au niveau de la touche.
Si vous avez bien travaillé, vous avez un manche fretté.
Coller un talon :
Pour augmenter la surface de collage entre manche et corps et pour des raisons esthétiques, on peut vouloir rajouter un talon au manche.
Pour cela, découper dans une chute du même bois que le manche un rectangle à peu près à la largeur du manche et d'une longueur de 3cm. Si vous avez prévu de donner un angle au manche, reportez l'angle sur la face du bout de bois qui sera contre le corps dès maintenant et assurez vous que cette face et son opposée sont bien parallèles et perpendiculaires à l'axe du manche.
Collez ensuite ce bout à l'endroit souhaité, sachant qu'une jonction corps/manche se fait vers la 19e frette en général.
Arrondir le dessous du manche :
Avant de raboter, il faut délimiter au crayon gras les zones à ne pas toucher ou à moins travailler, autrement dit la partie qui sera collée/vissée au corps et la jonction tête-manche.
Pour ça, j'utilise la méthode "wastringue". La wastringue est un outil qui reprend le principe du rabot : une semelle avec une fente d'où dépasse une lame. La différence, c'est que la semelle est étroite et qu'on tient une wastringue par 2 "oreilles" de part et d'autre de la lame.
Emballez le manche dans plusieurs épaisseurs de tissu et coincez le dans un étau par son extrêmité côté corps.
Passez donc la wastringue le long du manche en enlevant des escalopes de bois. Vous verrez que passer la lame d'un côté est plus facile que de l'autre. Ceci est dû à l'orientation des fibres du bois. A la longue, on peut avoir tendance à retirer du bois de manière inégale car un des côtés est plus compréhensif que l'autre. Il faut se forcer, même si des éclats partent et que le bois parait abimé, tout ça sera rattrapé au ponçage final.
Arrêtez vous régulièrement pour prendre le manche en main et estimer le confort. Comparez avec un autre manche, de peur d'en enlever trop, on se retrouve souvent avec des manches très épais.
Pour les endroits très incurvés comme les limites que vous avez marqué au crayon gras, prenez une rape et terminez le travail. C'est laborieux mais le résultat sera d'autant plus joli.
Quand vous aurez atteint la forme définitive du manche, terminez au papier abrasif pour lisser tout ça, d'abord au 80 puis montez jusqu'au 240 pour du sipo, 400 pour de l'érable (environ hein).
Quoi de plus gratifiant que ça :
(voir le fameux talon pour ceux pour qui la description ne suffit pas)
Trous de mécaniques :
Faites des plans sur papier pour bien voir comment les cordes vont arriver, si vous avez la place de mettre les mécaniques où vous voulez etc. Ca parait simple comme étape mais on peut se retrouver, avec des têtes aux formes trop exotiques, avec des cordes qui se chevauchent, des angles impossibles et des tenues d'accord douteuses.
Une fois les positions des mécaniques déterminées avec certitude, perceuse, mèche à la taille appropriée (9,5mm ou 10mm sachant que les tailles à virgule n'existent qu'en mèche métal mais ça passe quand même dans le bois) et idéalement, une colonne pour percer bien perpendiculaire.
ASTUCE : appliquez avec des serre-joints, sur la face d'où ressortira la mèche une plaque de bois pour éviter que le bois de la tête éclate sous la pression.
Finition :
Alors là, je suis une brêle, reportez-vous à d'autres tutos.
En gros, les étapes, c'est :
1-protection des parties à ne pas couvrir
2-Bouchage des pores
optionnel 3-couche d'apprêt
optionnel 4-peinture en bombe
5-vernis bombe
6-ponçage fin à l'eau
7-lustrage
On peut aussi choisir de ne finir le manche qu'une fois celui-ci collé. A vous de voir.
Résultat FINAL :
En exclusivité, ma 2e copie Explorer. Un poil plus classe avec un chevalet Schaller (vachement bien !), une électronique permettant de splitter le micro aigu et de mettre en parallèle le micro manche, des mécaniques à blocage, du binding sur le corps, de l'érable ondé en placage et comme toujours, des Straplocks Schaller.
Vous aurez noté le mini switch pour passer d'un micro à l'autre qui est sur la pointe de la guitare grâce à un tunnel sous le placage dans lequel courent les fils.
J'avoue aussi que le manche montré dans le tuto n'est pas celui de cette guitare, j'en ai finalement refait un autre.
Le manche à réaliser est un manche en padouk, à la tête inclinée, plaquée ébène, avec une touche de 24,75 pouces de diapason en palissandre. Ce manche sera collé. Il comportera des incrustations en nacre et un cerclage autour de la tête et de la touche.
On commence donc avec du bois brut. Les différentes pièces font les dimensions suivantes :
- 80*12*2,5 cm pour le manche (dégauchi, d'équerre)
- 20*10*0,2 cm pour le placage (plat, pas exactement réctangulaire mais on s'en cogne)
- 50*8*0,6 pour la touche achetée préfendue (au niveau des frettes) sur le net
A partir du grand bout de bois, on doit tirer un manche, une tête et un talon, d'où sa taille excédant assez largement la longueur d'une touche.
1ère étape : réaliser un gabarit du manche, dans du médium 10mm. Le gabarit aura la forme précise et définitive DE LA TOUCHE.
En faire un autre séparé pour la tête, toujours dans du médium 10mm et enfin un dernier pour le talon du manche (extension non visible du manche qui s'enfonce dans le corps de la guitare pour augmenter la surface de collage).
2e étape : Tracer au crayon sur le bois les quelques traits importants. Une tête de guitare doit faire pas loin de 20cm de long sur une petite dizaine de large pour confortablement accueillir les mécaniques. Tracer donc un premier trait à 20cm du bout, bien perpendiculaire à l'axe du bois. Ensuite, il faut prévoir la place pour le sillet. Celui que j'utilise fait 5mm d'épaisseur. Tracer donc un second trait 5mm plus loin, toujours bien perpendiculaire. J'arrête mon manche au niveau de la 23e case, cette case se trouve à 462,1mm du sillet. Tracer un trait à cette distance.
3e étape : Pour réaliser une tête inclinée, on peut soit prendre un bout de bois épais et tailler dedans (peu économique) soit découper à -15° la pièce de bois sur sa tranche pour ensuite recoller le bout découpé à l'envers. Pour se faire, on met le bois sur la tranche, on trace un trait partant du trait avant le sillet et incliner de -15° par rapport au dessus du manche. Avec une scie et de la patience, découper selon ce trait, prendre même un peu de marge du côté tête pour ne pas empiêter sur le futur logement du sillet. Conserver la pièce découpée de 20cm vaguement trapézoidale.
4e étape : avec du scotch double-face, fixer le trapèze sur le manche en essayant de faire se prolonger les faces inclinées à 15°. Avec un rabot de bonne qualité, aplanir les faces et les aligner impécablement. La jonction et l'extrêmité doivent être perpendiculaire à l'axe du manche. Désépaissir ensuite le petit bloc au rabot pour atteindre l'épaisseur finale de la tête sans le placage. Avec des mécaniques Sperzel, je compte 13mm d'épaisseur. En rajoutant plus tard le placage, on arrivera à 15mm.
5e étape : creuser à la défonceuse la gouttière où vient se loger la tige de renfort double-action. Ces tiges ne nécessitent pas de gouttière arrondie ni de filet de couverture.
On détermine le milieu de la pièce de bois, on ajuste le guide parallèle pour que la mèche droite de 6mm y passe puis on creuse la gouttière en 2 passes minimum.
Pour la profondeur, considérez que les blocs filetés de la tige doivent affleurer. L'embout de réglage est du côté de la tête. Faites en sorte que le bloc fileté du côté de l'embout de réglage soit au niveau du commencement de la touche. Arrêter de creuser juste avant l'espace pour le sillet et reprenez au delà du futur emplacement de la touche, sur la partie inclinée, pour pouvoir loger l'extension de l'embout de réglage de la tige. Il faudra, plus tard, dégager encore un peu de bois pour permettre un accès facile avec une clé.
6e étape : Là, faut avoir de la cale et du serre-joint à gogo. Badigeonner de colle la partie inclinée du petit bout et la plaquer contre le dessous du manche, en faisant en sorte d'aligner les parties pour que la surface inclinée soit bien nette, sans marche. Imobiliser le tout et laisser sécher tout la nuit.
Le manche a donc pour l'instant une forme très sommaire : une poutre avec une extension à 15° à une de ses extrêmités.
Il s'agit maintenant d'y adjoindre une touche, de lui donner une forme de manche d'abord en largeur, puis dans l'épaisseur, de tailler une tête qui donnera de la personnalité à la guitare. Un binding et des incrustations de nacre permettent de faire passer le manche dans la catégorie luxe. Le frettage qui suivra est critique à la jouabilité de la guitare. La finition enfin pour que la forme ne dépareille pas avec le fond.
7e étape : On commence par le collage de la touche, rien de bien difficile, s'assurer seulement de ne pas la coller de traviole.
8e étape : Maintenant on va dégrossir le travail de découpe à la scie sauteuse. Placez le gabarit à sa position finale sur la touche et reproduire la forme au crayon. Retirez le gabarit et avec une scie sauteuse, découpez grossièrement selon le trait sans jamais couper à l'intérieur.
A ce stade, on peut faire pareil sur la tête. Montez des lames fines sur votre scie sinon vous aurez beaucoup de mal à tourner serré. Une bonne scie à chantourner peut aussi faire l'affaire pour ce travail.
9e étape : A cette étape, nous donnerons au manche sa forme définitive en largeur à la défonceuse. Collez fermement le gabarit sur la touche avec du scotch double-face. Montez la défonceuse sous table avec une fraise droite à roulement sur l'axe (roulement entre la défonceuse et la fraise donc) et retournez le manche afin que le gabarit soit au contact de la table de défonce. Réglez la hauteur de la fraise de façon à ce que le roulement s'appuye sur le gabarit. Sans essayer de manger trop de bois d'un coup, réduisez l'excédent de bois jusqu'à ce que le manche s'aligne avec le gabarit. Faites attention en fin de manche, le bois casse facilement. Faites aussi attention à la jonction avec la tête de ne pas déborder là où le gabarit s'arrête. A la rigueur, laisser un peu de bois qui sera plus tard retiré à la rape ou au papier abrasif (ou les 2).
10e étape : Répétez cette étape mais avec la tête cette fois-ci en collant toujours le gabarit sur le dessus de la tête et en travaillant dos du manche vers le plafond. La tête étant inclinée, vous aurez une petite surface sur laquelle vous appuyer, travaillez doucement en enlevant peu de bois à chaque passe. En général, la jonction manche-tête présente une épaisseur telle que la fraise n'est pas assez longue pour l'atteindre en 1 passe. Ce n'est pas grave, terminez d'abord tout le pourtour du manche avant de relever la mèche et d'appuyer le roulement sur les parties déjà lissées.
J'insiste : QUAND LA FRAISE PASSE SUR DES SURFACES PERPENDICULAIRES AUX FIBRES DU BOIS, LA CASSE EST POSSIBLE, TRAVAILLEZ EN TENANT LA PIECE FERMEMENT, AVEC DE BONNES FRAISES ET EN MANGEANT PEU DE BOIS.
Si vous n'avez pas de défonceuse ou pas les fraises nécessaires pour ce genre de travail, vous pouvez tout faire à la scie sauteuse en découpant près du trait et en terminant à la rape et à l'abrasif. On en reparle dans 8 mois quand vous aurez fini...
Théoriquement à ce stade, vous avez un manche qui a la bonne largeur, une tête à l'aspect proche de l'aspect final. Il reste à creuser la feuillure pour le binding, placer les inserts de nacre, arrondir la touche, la fretter et vernir.
11e étape : Pour la feuillure, encore une fois recours à la défonceuse sous table. Cette fois par contre, montez une fraise à copier avec le roulement en bas de fraise (donc vers le haut avec la défonceuse à l'envers sous table). Sur ma fraise de diamètre 12,7mm (demi-pouce), j'ai pu remplacer le roulement par un roulement de 10mm. Ce faisant, je suis en mesure de creuser des feuillures de (12,7-10)/2 = 1,35mm. Le binding fait 1,2mm environ. Creuser trop profond est une grosse connerie à éviter, je vais donc mettre quelques épaisseurs de scotch autour du roulement pour réduire la profondeur de la feuillure. Faites des essais sur des chutes jusqu'à ce que vous obteniez des feuillures de la taille du binding ou un peu moins profonde (le binding peut dépasser très légèrement). Pensez qu'il y aura aussi une petite épaisseur de colle dont il faut tenir compte.
Quand vous avez trouvé la bonne formule, réglez la défonceuse de façon à creuser des feuillures un peu moins hautes que le binding (suffisamment pour qu'il recouvre entièrement la touche toutefois, au pire, vous poncerez la touche pour la ramener à hauteur du binding). Quand la feuillure est finie sur tout le manche, il faut passer au collage.
12e étape : En guise de colle, j'utilise comme le recommande M. Koch des bouts de binding dissous dans l'acétone. Ce mélange fait une pate qui sèche très vite et qui adhère bien. Portez des gants pour cette étape et ayez de l'essuie tout à portée de main.
Prédécoupez un bout de binding à la bonne longueur pour la section que vous allez coller. Badigeonnez proprement la feuillure et appliquez le binding fermement. Un peu de colle va sûrement s'échapper par où elle peut, essuyez avant que ça ne sèche. Pour les sections droites, pas de problème mais les sections fortement courbées comme au niveau de la tête, le binding ne va pas plier facilement. Dans ce cas, avant de mettre la colle et d'appliquer le binding, munissez vous d'un pistolet à chaleur ou d'un sèche-cheveux. Appliquez le binding et chauffez le aux tournants serrés. En se ramollissant (sans le faire fondre bien sûr), vous pourrez l'appliquer et lui donner la forme de la section à couvrir. Une fois le binding "thermoformé", collez-le comme indiqué précédement.
Vous devez obtenir ceci : Avec le recul, je pense que la petite partie sans binding au niveau du sillet est une mauvaise idée, essayez plutôt de faire une jonction entre ces 2 parties.
(ne tenez pas compte de la nacre et des frettes, on va voir ça bientôt)
Incrustation des plaques de nacre :
Cette méthode n'est valable que pour les incrustations réctangulaires ou légèrement trapézoidales.
J'ai réussi à me trouver de la nacre brute en petites plaques. Pour 20€, j'ai eu largement assez de matériel pour faire tout un manche. Des kits de plaques de nacre prédécoupé façon Gibson sont commercialisés, j'ai même vu des trucs vraiment pas cher sur eBay. La nacre peut être remplacée par un bois ou par de la noix de Corrozo. La noix de Corrozo ressemble à un marron mais nettement plus dur. L'intérieur de la noix est uniformément de couleur ivoire. Vous la découpez en tranche de 1 à 2mm (une scie japonaise à dos est très bien pour ça) puis les tranches en rectangles de la bonne taille.
Peu importe la matière incrustée, vous devez commencer par définir les tailles des incrustations et préparer les morceaux avant. Ensuite, reportez au crayon les formes sur leur case définitive. Durant ce processus, évitez de prévoir des morceaux terminant trop près des fentes des frettes. La touche peut casser lors de son creusement.
Les techniques courantes pour creuser les emplacement où viennent se placer les incrustations consistent soit en l'utilisation d'un Dremel équipé d'une fraise appropriée et d'un socle de défonceuse ou des outils de sculpteur pour retirer le bois plus laborieusement. J'ai une méthode perso :
Au ciseau à bois, je creuse verticalement les 4 lignes délimitant l'incrustation. J'enfonce la lame d'un millimètre, pas plus, juste histoire de couper les fibres et faciliter la suite du travail.
Je place une cale rectiligne sur la touche superposée sur un des 4 côtés à creuser, en général celui qui est du côté du bas du manche. Ensuite, avec un ciseau à bois, j'attaque le bois en pelant la touche en direction de la cale. La cale bloque le mouvement du ciseau et empêche de déborder hors de la zone à creuser. Il n'y a qu'à répêter cette étape pour chaque côté. Faites en sorte d'avoir un fond assez plat et de creuser juste ce qu'il faut pour que l'incrustation affleure.
Quand tous les emplacement ont été creusés, remplissez le fond avec un mélange de colle à bois et de poussière de touche et collez les plaques de {nacre, Corrozo, bois}. Le mélange de colle-poussière va probablement ressortir par les côtés, essuyez l'excedent.
Je vous renvoie à la photo de l'étape 11 pour une illustration
Quand la colle a sêché, observez les bords des incrustations : il y a un espace entre cavité et nacre ! Aucun problème, reprenez de la poussière de touche, mélangez avec de la colle et bourrez ces espaces. Il est important pour ce travail que la poussière de touche soit fine et relativement pûre. S'il le faut, filtrez la à travers une passoire pour avoir une poudre fine et uniforme. Ne vous inquiêtez pas s'il y a des pâtés et des excédents, ils disparaitront à la prochaine étape.
Préparation de la touche :
Avec une cale arrondie au rayon de votre préférence (généralement 12 pouces), poncez la touche jusqu'à ce que l'ensemble du papier soit encrassé par la poussière. Au début du ponçage, seuls les côtés seront poncés, c'est logique. Au fur et à mesure de votre progression, le papier attaquera le bois et la nacre de plus en plus vers le centre. Au début, du papier 80 ou 120 fera l'affaire. Montez progressivment en grain pour finir vers 600 pour de l'ébène ou de l'érable, 240-360 pour du palissandre.
La nacre encrasse le papier au point de rayer le bois, nettoyez donc le papier très régulièrement. Certains papiers sont anti-encrassant, je ne sais pas si ça fonctionne mais ça peut valoir le coup.
TRES IMPORTANT : Assurez-vous de passer uniformément sur le manche, c'est-à-dire partout (on a tendance à oublier les extrêmités) et avec la même force (on relache son mouvement quand on est en pleine extension). Le résultat le plus courant d'un déséquilibre du ponçage est un creusement du manche vers le milieu ou entre les 3e et 7e cases (en fait ça dépend de comment est posé le manche par rapport à vous).
Pour vérifier la qualité de votre travail, munissez-vous d'une longue règle bien plate et posez la sur la touche. Vérifiez qu'elle ne bascule pas, qu'il n'y a pas de jour.
Même si la tension des cordes fera se tordre le manche, tâchez dès cette étape obtenir un travail de bonne facture, bien plat. Ce sera toujours ça de moins à compenser lors du réglage.
Frettage :
Portez des lunettes de protection pour cette étape quand vous utiliserez le Dremel, des éclats et des poussières de frette volent dans tous les sens et terminent souvent dans les yeux.
J'ai eu mes frettes sous la forme de fils d'1m de long. Il faut absolument courber ces fils à frette avant la pose. Pour cela, vous vous débrouillez. J'ai personnellement fabriqué un petit appareil très similaire à celui vendu par Stewart MacDonald. Si vous achetez vos frettes en magasin, vous pouvez faire faire ça par le magasin, il est ptet équipé.
Quand les fils à frettes sont courbés, avec un marqueur, placer un trait pour délimiter la taille de chaque frette à poser + quelques mm, sachant que les frettes s'allongent quand on descend le long du manche. Découpez selon les marques avec une bonne pince ou mieux : un Dremel avec un disque de coupe.
Pour que les frettes soient prêtes à être posées, il faut se rappeler que le binding ferme les fentes à frettes. On doit donc retirer la partie verticale des frettes sur ses bords. Je fais ça encore une fois avec un Dremel et le disque de coupe. Soyez précautionneux, il est facile sur de si petites pièces de déraper.
Avec une lime triangulaire, attaquez le haut des fentes pour évitez que le bois casse si vous êtes amenés à défretter un jour. La touche est maintenant prête à recevoir les frettes. Posez la frette sur sa fente puis tapez dessus avec un marteau de caoutchouc. Si ça ne suffit pas, utilisez une cale en bois ou mieux : une cale de bois recouverte presque partout d'une matière ammortissante (pas de matière ammortissante là où se fait le contact avec la frette à poser bien sûr). Oui, la frette va dépasser, soyez patient !
Mon expérience constate qu'il faut taper comme un sourd pour une touche en ébène, comme un malentendant pour une touche en palissandre. Le résultat n'a jamais été parfaitement satisfaisant pour moi. Mon critère n'est pas l'aspect de la frette mais de savoir si elle est uniformement enfoncée et si je ne parviens ou pas à glisser mon ongle entre la frette et la touche (il ne FAUT PAS que ça rentre, bien sûr).
A ce point, vous avez des frettes posées sur une touche arrondie et incrustée de nacre. Mais les frettes dépassent donc de part et d'autre du manche. Que faire ??
Simple : avec le Dremel et le disque de coupe, vous allez user la frette jusqu'à ce qu'elle soit pratiquement à la bonne longueur, disons à 2/10e de mm près. En général, je coupe carrément la frette à 1,5mm du bord du manche puis avec la face circulaire du disque, j'use la frette jusqu'à arriver très très près du bord. Quand toutes les frettes ont été traitées, vous prenez une cale à poncer, du papier 120 à trame tissu de préférence et vous passez tout le long du manche avec un angle de 30° par rapport à la verticale. Oui, un peu de binding va y passer mais c'est le prix à payer et il est pas si cher que ça. Quand les frettes ne dépassent plus et que vous arrivez au binding, passez la main : CA AGGRIPE encore !
Normal, placez des bandes de scotch de part et d'autre des frettes pour protéger la touche et avec une lime à metal fine, arrondissez les coins des frettes.
J'appelle "coin" l'angle à 90° que fait le très petit côté de la frette avec le grand côté et ce, au niveau de la touche.
Si vous avez bien travaillé, vous avez un manche fretté.
Coller un talon :
Pour augmenter la surface de collage entre manche et corps et pour des raisons esthétiques, on peut vouloir rajouter un talon au manche.
Pour cela, découper dans une chute du même bois que le manche un rectangle à peu près à la largeur du manche et d'une longueur de 3cm. Si vous avez prévu de donner un angle au manche, reportez l'angle sur la face du bout de bois qui sera contre le corps dès maintenant et assurez vous que cette face et son opposée sont bien parallèles et perpendiculaires à l'axe du manche.
Collez ensuite ce bout à l'endroit souhaité, sachant qu'une jonction corps/manche se fait vers la 19e frette en général.
Arrondir le dessous du manche :
Avant de raboter, il faut délimiter au crayon gras les zones à ne pas toucher ou à moins travailler, autrement dit la partie qui sera collée/vissée au corps et la jonction tête-manche.
Pour ça, j'utilise la méthode "wastringue". La wastringue est un outil qui reprend le principe du rabot : une semelle avec une fente d'où dépasse une lame. La différence, c'est que la semelle est étroite et qu'on tient une wastringue par 2 "oreilles" de part et d'autre de la lame.
Emballez le manche dans plusieurs épaisseurs de tissu et coincez le dans un étau par son extrêmité côté corps.
Passez donc la wastringue le long du manche en enlevant des escalopes de bois. Vous verrez que passer la lame d'un côté est plus facile que de l'autre. Ceci est dû à l'orientation des fibres du bois. A la longue, on peut avoir tendance à retirer du bois de manière inégale car un des côtés est plus compréhensif que l'autre. Il faut se forcer, même si des éclats partent et que le bois parait abimé, tout ça sera rattrapé au ponçage final.
Arrêtez vous régulièrement pour prendre le manche en main et estimer le confort. Comparez avec un autre manche, de peur d'en enlever trop, on se retrouve souvent avec des manches très épais.
Pour les endroits très incurvés comme les limites que vous avez marqué au crayon gras, prenez une rape et terminez le travail. C'est laborieux mais le résultat sera d'autant plus joli.
Quand vous aurez atteint la forme définitive du manche, terminez au papier abrasif pour lisser tout ça, d'abord au 80 puis montez jusqu'au 240 pour du sipo, 400 pour de l'érable (environ hein).
Quoi de plus gratifiant que ça :
(voir le fameux talon pour ceux pour qui la description ne suffit pas)
Trous de mécaniques :
Faites des plans sur papier pour bien voir comment les cordes vont arriver, si vous avez la place de mettre les mécaniques où vous voulez etc. Ca parait simple comme étape mais on peut se retrouver, avec des têtes aux formes trop exotiques, avec des cordes qui se chevauchent, des angles impossibles et des tenues d'accord douteuses.
Une fois les positions des mécaniques déterminées avec certitude, perceuse, mèche à la taille appropriée (9,5mm ou 10mm sachant que les tailles à virgule n'existent qu'en mèche métal mais ça passe quand même dans le bois) et idéalement, une colonne pour percer bien perpendiculaire.
ASTUCE : appliquez avec des serre-joints, sur la face d'où ressortira la mèche une plaque de bois pour éviter que le bois de la tête éclate sous la pression.
Finition :
Alors là, je suis une brêle, reportez-vous à d'autres tutos.
En gros, les étapes, c'est :
1-protection des parties à ne pas couvrir
2-Bouchage des pores
optionnel 3-couche d'apprêt
optionnel 4-peinture en bombe
5-vernis bombe
6-ponçage fin à l'eau
7-lustrage
On peut aussi choisir de ne finir le manche qu'une fois celui-ci collé. A vous de voir.
Résultat FINAL :
En exclusivité, ma 2e copie Explorer. Un poil plus classe avec un chevalet Schaller (vachement bien !), une électronique permettant de splitter le micro aigu et de mettre en parallèle le micro manche, des mécaniques à blocage, du binding sur le corps, de l'érable ondé en placage et comme toujours, des Straplocks Schaller.
Vous aurez noté le mini switch pour passer d'un micro à l'autre qui est sur la pointe de la guitare grâce à un tunnel sous le placage dans lequel courent les fils.
J'avoue aussi que le manche montré dans le tuto n'est pas celui de cette guitare, j'en ai finalement refait un autre.
