...j'aime beaucoup les Augustine bleues aussi, mais, hélas, les aigües sont, bien souvent, fausses...
N'oublions pas qu'Augustine fut le pionnier de la corde nylon.
Un petit extrait de mon article "Histoire des cordes : ne pas perdre le fil" dans le N° 26 de Guitare Live :
Citation:
L’apparition des cordes en nylon, la plus grande avancée dans le domaine qui nous intéresse depuis l’apparition du filage, est le fruit du travail et de la rencontre de deux grands hommes : Albert Augustine et Andres Segovia.
Albert Augustine, né au Danemark en 1900, émigre aux USA en 1926 pour y poursuivre son œuvre de luthier. Ses instruments étant de grande qualité, ses affaires vont rapidement bon train.
Parallèlement, Andres Segovia se voit proposer, par un Général anglais, avec lequel il avait évoqué la pénurie de bonnes cordes, l’essai d’un fil de nylon construit par DuPont de Nemours à l’usage des parachutes de l’armée.
À l’époque, le nylon est une matière toute neuve, inventée le 28 février 1935 par Wallace Carothers (alors ingénieur chez DuPont de Nemours, l’entreprise de chimie américaine pionnière dans le domaine de polymères) : Segovia monte cette corde sur sa guitare et subodore une trouvaille décisive… cependant, le son n’est pas totalement agréable, et le grand guitariste espère – et souhaite – ardemment une amélioration.
Peu de temps après, en 1946, un ami commun d’Augustine et Segovia, le journaliste Vladimir Bobri, organise leur première rencontre. En voyant la corde de mi en nylon montée sur la guitare de Segovia, Augustine se rappelle avoir mené quelques essais avec des fils de nylon émanant d’un surplus de l’armée, sans se sentir pourvu de la pertinence et de la compétence qu’il croit nécessaires à l’approfondissement du sujet.
Mais Segovia, qui a reçu une réponse négative de la part de DuPont de Nemours (l’entreprise n’a pas l’intention de se lancer dans le développement et la commercialisation de cordes musicales, mais accepte de fournir la matière première à quiconque désire se lancer dans une recherche sérieuse), réussit à convaincre Augustine dès leur seconde rencontre. C’est ainsi que le luthier se lance dans trois années de labeur intense et solitaire, sous le regard sceptique des experts spécialistes.
Mais au bout de ces trois années… Augustine demande à DuPont de réunir ses experts et trois guitaristes afin de tester : corde en boyaux, fil de nylon industriel et corde en nylon construite par ses soins. Le résultat est sans appel : son travail fait l’unanimité et impressionne la grosse industrie – qui lui apporte, dès lors, un vrai soutien institutionnel.
On envoie les cordes à Segovia. Celui-ci est en concert à Washington. Le destin veut que la chanterelle de sa guitare se brise avant le concert et qu’il monte directement la corde fabriquée par Augustine. Son enthousiasme est tel que, dès la fin du concert, il court dans sa chambre et s’enferme des heures durant pour se livrer à l’exploration de ces sonorités et de ces caractéristiques inespérées.