lalimacefolle a écrit :
sorwell a écrit :
Je rectifie : pour moi, sa musique est un peu plus "lisse" que celle de Vai.
Je partage mon expérience:
Comme presque tout le monde lors du premier G3, je ne connaissais pas Eric Johnson. J'avais eu une affiche dans Guitar Player, et je me disais "si VAI et Satch prennent ce mec pour etre le troisieme, c'est qu'il doit envoyer dans tous les sens!!"
Arrive le CD et la cassette Vidéo (pas de DVD à l'époque
) et le set de Satch. Bien, du Satch quoi... Et ensuite, arrive ce petit mec avec sa 335, guitare pas forcément faite pour le shred. Et je sais que les 3 morceaux qu'il jouait, sont restés gravés dans ma tête... Une maitrise du timbre de l'instrument rarement vue ailleurs, des sons clairs magnifiques, et un son lead monstrueux, chaud, bref, il m'a scotché la tronche...
Là ou la technique de VAI et Satch se voit, lui, elle est quasiment invisible. A plusieurs endroits il étouffe parfaitement les résonances, on le voit bouger sa main droite lors de descentes de gamme pour que le timbre reste homogène, il joue quelques harmoniques en octavados qui passent inapercues "visuellement" tant son geste est maitrisé, l'imitation du shamisen est bluffante etc.
En fait, c'est toujours la même histoire... Nigel Tufnel qui jongle en jouant de la gratte, tout le monde est impresionné, un gars qui joue par dessus giant steps sans se planter, on s'emmerde... Pourtant, ça demande autant de maitrise d'un coté que de l'autre.
Bon. Eclaircissements
Je trouve la musique de Paolo Fresu "lisse". Ca ne m'empêche pas de l'adorer. Lisse n'est pas forcément péjoratif pour moi, je ne suis pas manicchéen à ce point. Mais c'est vrai que le mot est peut-être mal choisi.
Et c'est vrai aussi que N'guyen Lê apporte quelque chose de barré à la musique de Fresu, mais c'est pour dire.
Ensuite, invisible la technique de Johnson ?
Je suppose que les harmoniques en octavados sont ce que j'appele les harmoniques tapées (genre jouer un si à la 7° case en "tappant" à la 19° case) ca ne passe pas inaperçu, et ça en jette un peu quand même.
Et bon, il joue quand même des plans techniques sur je sais plus quel morceau de la VHS (le premier), un plan d'un intérêt musical discutable (monter et descendre une gamme est pour moi d'un intérêt musical discutable, or là, c'est un peu ce qu'il fait)
Mais bon, honnêtement, je chipote, je suis d'accord avec ce que tu dis sur Johnson, il a un style très maîtrisé, il est expert des mutes (quand il pose un doigt de la main doite pour étouffer des cordes et éviter toute raisonnace malencontrreuse), il fait très attention au son : y'a qu'à regarder Manhatthan (au passage une très belle compo), il attaque les cordes au niveau du micro central, au niveau de plus ou moins la 20° frette, avec le pouce pour les octaves etc. alors que bon, la différence est quand même minime, mais c'est quand même cette différence qui fait là le mec qui fait attention à tout ce qui concerne sa musique.
Il est cependant dans un autre univers que Satriani ou Vai. Ces deux-là sont dans le rock, et le rock, ça en jette, c'est du spectacle, bon, Hendrix qui joue avec ses dents, casse ses amplis, brûle sa guitare etc, c'est de la démonstration, c'est du rock, et Satriani et Vai sont dans cet esprit-là.
Pourtant, quand je regarde le live à l'Astoria, je ne suis pas impressioné par la technique de Vai (ou alors, dans des plans d'un intérêt musical discutable
), je suis impressionné par sa musique.
C'est tout.
"La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence."
Miles Davis