Le dernière "révolution" musicale a eu lieu fin 1970/début 1980. Période où, en France, au Royaume uni et même en Allemagne le rock a fait des étincelles dans un bouillonnement créatif et culturel. De la new-wave au punk en passant par la pop ou le rock chaud brulant annoncant les prémices de toutes les mouvances du métal d' aujourd' hui. Tu connais l' histoire aussi bien que moi. L' Espagne et le Portugal sortent tous les 2 de plusieurs années de dictature (qui laisseront des séquelles bien des années plus tard), l' Irlande est en ruines dans une guerre d' indépendance tragique qui ne finira qu' au début de notre siècle. L' Allemagne est toujours coupée en 2 et l' URSS est aux portes d' une petite europe politique et géographique.
La période n' est pas riche uniquement sur le plan musical mais aussi sur le plan des textes. Il y a globalement de la "hargne" et la musique se fait porteuse des messages et s' adapte à ceux-ci (jusqu' au états-unis qui digèrent tout juste la fin de la guerre du vietnam).
En France, cette période annonce la fin des 30 glorieuses et le début d' une sociètè à plusieurs vitesses. Le rock francais n' est pas en reste. Partout en France le rock se réveille. De Starshooter à Trust en passant par Téléphone ou Marquis de sade (pour ceux qui me viennent en mémoire, mais il y en a eu tant d' autres ... éphémères). C' est la période ou se forme Noir Désir. La contestation est présente. Mais (et il y a un mais), l' expression musicale n' est pas à la portée de toutes les bourses. Le matériel coûte horriblement cher (comme tu le sais). Ce sont globalement des jeunes issus de milieux aisés qui vont porter un discours contestataire. C' est le début des radios libres ... qui ne le resteront pas longtemps. Mangées par les prémices du capitalisme sauvage ou la création est sacrifiée au nom de la rentabilité. Aprés les radios, ce sont les disquaires de quartier qui feront les frais de l' agitateur (soit disant socialiste). On est aujourd' hui dans les mêmes ingrédients (et pas que dans la musique) qu' il y a 15 ans. Les errements et les injustices sont les mêmes, la plupart du temps portées par une idéologie faussement libérale (dans son sens premier) et qui pratique le protectionnisme du gain pour une infime partie de la population eux mêmes alimentés par une grande partie de la population. Mais le principe était déjà le même dans les peuples "modernes" depuis l' antiquité (pour les premiers écrits politiques).
Tout celà pour écrire que depuis 15 ans, la société n' a pas changée (même pas pendant le passage rapide de la gauche social libérale). Et contrairement à ton avis (que je respecte), la chanson "gagnant perdant" va trouver et a déjà trouvée de l' écho (eu égard les réactions et le temps de téléchargement) auprés d' une grande partie de la population. Pour de multiples raisons qui n' ont pas toujours à voir avec un geste chevaleresque. Il se pose notament la question du pourquoi étouffer toute contestation artistique jusque là, pour finalement ouvrir une brêche avec ce morceau. Rien n' est simple et la démarche absolument pas innocente de la part de la maison de disque. Signe des temps, il faut continuer à rétribuer grassement le monde occulte de la musique à la dérive (et pas que financièrement depuis une bonne dizaine d' années).
Beaucoup de choses ont évoluées, et tu as raison de le souligner, depuis 10 ans mais sur la forme seulement, malheureusement pas sur le fond. "Antisocial" est toujours d' actualité. Il n' y a que ceux qui le hurlait par la voix ou la musique qui ont vieillis. Aujourd' hui le matériel n' est pas cher, tu peux jouer tout seul dans ton coin sur un ordi, t' entrainer sur le manche grâce à une console, créer ton myspace et te faire pleins de copains virtuels. Pendant ce temps les sonos ont remplacé les musiciens de balloches, il n' y a jamais autant eu d' intermittents du spectacle et le souci premier n' est plus de faire de la musique mais de faire du pognon ... parce que les maisons de disques en ont décidées ainsi. Et grand paradoxe de l' humain, ce sont ceux qui copiaient hier sur cassette qui veulent criminaliser ceux qui aujourd' hui téléchargent leurs oeuvres.
Finalement la justice c' est être ni gagnant ni perdant (à opposer au gagnant/gagnant utopique qui c' est transformé en mirage pour une majorité de gens qui ont eu la foi dans le discours d' un avocat ou de ses sbires).
Ce que nous avons connu ces derniers mois n' est rien par rapport à ce qui nous attend dans un an trés certainement sur la même période. Ce sera du perdant/perdant, et ce ne sont pas les dépressifs d' aujourd' hui qui en patiront le plus mais ceux qui se croyaient à l' abri. Plus qu' une révolution, c' est avant tout l' anarchie qui guette. Justement par manque de leaders d' opinion.
Et alors oui on pourra alors écrire : "
que les paroles de Cantat ne sont plus en phase avec l'opinion"
C' est bien sûr, un avis personnel et j' espère me tromper dans mes anticipations.
Et je continuerai à me "battre" sur le terrain politique pour que cesse une idéologie qui fait plus de malheureux que d' heureux avec la démagogie de faire croire le contraire. Aussi longtemps qu' il le faudra et/ou que je le pourrais avec ou sans "l' appui" d' artistes engagés. Et en proposant autre chose qu' un projet au sens anthropologique. Parce qu' il ne suffit pas de "combattre", il faut aussi proposer.