Frank Zappa (The Real Frank Zappa Book ) a écrit :
L' élaboration de l' album
Trout Mask Replika, en 1969, fut le point culminant de notre association (d' apres le magazine
Rolling Stone - une sorte d' autorité en la matière, non ?).Don n' aimait pas la technique et il a fallu que je l' aide d' abord à éclaircir ses idées, puis à se préoccuper de leur mise en œuvre pratique.
Je voulais que l' album soit un
enregistrement anthropologique - et
le terrain, c' était la petite maison de Don dans la San Fernando Valley où tout le groupe vivait ( on pourrait parler de
secte).
Je travaillais avec Dick Kune, l'ingénieur du son d'
Uncle Meat et de
Cruisin' with Ruben & The Jets. Pour enregitrer en concert, Dick avait une table de mixage Shure huit voies montées dans une valise. Les sorties de la table étaient branchées sur un magnétophone Uher portable et Dick s'asseyait dans un coin avec un casque sur la tête pour ajuster les niveaux.
J'avais utilisé cette technique pour enregistrer le M.O.I. en tournée et je brûlais d'envie d'installer l'équipement de Dick dans la maison de Don. En plaçant la batterie dans la chambre à coucher, la clarinette basse dans la cuisine et les voix dans la salle de bains, l'isolation serait totale, comme dans un studio - à la différence que les musiciens se sentiraient vraisemblablement beaucoup plus chez eux, puiqu'ils y
étaient.
Nous avons enregistré quelques morceaux de cette manière.Je trouvais qu'ils avaient un son d'enfer, mais Don a été pris de parano. M' accusant de vouloir faire un disque au rabais, il a exigé d'enregistrer dans un
vrai studio.
Toute la troupe a donc migré vers le studio Whitney, à Glendale, propriété de l' Eglise mormone, où j'avais l'habitude de travailler.
Les parties instrumentales avaient été enregistrées et il était temps maintenant pour Don de faire les voix. D'ordinaire, le chanteur entre dans le studio, enfile le casque, écoute la bande, essaie de chanter en rythme...et c' est parti. Don ne supportait pas les écouteurs. Il voulait chanter aussi fort que possible debout dans le studio - en se calant sur les fuites sonores des trois panneaux vitrés qui entouraient la cabine d'enregistrement. Les chances d'être synchro etaient nulles, mais c'est ainsi que nous avons fait toute les voix.
Généralement, quand on enregistre une batterie, les cymbales produisent une partie des fréquences qui viennent se placer à la crête du mix. Sans un certain nombre de ces informations sonores, l'enregistrement tends à devenir caverneux. Don a exigé que les cymbales soient assourdies pas du carton ondulé et que les
toms soient également recouverts de carton. Quand Drumbo tapait sur sa batterie, ça donnait des trucs comme «
thump ! boomph ! doof ! ».
Quand le mixage a été achevé, j'ai fait le montage et l'assemblage dans mon sous-sol. J'ai bouclé vers 6 heures du matin le dimanche de Pâques 1969 et je les ai appelés : «
Amenez-vous, l'album est fini. »Ils étaient habillés comme s'ils allaient à la messe de Pâques. Ils ont écoutés le disque et déclaré qu'ils adoraient.
Apres ça je l'écoute d'une autre oreille . ^^,