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THVE le 08 Juin 2006, 16:46
Voici l'article paru ce jour dans le monde :
lundi 5 juin, le public du Zénith, à Paris, ne cesse de se mettre debout et d'applaudir longuement entre chacune des interprétations de la musique de Frank Zappa, jouée par un groupe d'une précision remarquable dirigé par son fils, Dweezil. Le concert, d'une durée de près de quatre heures, débute par une projection du groupe de Zappa en 1973. Emotion perceptible dans les travées. Puis c'est le haut du panier des compositions de Zappa, essentiellement celles de la fin des années 1960 à la fin des années 1970. Un répertoire de chausse-trapes mélodiques et rythmiques qu'une grande partie du public chante à la note près. Du trentenaire au quinquagénaire, plutôt masculin, avec un bon apport de jeunes quand même, les spectateurs sont aux anges.
A l'ère des courants dominants de la variété r'n'b-rock teintée de mécaniques des musiques électroniques - que leur héros a explorées en précurseur -, entendre les pièges mélodiques et rythmiques de la musique de Zappa sur scène est un immense bonheur pour la majorité des spectateurs. Certains ont vu Zappa, sa moustache, sa barbichette, sa guitare, dès la fin des années 1960, d'autres lors de sa dernière tournée en 1988. D'autres jamais, sauf sur les pochettes de disques, des photographies, des films.
Guitariste, parolier, chef d'orchestre, arrangeur et producteur américain, mort le 4 décembre 1993 d'un cancer de la prostate, à l'âge de 52 ans, Frank Zappa était un explorateur de styles et de formes. Il savait combiner les plus complexes des écritures avec les codes des chansons pop les plus banales, le sérieux dans l'interprétation et l'humour dans la présentation.
Seul ce dernier point manquait au concert du projet Zappa Plays Zappa, en tournée mondiale, qui a débuté par l'Europe, depuis le 15 mai. La manière ironique de mener un spectacle et le regard aiguisé du compositeur sur ses contemporains ne peuvent se recréer. En revanche, des dizaines de formations - en Europe, aux Etats-Unis - qui, du temps du vivant de Frank Zappa, comme après sa mort, ont joué sa musique sans lui, celle de Dweezil est la plus aguerrie, la plus dans son sujet.
VIRTUOSE ET TECHNIQUE
Le groupe rassemblé par le fils de Frank Zappa est globalement jeune, du type virtuose et monstre de technique. On regrette juste un peu le côté rentre-dedans du bassiste Pete Griffin. Et on place parmi les grands Aaron Arntz, aux claviers, ou Billy Hulting, aux percussions. Pour donner à l'entreprise encore plus de légitimité, Dweezil Zappa a trois invités permanents à ses côtés. Trois anciens de chez Zappa, le chanteur et saxophoniste Napoleon Murphy Brock, le batteur Terry Bozzio et le guitariste Steve Vai.
Le premier donne de la voix et amène un aspect fantaisiste. Le second est ce batteur mutant capable de phraser une chanson tout en jouant des polyrythmies invraisemblables. Le troisième, tout aussi mutant, était crédité des "impossible guitar parts" lorsqu'il jouait chez Zappa. Au détour d'un de ses solos - en décalage de ceux de son père -, une ombre dessine comme une moustache sur le visage de Dweezil Zappa. L'esprit du grand Frank ?[color=blue][/color]