Depuis le temps que je me retiens de poster sur ce topic...
Mon histoire pour rassurer les plus anxieux, dont je fais partie :
En décembre 2004, je suis allé voir Calogéro. Je suis pas fan mais je me suis dit "pourquoi pas?". Et j'aimais bien sa dernière chanson sur le papa absent, bref. J'y suis allé seul. Seul parce que mon pote était bloqué par la neige. Alors me voilà au milieu des gamines de 15 ans en plein milieu de la fosse. Je suis fatigué, j'ai bossé de 4h à 15h et j'ai pas dormi l'aprem. Déjà les cris des filles me gènent plus que d'habitude (
indice n°1) et j'ai chaud. Je mate un peu le type à la console, un gros chauve. Il me fait un signe du pouce, le casque sur les oreilles. Je suis juste à l'heure pour la première partie, La Grande Sophie.
Premiers accords, je fais un saut en arrière, je comprends tout de suite que le son est plus fort que d'habitude. Le gros s'éclate derrière la console, sourire aux lèvres et doigt sur le potard de gain. J'ai chaud au cou et mal aux amygdales (
indice n°2), j'enlève mon pull. Chaque coup de médiator me fait des petits craquements dans l'oreille gauche, mais je n'ai pas mal (
indice n°3). Je me pose des questions mais je me dis que c'est la fatigue. J'ai déjà fait des concerts de métal collé aux enceintes, en sueur. Les autres autour de moi ont l'air bien eux. Une fille collée à moi me fait des sourires mais je n'ai pas le coeur a lui répondre, je pense à ce que j'entends. J'écoute mes oreilles. En plus, elle a 15 ans.
Fin de la première partie, je tremble. (
indice n° 4) Suis-je malade? Je vais prendre un verre d'eau. Je vais dehors, j'ai les accouphènes habituels. Je suis en tee shirt, il fait -1°, je suis bien.
Je me sens mieux, je retourne dans la fosse. Je fixe le gros à la console. Il charge les balances pour Calogéro. C'est long. J'ai de nouveau chaud, j'ai à nouveaux mal aux amygdales, j'ai l'impression d'avoir un voile devant chaque oreille qui m'empêche de bien distinguer les aigus. Calogéro arrive. Il ne parle pas fort, je tends l'oreille. Première chanson, deux guitares saturées de front, j'ai le coeur qui palpite. Je déguste. Là j'ai mal (
indice n°5). Enfin disons que chaque note me fait tréssaillir. Ce n'est plus du plaisir, c'est de la torture. 3ème chanson, une fille à coté de moi s'évanouit (
indice n°6). On l'évacue. Je finis le concert avec les doigts dans les oreilles.
Je sors du concert trés anxieux. J'ai des sifflements trés aigus et ondulés.
Je monte dans ma voiture, je mets l'autoradio et je chante. Ma propre voix me fait mal aux oreilles. Je coupe tout. Je passe tout le chemin du retour à me boucher les oreilles pour voir si les sifflements sont toujours là. Je rentre. J'entends mal. Surtout à gauche. J'ai l'habitude.
Je m'endors d'un coup.
Je me réveille le lendemain. Sifflements toujours là. Mal être. Envie de vomir. Je mets la télé. Elle siflle. C'est moi ou elle? Je l'éteins. J'allume le JMP1. Je gratte un ou deux trucs, mais j'ai envie de vomir à chaque note. J'ai chaud. J'ai des suées. Je m'inquiète. Et plus je pense et plus j'entends les sifflements. Parfois, le son coupe à gauche et est remplacé par un sifflement violent qui m'abrutit. Le sifflement s'estompe au bout de qqs minutes. Je me rassure.
J'attends une semaine. Je ne fais rien. Je bosse, mais je ne pense qu'à ça. Je lis des trucs sur internet. J'ai peur. Je ne peux plus écouter de musique. Ma vie basée sur la musique se retrouve soudain excentrée et j'ai l'impression de marcher à coté de mes pompes. Je craque, je pleure un grand coup. J'en parle à mes parents, ils me rassurent un peu.
Une semaine : Je vais voir un premier ORL. Diag : perte dans les aigus à l'oreille gauche. Il me file les médocs pour oxygener les vaisseaux de l'oreille. Bof j'y crois pas. J'y retourne deux semaines aprés. J'ai le droit aux médocs pour les épiléptiques. Je suis shooté, mais le pb reste. Je vais voir un autre ORL, même diag, même prescription.
J'abandonne l'idée d'une thérapie. Je vais me battre tout seul. Enfin tout seul... J'appelle une asso. J'ai un gars au bout du fil qui vit avec des accouphènes depuis 15 ans. Il me rassure. Il me dit qu'on peut vivre avec. C'est tout ce que je voulais entendre.
J'achète des boules quiès moulés à mon oreille. Je recommence à répéter avec mon groupe, qui a du mal à me comprendre. Ils pensent que je fais du chiqué. Ils finissent par me croire. J'ai du mal à jouer éléctrique avec les boules quiès. On joue accoustique.
Les mois passent. En juillet, je reprends mes projet de Home Studio. Les accouphènes sont là mais je les entends uniquement dans le silence ou quand j'y fais attention. Je m'en fous en fait. Maintenant c'est presque rassurant quand je les écoute. Je fréquente à nouveau les bars. Je mets les boules quiès en boite de nuit. Je vis normalement.
Une de mes diffcultés, c'est de chanter. Il arrive que ça me fatigue vite. Mais je m'en sors. Aujourd'hui, les accouphènes font partie de ma vie. J'ai eu trés peur mais je relativise. Il faut faire avec. Chacun son boulet. Le mien s'envole tel une plume au milieu des notes de ma guitare...
En espèrant avoir apporter ma petite pierre...
Une de mes compos, une revanche sur les accouphènes :
https://www.guitariste.com/for(...)html.