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Lao
  • Lao
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  • #5580
  • Publié par
    Lao
    le 03 Déc 2022, 17:17
J'aime bien la définition de Norman Spinrad : "Littérature des possibilités".
Quel plaisir d'écouter des gens comme Catherine Dufour, Norman Spinrad , ....
Catherine Dufour met en avant le "biais informatif" (on ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure) et la volonté anxiogène de la part de nos flux d'information (presse). C'est ce qui donne la couleur de la SF pour le grand public d'aujourd'hui à travers le cinéma américain surtout.

La SF est très diverse mais je pense qu'en ce moment, si on veut profiter de cette diversité, il vaut mieux avoir le courage de lire plutôt que se foutre en face d'un écran.
Kandide
Lao a écrit :
La SF est très diverse mais je pense qu'en ce moment, si on veut profiter de cette diversité, il vaut mieux avoir le courage de lire plutôt que se foutre en face d'un écran.


Cependant, beaucoup de "jeunes" (jusqu'à 30 ans environ) que je côtoie, ne lisent pas...
A la manière de Garguantua ils ingurgitent des séries sur les plateformes ou bien regardent pendant des heures des vidéos sur leur smartphone...
Certains cependant lisent des mangas...
Mais à part cela, je ne sais pas si les nouvelles générations vont lire ou pas...


Ceci dit, s'il y a des coupures de courant, certains vont peut-être découvrir la lecture sur support papier... Toute crise a du bon, je ne sais pas...
Lao
  • Lao
  • Vintage Top utilisateur
  • #5582
  • Publié par
    Lao
    le 03 Déc 2022, 18:43
Les liseuses sont autonomes - il suffit de les charger avant et ça consomme très peu.
jules_albert


Février 2023 : https://www.editions-allia.com(...)tyran

"De ce pamphlet publié pour la première fois à Londres en 1870, probablement de manière clandestine, on ne sait presque rien. Ce sont quelques feuillets traduits du latin, provenant de la collection de manuscrits d’un savant français qui l’aurait acquis peu après la révolution de février 1848. Traducteur, auteur ou date d’écriture ? Le mystère reste entier.

Il nous apprend les formes du despotisme, des plus violentes aux plus insidieuses. Si pour le tyran “la société est une proie”, il sait isoler, corrompre voire travestir son joug en liberté. “Il arrivera qu’un peuple trahi par celui-là même qu’il avait élu se résigne impatiemment, tout en conservant le sentiment de ses droits.” La complicité, la nécessité ou la peur font le reste.
Avec le sentiment troublant de l’interdit, on se glisse dans ce texte brut, esquissé furtivement par un esprit libre et révolté."
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
SenorMicky
L'art subtil de s'en f*utre de Mark Manson 2017

« ...Si l’amélioration de soi et la réussite vont souvent de pair, elles ne se confondent pas pour autant. Le discours ambiant est saturé jusqu’à l’obsession d’injonctions à positiver. Sois plus heureux, sois en meilleur santé, sois le meilleur, meilleur que les autres, sois plus intelligent, plus rapide, plus riche, plus sexy, plus populaire, plus productif, toujours plus envié et admiré. Sois parfait, pour ne pas dire exceptionnel, […] envole-toi en hélico vers ton boulot hyper gratifiant où tu passes d’intéressantes journées à sauver la planète. Seulement quand tu appuies sur pause deux secondes pour réfléchir, tu t’aperçois que les conseils dont on te rabat les oreilles du matin au soir pour positiver et trouver le bonheur n’aboutissent, en réalité, qu’à te focaliser sur ce qui te manque. Dans le genre faisceau laser, ils pointent sur tes défauts et tes ratages. Dans le style loupe, ils les grossissent pour que tu les voies en énorme. Du coup, tu potasses les meilleures stratégies pour te faire de la thune parce que tu penses que tu n’as pas assez comme ça... »

10000001700010 / HEK293 / 978-2-940631-11-7 / SV40 / W02020060606
jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction ...
les chiens aboient, la caravane passe...
Kandide
SenorMicky a écrit :
L'art subtil de s'en f*utre de Mark Manson 2017

« ...Si l’amélioration de soi et la réussite vont souvent de pair, elles ne se confondent pas pour autant. Le discours ambiant est saturé jusqu’à l’obsession d’injonctions à positiver. Sois plus heureux, sois en meilleur santé, sois le meilleur, meilleur que les autres, sois plus intelligent, plus rapide, plus riche, plus sexy, plus populaire, plus productif, toujours plus envié et admiré. Sois parfait, pour ne pas dire exceptionnel, […] envole-toi en hélico vers ton boulot hyper gratifiant où tu passes d’intéressantes journées à sauver la planète. Seulement quand tu appuies sur pause deux secondes pour réfléchir, tu t’aperçois que les conseils dont on te rabat les oreilles du matin au soir pour positiver et trouver le bonheur n’aboutissent, en réalité, qu’à te focaliser sur ce qui te manque. Dans le genre faisceau laser, ils pointent sur tes défauts et tes ratages. Dans le style loupe, ils les grossissent pour que tu les voies en énorme. Du coup, tu potasses les meilleures stratégies pour te faire de la thune parce que tu penses que tu n’as pas assez comme ça... »

La plupart des gens manque simplement d'Amour...
Mais ils courent éperdument vers l'argent ou du consumérisme effréné...
Ce n'est pas de leur faute, nous sommes formaté dès le plus jeune âge...



Je le répète:
La plupart des gens manque simplement d'Amour...

PEACE & LOVE
jules_albert


https://www.editions-allia.com(...)ature

Alors que s'alignaient sur les boulevards force de l'ordre et manifestants, que l'émeute essaimait d'un bout à l'autre de la France et que la parole tournait au centre des ronds-points, les Culturés étaient absents ou maugréaient, et les lettrés se rendaient compte qu'ils n'avaient rien à dire : parce qu'ils ne savaient pas dire, parce que toute leur expérience du discours, c'est celle de la dépossession de l'action. Ils étaient, ils sont esthétiquement sur la touche. Les Culturés, ces démocrates autoproclamés, de tout cœur avec les Résistants dans les textes, ennemis de toutes les dictatures dans les discours, sont restés chez eux pendant qu'on énucléait et qu'on mutilait ; dans leur majorité : car j'en ai aussi entendus qui, tout en déplorant certes la misère du peuple, certes l'horreur de la violence policière, approuvaient "quand même" la répression, réitérant ainsi les horreurs de Victor Hugo ou Lamartine à propos des journées de juin 1848, ou de Flaubert et Zola à propos de la Commune. Ainsi, l'un des rares lettrés à avoir sauvé l'honneur d'une activité, l'écriture, dans ce conflit social inattendu, François Bégaudeau, passe à côté du fait que bon nombre de Culturés en voie de prolétarisation continuent d'être les soutiens bornés des start-uppers liquides. Leur positionnement, en retrait, donc de complicité passive, expose aux yeux de tous ce paradoxe : les "gardiens du temple" de la Littérature et de la Philosophie aujourd'hui sont du côté du bavardage stérile, la parole vive leur échappe totalement, et quand elle surgit, ils la méprisent.

Pourtant, les Culturés en sont bien arrivés à la liquidation de leur petite boutique : institutions et statues se trouvent progressivement asphyxiées. Et, osons contredire la fable qu'ils aiment à se raconter pour meubler leur nostalgie, ce n'est pas parce qu'elles gêneraient l'ordre établi, bien au contraire : d'une part, le marché qu'ils représentent est devenu beaucoup trop étroit et peu rentable à l'heure des marchés de masse créés par Internet, où le modèle de consommation est celui de la pseudo-gratuité et du micro-paiement ; d'autre part, la prise en charge du temps libre a changé de forme avec ces mutations technologiques. Le divertissement peut migrer de média en média sans problème, et le Capital préside à ces migrations au fil des révolutions technologiques, s'investissant là où la rentabilité est la plus grande. L'industrialisation de la prise en charge du temps libre est désormais achevée, avec des moyens très puissants pour provoquer addiction, déconcentration, passivité face au discours : de YouTube à Netflix et autres plateformes comparables, la vidéo devenue disponible à chaque instant y tient un rôle majeur et écrase progressivement tout le reste, avec le genre redoutable de la série (qui s'apparente souvent à un pur évidement du temps libre) et son proche cousin le jeu vidéo, dans lequel s'éprouve la liberté d'un rat déambulant dans un labyrinthe.

La fiction sociale-démocrate de la Culture a fait son temps, l'alignement sur les canons du divertissement de masse sous tous ses aspects est de moins en moins voilé, tandis que les formes moins rentables dépérissent ; elles sont embaumées dans des lieux d'ennui et de distinction sociale que l'État subventionne de plus en plus chichement tout en exigeant une mise aux normes du divertissement contemporain : scènes nationales, écoles, musées... En vérité, malgré les cris d'orfraie poussés ça et là, ce qui me frappe, c'est que dans leur ensemble, les Culturés eux-mêmes ont déjà largement suivi le mouvement, se gavant de séries américaines et d'expositions racoleuses, révélant en cela qu'ils ne faisaient pas vivre l'arbre, mais se suspendaient à ses branches. Ils s'étaient installés depuis longtemps dans la situation du rentier bâillant devant la source de ses rentes.

Quant aux pratiques culturelles par lesquelles le Capital se célèbre... on a assisté à de grands progrès ces dernières décennies, grâce à la logique même des avant-gardes, qui prétendaient en dévoiler les mécanismes et n'ont fait que lui servir sur un plateau son fantasme absolu : la valeur se créant elle-même. On devrait s'étonner que Banksy ait attendu 2018 pour (rater) sa Girl with Balloon. Une bourgeoisie inculte (selon les Culturés) n'est ni meilleure, ni pire qu'une bourgeoisie cultivée (selon les Culturés) : mais elle ne subventionne plus les mêmes griots. L'entretien du lourd édifice littéraire coûte cher (sinon en argent, du moins en temps). Latin et grec n'en imposent plus et ne s'imposent plus, encore moins depuis Vatican II. Rabelais, Racine, Balzac, Zola ou Proust, "bof, bof, bof..."

"La bourgeoisie ? Elle n'a aucun goût pour le langage, qui n'est même plus, à ses yeux, luxe, élément d'un art de vivre (mort de la 'grande littérature'), mais seulement instrument ou décor (phraséologie)." (Roland Barthes, Le Plaisir du texte). La liquidation de toute cette quincaillerie est possible : la légèreté de l'art contemporain, aboutissement du Parnasse increvable, a un potentiel spéculatif bien plus grand, et en plus il est soluble dans les mondanités aussi bien que dans Instagram : amazing !

Baptiste Dericquebourg, Le deuil de la littérature, page 75.
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert


Les mémoires de Jean Malaurie qui vient de fêter son centième anniversaire :

De la pierre à l'âme, ce grand livre est l'aboutissement d'une vie de recherches et d'exploration menées par Jean Malaurie dans l'Arctique, tout autour du cercle polaire ; du Groenland, point de départ du périple, jusqu'à la Tchoukotka sibérienne, durant plus de cinquante ans.
C'est aussi une œuvre de mémoire, un retour sur soi, une tentative jamais achevée d'élucidation intérieure, une somme intellectuelle qui plonge dès le début le lecteur dans l'effervescence intellectuelle des années de l'immédiat après-guerre.

"Je n'enseigne pas, je raconte" dit Jean Malaurie, dont le propos scientifique ou ethnographique n'est jamais didactique, mais s'inscrit dans une aventure personnelle faite de rencontres, d'épreuves, d'obstacles au travers du récit d'une errance souvent périlleuse au milieu d'un décor grandiose. Jean Malaurie est un conteur donnant à lire, à la manière d'un Jules Verne, les tribulations d'un géographe dans le grand nord.

De la pierre à l'âme est un texte d'apprentissage et une quête initiatique menant de l'étude de la pierre à travers le prisme d'une science exacte, la géomorphologie, à l'animisme et au sacré. L'histoire d'un chemin de Damas qui conduit un jeune géographe épris de chiffres et schémas à une conversion du regard au contact des Inuit. Au terme d'une lente et douloureuse chrysalide, le narrateur est " inuitisé " et Jean Malaurie raconte ici les moments exceptionnels de communion avec le cosmos vécus auprès d'un peuple animiste.

On ne peut qu'être frappé par l'actualité et le caractère prophétique de ce livre entrepris il y a déjà une décennie et revenant sur une aventure humaine inaugurée il y a soixante-dix ans. Jean Malaurie y dénonce le lien rompu avec le cosmos, la destruction de la faune et des milieux naturels, la réduction de la biodiversité, l'exploitation productiviste des ressources, l'agonie programmée de ces " sentinelles " que sont les peuples racines. "Dans le regard d'un chien ou d'un oiseau, il y a une telle humanité que l'on est pris par la nostalgie d'un paradis perdu".

https://www.telerama.fr/livre/(...)6.php

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Kandide
jules_albert a écrit :


https://www.editions-allia.com(...)ature

Alors que s'alignaient sur les boulevards force de l'ordre et manifestants, que l'émeute essaimait d'un bout à l'autre de la France et que la parole tournait au centre des ronds-points, les Culturés étaient absents ou maugréaient, et les lettrés se rendaient compte qu'ils n'avaient rien à dire : parce qu'ils ne savaient pas dire, parce que toute leur expérience du discours, c'est celle de la dépossession de l'action. Ils étaient, ils sont esthétiquement sur la touche. Les Culturés, ces démocrates autoproclamés, de tout cœur avec les Résistants dans les textes, ennemis de toutes les dictatures dans les discours, sont restés chez eux pendant qu'on énucléait et qu'on mutilait ; dans leur majorité : car j'en ai aussi entendus qui, tout en déplorant certes la misère du peuple, certes l'horreur de la violence policière, approuvaient "quand même" la répression, réitérant ainsi les horreurs de Victor Hugo ou Lamartine à propos des journées de juin 1848, ou de Flaubert et Zola à propos de la Commune. Ainsi, l'un des rares lettrés à avoir sauvé l'honneur d'une activité, l'écriture, dans ce conflit social inattendu, François Bégaudeau, passe à côté du fait que bon nombre de Culturés en voie de prolétarisation continuent d'être les soutiens bornés des start-uppers liquides. Leur positionnement, en retrait, donc de complicité passive, expose aux yeux de tous ce paradoxe : les "gardiens du temple" de la Littérature et de la Philosophie aujourd'hui sont du côté du bavardage stérile, la parole vive leur échappe totalement, et quand elle surgit, ils la méprisent.

Pourtant, les Culturés en sont bien arrivés à la liquidation de leur petite boutique : institutions et statues se trouvent progressivement asphyxiées. Et, osons contredire la fable qu'ils aiment à se raconter pour meubler leur nostalgie, ce n'est pas parce qu'elles gêneraient l'ordre établi, bien au contraire : d'une part, le marché qu'ils représentent est devenu beaucoup trop étroit et peu rentable à l'heure des marchés de masse créés par Internet, où le modèle de consommation est celui de la pseudo-gratuité et du micro-paiement ; d'autre part, la prise en charge du temps libre a changé de forme avec ces mutations technologiques. Le divertissement peut migrer de média en média sans problème, et le Capital préside à ces migrations au fil des révolutions technologiques, s'investissant là où la rentabilité est la plus grande. L'industrialisation de la prise en charge du temps libre est désormais achevée, avec des moyens très puissants pour provoquer addiction, déconcentration, passivité face au discours : de YouTube à Netflix et autres plateformes comparables, la vidéo devenue disponible à chaque instant y tient un rôle majeur et écrase progressivement tout le reste, avec le genre redoutable de la série (qui s'apparente souvent à un pur évidement du temps libre) et son proche cousin le jeu vidéo, dans lequel s'éprouve la liberté d'un rat déambulant dans un labyrinthe.

La fiction sociale-démocrate de la Culture a fait son temps, l'alignement sur les canons du divertissement de masse sous tous ses aspects est de moins en moins voilé, tandis que les formes moins rentables dépérissent ; elles sont embaumées dans des lieux d'ennui et de distinction sociale que l'État subventionne de plus en plus chichement tout en exigeant une mise aux normes du divertissement contemporain : scènes nationales, écoles, musées... En vérité, malgré les cris d'orfraie poussés ça et là, ce qui me frappe, c'est que dans leur ensemble, les Culturés eux-mêmes ont déjà largement suivi le mouvement, se gavant de séries américaines et d'expositions racoleuses, révélant en cela qu'ils ne faisaient pas vivre l'arbre, mais se suspendaient à ses branches. Ils s'étaient installés depuis longtemps dans la situation du rentier bâillant devant la source de ses rentes.

Quant aux pratiques culturelles par lesquelles le Capital se célèbre... on a assisté à de grands progrès ces dernières décennies, grâce à la logique même des avant-gardes, qui prétendaient en dévoiler les mécanismes et n'ont fait que lui servir sur un plateau son fantasme absolu : la valeur se créant elle-même. On devrait s'étonner que Banksy ait attendu 2018 pour (rater) sa Girl with Balloon. Une bourgeoisie inculte (selon les Culturés) n'est ni meilleure, ni pire qu'une bourgeoisie cultivée (selon les Culturés) : mais elle ne subventionne plus les mêmes griots. L'entretien du lourd édifice littéraire coûte cher (sinon en argent, du moins en temps). Latin et grec n'en imposent plus et ne s'imposent plus, encore moins depuis Vatican II. Rabelais, Racine, Balzac, Zola ou Proust, "bof, bof, bof..."

"La bourgeoisie ? Elle n'a aucun goût pour le langage, qui n'est même plus, à ses yeux, luxe, élément d'un art de vivre (mort de la 'grande littérature'), mais seulement instrument ou décor (phraséologie)." (Roland Barthes, Le Plaisir du texte). La liquidation de toute cette quincaillerie est possible : la légèreté de l'art contemporain, aboutissement du Parnasse increvable, a un potentiel spéculatif bien plus grand, et en plus il est soluble dans les mondanités aussi bien que dans Instagram : amazing !

Baptiste Dericquebourg, Le deuil de la littérature, page 75.
jules_albert


https://www.editionslatableron(...)09583

« J’aurais voulu être Alexander Trocchi. J’aurais voulu être aussi beau, aussi singulier, aussi talentueux que lui. J’aurais aimé moi aussi être un séducteur en série, un libertin sans entraves. Moi aussi, j’aurais été adulé par Patti Smith, William Burroughs, Allen Ginsberg, Jim Morrison, Leonard Cohen, John Lennon ou Eric Clapton. En Alexander Trocchi, j’ai cru voir mon envers solaire, mon frère de lumière, un modèle, un exemple à suivre. Il avait fait de sa vie une œuvre d’art. Et puis, un jour, j’ai découvert qui il était vraiment. » - Ch.B.

Proche de Debord, Alexander Trocchi (1925-1984), lettriste puis situationniste, a été éditeur à Paris, journaliste puis capitaine de chaland à New York, et serait peut-être devenu un grand écrivain s’il n’avait eu un talon d’Achille : l’héroïne, dont il était un fervent défenseur. Détesté par les bienpensants, poursuivi par la police, il a passé son temps à fuir les autorités comme les responsabilités. Évoquant une époque bohème presque irréelle, Christophe Bourseiller réhabilite ce personnage déclassé, hors norme, « dandy psychédélique » pour les uns et « Camus écossais » pour les autres.


Par ailleurs, il faut signaler la nouvelle collection de L'Echappée consacrée au vieux Paris : https://www.lechappee.org/coll(...)perdu



Les quatre mousquetaires de Montmartre. C’est ainsi qu’on appelait la joyeuse bande d’auteurs et d’amis composée de Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès… et André Warnod. Écrivain, essayiste, journaliste, illustrateur et critique d’art, ce dernier n’a cherché ni la gloire ni la postérité. Il est pourtant l’auteur d’une œuvre considérable sur l’art et l’histoire de Paris. Flâneur invétéré, conteur incontournable, il n’a eu de cesse de déambuler dans l’ombre pour livrer les innombrables secrets que recèlent les rues de la Ville-Lumière. Qui se souvient de la fête des fleurs et de la foire à la ferraille?? De la cavalcade du Rougevin?? Des bals et des bistrots par milliers?? Des dessinateurs affabulateurs et des discrets photographes?? Des chanteuses s’époumonant sur le macadam et des gamins galopant à folle allure?? Printemps, été, automne, hiver, chaque saison est l’occasion d’infinies rêveries. André Warnod nous rappelle que Paris, avant d’être une fête, était un plaisir.


Un livre sur Fréhel à paraître en octobre 2025 :
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert

Baudouin de Bodinat, Eugène Atget, poète matérialiste

"C’est une femme, elle-même photographe, Bérenice Abott, qui aura eu l’intuition de sauvegarder le travail, à la fin colossal, d’un homme que ses contemporains goûtaient peu. Il avait justement pour vocation de voir et de capter, sensiblement, les derniers rayons d’une lumière et d’une vie, à la fois pauvre et luxueuse, qui animaient une ville au temps que la frénésie du progrès et du retour sur investissement ne l’avaient pas encore complètement bousillée."





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Lao
  • Lao
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  • Publié par
    Lao
    le 01 Janv 2023, 17:04
Je viens de finir "Il est parmi nous" de Norman Spinrad.


Comme souvent chez cet auteur on a le droit à un bestiaire humain assez hétéroclite, un comique qui vient du futur et qui se préoccupe de l'évolution de la situation écologique, une coach new age usant de lucidogènes à l'occasion (l'auteur connaît bien aussi), un auteur de SF (qui peut parfois rencontrer Spinrad ), un agent de stars sans scrupule qui prend le comique sous sa coupe, un producteur TV évidemment obsédé par l'audimat, tout ça dans cette belle région de Californie où l'industrie principale c'est le show-biz (dont Spinrad affectionne le ridicule, il n'en est pas à son premier essai). On a aussi de belles peintures acides des fans de SF qui se rencontrent dans les conventions idoines
Et puis, on suit également une fille à New-York qui devient adepte du crack, descend inexorablement dans la déchéance (Spinrad sait être cru ... très cru) et les bas-fonds de la grosse pomme, y rencontre les rats ....
On attend d'ailleurs assez longtemps la rencontre de ces 2 scénarios parallèles.

Un peu long mais époustouflant. Du grand Spinrad - Bon, c'est évidemment subjectif, je me sens assez proche de ce auteur en général.

Quelques petites citations ? (le verbe de Spinrad est assez délicieux souvent)
Citation:
— En fait, je servais de chauffeur à la bombe de journaliste française qui a réussi à obtenir la dernière interview de Watts [Alan Watts], mentit Dexter. .... L’important, c’est que j’ai effectivement fini par poser une question. .... Je lui ai donc demandé ce qu’il pensait de tous ces millions de gens qui utilisaient le LSD comme raccourci technologique vers le satori au lieu de suivre diligemment la voie naturelle ardue du Zen. .... Il s’est contenté de sourire et il m’a regardé bien en face.
« Pourquoi choisir un char à bœufs, qu’il a dit, quand on peut prendre un avion à réaction ? »
Citation:
« Le couronnement de la création, c’est nous ! La Grande Betterave céleste de la Double Hélice, c’est nous ! Je vous le dis, mes frères et mes sœurs, j’ai vu la Lumière et c’est nous, oh ouais ! Le moment est venu de détourner ce vieil avion pourri qui menace de finir dans la cuvette des chiottes et de dire aux types qui sont dans le cockpit de nous emmener au Pays de Demain !
Citation:
« Salut, Bande de Macaques, ici le Capitaine Ralf ! bienvenue sur le Vaisseau Terre, avait-il lancé en imitant à la perfection le débit monotone d’un pilote, avant de se figer, les mains sur les hanches, tel un poster pour Le Retour du Portier du Circus Circus. Nous allons voler vers le Pays de Demain avec un facteur de distorsion frappadingue, et il est plusieurs millions d’années trop tard pour débarquer si vous croyez avoir pris le mauvais vol. »
Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.
Kandide
Quelqu'un a lu: Ecotopia de Callenbach ?
jules_albert







Jacques Ellul (1912-1994) a consacré l’essentiel de sa réflexion à l’impact des techniques sur les sociétés contemporaines. Bien plus connus aux États-Unis qu’en France, ses livres sortent aujourd’hui du purgatoire, où ils rencontrent la conscience écologique d’un nouveau public :
https://www.lechappee.org/coll(...)ombat


"Tout en livrant une critique fondamentale du développement exponentiel, Ellul et Charbonneau ouvrent des perspectives pour une nécessaire révolution, car chez eux, la théorie n’est jamais séparée de l’action.
Bouleversement de la condition humaine par la technoscience, idéologie du changement perpétuel, course à la puissance militaire et industrielle, artificialisation galopante de notre milieu de vie, massification de la culture, centralisation politique et économique... Face à un prétendu « Progrès » qui menace à la fois la nature et la liberté, Jacques Ellul et Bernard Charbonneau mettent en cause la civilisation de croissance. Ils nous exhortent à résister au bulldozer du développement, à transformer nos modes d’existence, à préserver la paysannerie et les sociétés locales. C’est à une véritable conversion, dans les principes comme dans les pratiques, que chacun est appelé.
À l’heure où l’écologie est largement dévoyée dans sa traduction politicienne, ces penseurs phares continuent de nous guider. Pour ne jamais perdre de vue la nature du combat."


Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert


Paru le 13 janvier : https://www.lechappee.org/coll(...)ience

Sur tous les sujets politiques, les opinions sont aujourd’hui de plus en plus tranchées. « Progressistes » ou « réactionnaires », celles et ceux qui les énoncent procèdent de la même manière : en ciblant une catégorie d’individus porteuse de tous les maux, en mettant sur le même plan des phénomènes qui n’ont rien à voir, et en réécrivant le passé. Aveugles aux faits qui démentent leurs convictions, les esprits militants considèrent toute contradiction comme inacceptable, voire dangereuse.

À la racine de ce type d’attitude, on trouve ce que Joseph Gabel appelait la fausse conscience, soit l’altération du contact vital avec la réalité. Elle est au fondement des idéologies, applications de systèmes abstraits et rigides, fermés à l’expérience, appréhendant les êtres humains comme des objets. Le nazisme et le stalinisme en ont été les exemples les plus extrêmes.

Mais comme le suggère Gabel, c’est en fait l’organisation capitaliste et technocratique de notre société qui favorise le développement de la fausse conscience : la prépondérance de l’avoir sur l’être, de la quantité sur la qualité, de même que la dépersonnalisation et la réification, y abolissent toute dimension humaine.

Livre culte de la critique sociale, célèbre dans le monde entier, La Fausse Conscience, publié en 1962, nous revient aujourd’hui dans une édition augmentée : une lecture plus nécessaire que jamais.


Textes ajoutés :
Psychologie du stalinisme (1949)
Signification du maccarthysme (1954)
Racisme et aliénation (1982)
La conscience bureaucratique (1990)
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

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jules_albert



Une couronne pour Don :

L'œuvre de Donald Westlake (rappelons que Westlake écrit sous trois identités différentes. Il est Donald Westlake, il est aussi Richard Stark, il est aussi Tucker Coe) appartient à la période de décadence du polar classique. Elle se fait et se présente au moment où le polar cesse d'être la grande littérature morale de son époque, et où du même pas la forme-polar est, depuis un bout de temps déjà, récupérée et banalisée par des marchands d'ersatz (Hadley Chase, Cheney, Spillane). Les marchands d'ersatz ne sont pas forcément sans qualités ni talent. Mais Westlake en a davantage, et il est plus intelligent qu'eux ; il possède aussi bien qu'eux la forme-polar, et il possède mieux qu'eux la connaissance qui va avec. Bon app ! qui est son premier polar, traduit dans la Série noire, se manifeste comme exercice de style parfait. Très vite, Westlake abandonne le pur exercice de style, et, en même temps, il ne l'abandonne pas. Très vite, la production la plus connue et la plus vendue de Westlake va être la série signée Richard Stark, exercice de style qui ironise sur soi-même.

C'est que, dans la série signée Stark, notre bonhomme, d'abord, donne à la forme-polar un contenu spécialement moderniste, attrayant et commercialisable. Les Stark ont pour héros un casseur nommé Parker. Parker est un travailleur indépendant (comme Walter Matthau dans le joli petit film starkien de Don Siegel, Charley Varrick). Dans la plupart de ses aventures, Parker forme une équipe pour un casse, ce casse est vivement exécuté, puis une complication surgit par la faute d'un personnage secondaire qui n'a pas les qualités de Parker, et il en résulte des péripéties extrêmement violentes, avant que Parker reparte vers une nouvelle aventure, un nouveau coup. Il repart souvent avec de l'argent. C'est ainsi qu'il gagne sa vie, et grâce à ses belles qualités. Quelles sont ses belles qualités ? L'insensibilité, la brutalité, l'obstination, la capacité professionnelle, la force. Parker est un sauvage. Le subtil Westlake (Stark) n'a pas manqué de nuancer le caractère de son personnage, qui n'est pas totalement insensible, etc. Mais l'habile Stark (Westlake) a encore moins manqué de marquer ce caractère à gros traits : Parker a des tendons comme des cordes, il tue froidement quiconque l'embête, c'est un demi-analphabète, c'est un baiseur bestial, etc. Parker se suffit à lui-même. C'est un loup.

Évidemment, nous reconnaissons aussitôt en Parker un vieux rêve américain, à présent très dégradé. Les beaux cow-boys ont beau fuir les barbelés, les agressives femmes de l'Est, et jusqu'au Rio Bravo, et jusqu'en Afrique (cinéphiles, vous savez de quoi je parle), la civilisation moderne, c'est-à-dire le salariat, les a rattrapés partout. Pour conserver leur indépendance, et à moins de devenir flics privés, il leur faut devenir brigands, et des brigands de moins en moins éthiques et romantiques. Parker est un fantasme compensateur pour salariés. Stark-Westlake a mis commercialement dans le mille. Marchand d'illusion, marchand d'ersatz.

Mais pas seulement. Car, à la différence des commerçants contents de l'être, Westlake-Stark-Coe ne cesse de prévenir son monde, il ne cesse d'avertir le lecteur (le client) sur la nature exacte de la marchandise qu'il produit. Il avertit de deux façons, qui peut-être n'en font qu'une : par l'humour et par l'outrance ; par l'excès, par l'ironie. Ironie ouverte des bouquins ouvertement humoristiques. Mais ironie aussi des Coe outrageusement glauques, ironie des Stark où Parker-la-bête, courant après son blot avec une obstination démente, a dû laisser sur le carreau, en moins de vingt volumes, plus de cinquante cadavres. Ironie culminant dans le pastiche de Westlake par lui-même : ses héros Kelp et Dortmunder vont jusqu'à s'inspirer d'un livre de Richard Stark pour monter un coup (et bien sûr, tout ce qui marchait comme sur des roulettes pour Parker foire pour Kelp et Dortmunder...).

Ironie adéquate. Quand l'époque du grand polar classique est passée, et quand cependant on aime le polar et l'on a envie d'en écrire, assurément la solution Westlake est la plus élégante.

Ironie, outrance, rigolade référentielle. Connaissance du fait que le "drame" de l'écrivain est une de ces fameuses "situations désespérées mais non sérieuses", où lui-même plonge en riant de ses personnages. Drame menu, qui ne mérite pas qu'on écrive des tartines universitaires sur le "métalangage", et mérite plutôt qu'on écrive le formidable Adios Schéhérazade, hilarante tragédie d'un auteur de pornos à la chaîne, frappé par une crise de créativité...

Tout ce que Westlake a écrit sous des identités diverses est bon, et presque tout est mieux que bon.

Jean-Patrick Manchette, Chroniques, page 66
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf

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