Jean-François Braunstein, La philosophie devenue folle (Le genre, l'animal, la mort)
Un extrait de cet excellent ouvrage :
Les militants du genre considèrent en général la biologie comme un adversaire, dans la mesure où ce serait une discipline "essentialiste". Il est courant dans les "études de genre" de s'en prendre au "privilège épistémique" de la biologie qui prétend qu'il existerait dans la nature deux sexes, masculin et féminin : "La biologie nous biaise. Patriarcale elle s'est vautrée dans l'androcentrisme et l'hétérosexisme, deux maladies dont il faut la guérir, faute de quoi elle se condamne à clocher quand elle parle des femmes."
Seule serait alors acceptable une biologie ouvertement "située", c'est-à-dire féministe, contre la biologie faussement objective, qui n'est que l'expression de préjugés virilistes voire racistes. Nous voici revenus à la
bonne vieille distinction stalinienne entre les deux sciences, la "science prolétarienne" contre la "science bourgeoise", remplacées ici par la science "gynocentrique, matriarcale ou homosexiste" contre la science "patriarcale".
*Il est piquant de rappeler que c'est Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale de Nicolas Sarkozy, qui avait introduit l'étude du genre dans les programmes de biologie de terminale, plutôt que dans les programmes de philosophie, accédant ainsi aux demandes des militants du genre les plus radicaux. On comprend que cette initiative n'ait pas suscité l'enthousiasme des professeurs de biologie, qui ont la faiblesse de penser que la discipline qu'ils enseignent est une science.
Les commissaires politiques du forum apprécieront.