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jules_albert



Surgissant à l'aube, à proximité de l'océan, un automobiliste file à travers une forêt, tel le cavalier du Roi des aulnes ; soudain...

Sally Eastman est une fascinante jeune femme, à l'étrange blondeur solaire, d'une impressionnante beauté. Mariée à Vincent, elle a une fille, Meaghan, qui semble son propre reflet et dont le regard, comme le sien, reflète l'océan. Architectes tous deux, Sally et Vincent ont créé un cabinet d'architecture. Bel homme, séduisant, Vincent, de goûts simples, paraît écrasé par la trop forte personnalité de Sally, être d'une intelligence exceptionnelle, hors du commun, ambitieuse, rigoureuse dans ses principes, d'apparence doctorale, froide, austère, mais brûlant d'une vie affective, d'une sensualité, d'un feu intérieur intenses. Pour tenter de se protéger de cette domination, Vincent cherche refuge auprès d'Olivia Marshak, journaliste sans grande personnalité mais rassurante, "à sa hauteur". C'est alors que Vincent laisse deviner, malgré lui, à Sally un choix de rupture qui va provoquer chez elle une réaction glaciale suivie, à l'instar d'Electre, d'un déploiement d'imprécations d'une effrayante puissance. Prisonnier de ses peurs, désemparé, Vincent, sur le point de rejoindre Olivia, lui écrit une lettre de renoncement, mais ne se résout pas à la poster, laissant, au contraire, un message d'espoir sur son répondeur... Puis, il reprend sa course vers Olivia, mais elle sera brutalement interrompue à l'intersection fatale d'une autre route masquant le Styx... L'horloge du fatum, seule, continuera sa course... Au seuil du néant, dans une ultime vision, incapable de comprendre les gestes d'invitation au voyage que lui font Sally et Meaghan, de la poupe de leur voilier cinglant vers la lumière de l'horizon, Vincent se "verra" suivre Olivia dans les ténèbres des abysses. Sally, du haut de sa toute-puissance, dévisagera une dernière fois Olivia, prostrée par la mort de Vincent, puis, ayant égrené au fil d'une eau venue du Styx les morceaux de la lettre retrouvée sur lui, détournant avec amertume et pitié son regard, comme Carly Norris à la fin de Sliver, le dirigera là où l'horloge du temps détermine le cours des destinées humaines.

"Base Stone", le gigantesque musée ethnographique en forme de temple construit sous la direction de Sharon Stone par Vincent aux abords du Pacifique, est le sanctuaire d'où il arrivera que son messianisme initiatique se métamorphose en une fureur missionnaire, comme dans le prologue de Basic Instinct, l'épilogue de Sliver, et pendant la "nuit du destin" où Sally, investie de la puissance des dieux, menacera Vincent des foudres de l'Apocalypse... La Parque de Basic Instinct engendre celles de Sliver et d'Intersection, au fil des colères punitives et destructrices qui les déchaînent, armant le bras de Sally qui, brisant le miroir, fusionnant inexorablement l'humain et le surhumain, abattra l'épée de Damoclès sur Vincent.

L'insignifiance de la relation de Vincent et d'Olivia est à l'échelle du projet miniaturisé de la villa conçue par Vincent où pour y emménager, Olivia voudrait mesurer "cinq centimètres"; projet sur lequel s'étend l'ombre grandiose et menaçante du temple conçu par Sally, réceptacle des civilisations disparues du fait de l'inconséquence aveugle et destructrice d'une société décadente, en perte de cultures et de repères, ne s'interrogeant même pas sur la valeur des valeurs que les marchands du temple cherchent à lui imposer, pour tenter de les substituer aux vrais dieux qui y siègent, et où Sally, impériale déesse tutélaire des lieux, réinstallant Rome dans Rome en y établissant le stonisme pour un "Sharon Stone Age", apparaît le soir de l'inauguration, tenant sa fille à ses côtés.

Sharon Stone, dont l'intelligence et la lucidité de Mark Rydell ont été de savoir saisir la richesse des nuances dramaturgiques, insuffle à toutes les strates d'Intersection - admirable partition de James Newton Howard, parfois proche de Rimski-Korsakov, de Debussy et de Ravel, superbe photographie de Vilmos Zsigmond - le souffle de son génie créateur en auteur dont l'évidence et l'influence se confirment et s'affirment de film en film. Sharon Stone, unissant Électre, Salomé et Antigone, est bien la plus grande et la plus belle tragédienne contemporaine.

Jacques Saada
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jules_albert


Une mystérieuse jeune femme blonde, d'une grande distinction, emménage dans un sliver, immeuble à l'architecture élégante et racée d'un quartier résidentiel de New York : Carla, "Carly", Norris, directrice littéraire d'une maison d'édition, est de retour dans la société au terme d'un divorce qui a mis cruellement fin à quelques années de mariage. Or, Naomi Singer, précédente locataire de l'appartement de Carly, vient d'y trouver une mort horrible. Carly fait alors la connaissance de ses voisins : Zeke, un riche héritier fanatique de vidéo, et Jack, un écrivain "branché" à la mode, qui semblent être les protagonistes de jeux pervers ; Gus Hale, un vieux professeur qui éclaire de sa culture cette atmosphère ténébreuse : sa mort, apparemment naturelle, trouble profondément Carly. Vida, avec laquelle Carly tendrait à sympathiser, est elle-même victime d'un meurtre d'aspect rituel... Une menace environnante, omniprésente bien qu'invisible, resserre inexorablement son étau sur Carly...

Carly a été meurtrie par la vie et nous le dévoile dans la sublime scène de la salle de bains : debout devant son miroir, après s'être longuement dévisagée, interrogée sur son passé, accompagnée de variations au piano venues de L'Amour et la vie d'une femme de Schumann, elle laisse pensivement errer la main sur son corps, songeant peut-être aux étreintes de ce passé. Elle s'éloigne, puis, enjambant sa baignoire, se glisse, frissonnante, dans l'eau, son visage contracté, tendu par son trouble intérieur, par des sensations anciennes ressurgissant au plus profond de son être, dans une solitude qui l'égare, non vers le plaisir, mais vers le souvenir du plaisir... Jusqu'au moment où nous pressentons qu'elle va redevenir maîtresse d'elle-même et de son destin : dans la façon d'inviter ses voisins pour les observer ; dans sa course panthéiste à travers le bois ; dans son regard, à la densité venue d'ailleurs, sur le père incestueux et sa petite fille dont il étreint la main ; dans le travelling sur son corps sculptural après l'amour ; dans sa manière de caresser, en signe d'adieu, le visage de son amant.

Dans le cadre du prodigieux décor de la "régie", en forme de théâtre antique, conçue par Zeke, où l'humanité est symboliquement "répartie" sur des gradins figurés par une multitude d'écrans, Carly, ayant anéanti l'appareil démoniaque du voyeurisme totalitaire de Zeke ("Câblons la ville !"), lui apparaîtra une dernière fois, dans un saisissant clair-obscur, telle la statue du châtiment pour celui qui voulait "jouer à être Dieu". Châtiant ce crime en éteignant avec sa télécommande tous les écrans, nous privant de la faculté de regard sur un univers que nous sommes devenus indignes de contempler, elle nous renvoie brutalement aux réalités de l'existence, lançant à Zeke terrifié : "Assume ta vie !" ; Sharon Stone conférant à son personnage une dimension surnaturelle dans cette scène finale où elle fait planer, suivant l'expression de Loti, "comme un prélude d'apocalypse jetant l'effroi des fins du monde".

Toute la gravité du propos nous est restituée par le visage de Sharon Stone, bouleversante comme l'Isolde de Wagner. Chacun de ses gestes, chacune de ses expressions, de ses intonations, est un monument de sensibilité, la manifestation d'une culture à l'âge d'or d'une civilisation.

Sliver - parcouru par une partition de Howard Shore proche de Mahler et admirablement photographié par Vilmos Zsigmond - se révèle être, au-delà des mille yeux du Diabolique docteur Mabuse de Fritz Lang, un magistral constat de la décadence de cette fin de siècle d'où, par la grâce lumineuse et le génie de Sharon Stone, la grandeur de Carly fait poindre une nouvelle aube.

Jacques Saada
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jules_albert


Année 1973. Las Vegas, temple de l'argent, est gouvernée, de manière occulte, par le tout-puissant syndicat des camionneurs. Sous son autorité, Sam « Ace » Rothstein, homme impitoyable avec les tricheurs, règne sur l'hôtel-casino Tangiers. Il se laisse séduire par une virtuose de l'arnaque, d'une impressionnante beauté, Ginger McKenna. Nicky Santoro, ami d'enfance, devenu son homme de main, s'allie avec Ginger qui, incomprise de Sam, sombre dans l'alcool et la drogue. Dès lors, les affrontements du trio vont inquiéter leurs parrains, surveillés de plus en plus étroitement par la police et le FBI. Un effrayant et ultime affrontement entre Ginger et Sam entraînera l'effondrement de l'empire...

Casino est une de ces œuvres phares qui, à un moment donné, nous offrent la somme et le dépassement de ce que périodiquement une civilisation engendre de plus achevé. Grandiose et intimiste, Casino est la formidable résultante de la rencontre de deux génies créateurs : Sharon Stone et Martin Scorsese, entraînant avec eux un Robert De Niro et un Joe Pesci exceptionnels. La richesse et la perfection de Casino en font une œuvre aussi dense et essentielle, par la réflexion sur le pouvoir qu'elle délivre, qu'Ivan le Terrible d'Eisenstein ; outre que, dans le cas présent, cette œuvre associe la réflexion sociologique d'un Coppola à la réflexion politique d'un Visconti. Martin Scorsese y fait montre d'une science prodigieuse du rythme, du contrepoint visuel, sonore et musical à l'égal de La Passion selon saint Matthieu de Bach qui ouvre et clôt l'oeuvre. L'admirable partition composée par Georges Delerue pour Le mépris de Godard y est encore densifiée, puisqu'elle est ici le reflet d'une triple désagrégation : celle d'un couple comme dans Le mépris, celle d'une amitié et celle d'un empire. Elle annonce l'obsédante ballade d'Alan Price, "The House of the Rising Sun", planant sur la destinée des protagonistes de cette immense tragédie, parabole d'une grandeur, d'une cruauté et d'une décadence à la romaine, où les hommes s'imaginent suffisamment maîtres de leur destin pour oser défier les dieux tutélaires des lieux où ils ont cru pouvoir installer impunément leur domination d'un moment. C'est le thème du Ring de Richard Wagner où L'or du Rhin/l'argent de Las Vegas jettera sa malédiction sur Ginger/Brunehilde et sur Sam/Siegfried, précipités dans l'embrasement final du Crépuscule des dieux.

Sharon Stone, couronnée par le Golden Globe de la meilleure actrice en 1996 pour sa bouleversante création de Ginger McKenna, et alors même que sa composition exprime l'intensité des plus puissantes figures dostoïevskiennes, s'impose plus que jamais comme la plus grande et la plus belle tragédienne de ce siècle.

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Lao
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    le 11 Janv 2021, 13:06
jules_albert a écrit :
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Surgissant à l'aube, à proximité de l'océan, un automobiliste file à travers une forêt, tel le cavalier du Roi des aulnes ; soudain...

Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.
jules_albert



Une jeune fille, Ellen, venge de manière implacable le meurtre de son père.

Sharon Stone, coproductrice pour la première fois, fait de The Quickand the Dead un chef-d'œuvre absolu ; le western novateur du centenaire du cinéma. Dès l'allégorie du titre - The Quick - les vivants, les plus rapides à la détente - and the Dead - et les morts, ceux qui ont dégainé trop tard, mais également, les vivants - ceux qui ont une mission vengeresse à accomplir - et les morts qui, de l'au-delà, les ont investis de cette mission, Sharon Stone affirme son génie de dramaturge et d'auteur alors même que, dans L'Expert, ayant confié à Sylvester Stallone le soin d'abattre l'épée de Damoclès sur les meurtriers de ses parents, elle l'abattra ici elle-même sur le vrai meurtrier de son père, dans la ville symbolique de Redemption, où la rédemption par la vengeance fera écho à la rédemption par la piété filiale.

Fusionnant à nouveau, dans sa chevauchée fantastique, Antigone, Salomé et Électre, formidable cavalière de l'Apocalypse, fille de Nietzsche, d'Eschyle et de Sophocle, disciple de Raoul Walsh, d'Howard Hawks, de John Ford et d'Eisenstein, Sharon Stone, enlevant son magnifique cheval noir Magic, réussit magistralement sa jonction décisive avec eux, au terme d'une extraordinaire stratégie où, s'engouffrant dans la brèche ouverte par La Vallée de la peur et La fille du désert, qui voyaient déjà s'affronter les hommes et les dieux et dont les cieux terribles planent sur The Quick and The Dead, elle élève en visionnaire le western à l'origine de la tragédie, abolissant ses conventions, irradiant l'aube du troisième millénaire de son charisme aux résonances sacrales. Son indicible beauté et son génie dramatique font, plus que jamais, de Sharon Stone la plus fabuleuse révélation de cette fin de siècle. La sortie en France de ce chef-d'œuvre le 21 juin 1995, dans le cadre de la fête du cinéma, est restée l'un des événements majeurs de ce centenaire. Il faut se précipiter à The Quick and the Dead pour retrouver les vertus régénératrices de la tragédie antique que, par le fer, par le feu, par le sang, Sharon Stone forge en démiurge à l'aune du vent de l'Histoire.

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jules_albert



Un beau mais inquiétant manoir gothique de Pennsylvanie, environné de forêts, abrite un pensionnat sur lequel règne en despote Guy Baran. Il y est secondé par son épouse, Mia. Celle-ci, fragile et résignée, accepte et endure, comme un fait accompli, les humiliations de Baran et sa liaison avec Nicole Horner, professeur de mathématiques dans l'établissement. D'une impressionnante beauté, Nicole, qui détient un étrange pouvoir de domination et de manipulation, exerce son emprise ainsi qu'une fascination trouble et sensuelle, tant sur Baran que sur Mia. Provoquée par son amant, Nicole va prendre Mia sous sa protection et l'amener à organiser l'anéantissement du démon. La disparition de son corps de la piscine de l'établissement, où elles l'ont immergé, hante Mia, obsédée par le remords. Une femme singulière, à l'allure d'amazone, l'inspecteur Shirley Vogel, semble chercher à élucider ce mystère...

Surgie de l'«ailleurs», Sharon Stone continue à exercer, depuis Basic Instinct, son pouvoir de domination, de manipulation, de destruction mais aussi de protection. Diabolique s'inscrit donc parfaitement à son heure dans la course mythologique exploratoire, du «surhumain» à l'«humain, trop humain», de Sharon Stone. Aux confins du mysticisme, son paganisme lui fait rejeter, comme dans Last Dance, le factice des croyances et des pratiques religieuses. Croisant dans sa course solitaire la destinée humaine de Mia et celle, ambigüe, de Shirley, qu'elle contrôle en Parque suprême, puis ayant vaincu un autre Minotaure, Sharon Stone, au plus haut de son génie dramatique et de sa beauté, imprime magistralement sa griffe d'auteur tout au long de l'œuvre.

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jules_albert



Étrange jeune fille, d'une suprême beauté, May Munro est hantée, depuis l'enfance, par la volonté de venger ses parents massacrés sous ses yeux et d'exterminer leurs meurtriers. Pour mener à bien sa mission punitive, elle engage un ancien des Services spéciaux américains en Colombie, Ray Quick, expert en explosifs.

Luis Llosa et John Barry ont conçu un magistral film d'action, véritable Odyssée qui nous conduit sur les rivages de Floride, sous l'influence de Sharon Stone. Car depuis Basic Instinct (ou l'instinct fondamental), les qualités d'auteur de Sharon Stone s'imposent à l'évidence. Les interrelations existant entre ses différents films en sont la preuve indiscutable. L'énorme "vague déferlante" de Basic Instinct révéla brusquement à un monde ébloui, comme au terme de la course silencieuse d'une gigantesque "lame de fond", la formidable beauté et la puissance du génie dramatique de Sharon Stone. Il est évident qu'un personnage de l'ampleur de Catherine Tramell dans Basic Instinct (ici métamorphosée en May Munro), sans doute le plus absolu depuis l'origine de la tragédie, transmutant toutes les valeurs par-delà "la fusion du mal suprême et de la bonté suprême", suivant l'expression de Nietzsche, n'avait pu surgir aussi soudainement qu'après avoir été longuement préparé par l'être d'essence supérieure qui allait mettre en adéquation avec les siennes la stratégie et la finalité de sa mission : Sharon Stone.

Au-delà de la fascination apollinienne engendrée par la jeune femme, ne faisant intervenir la gestuelle de son corps et de sa liturgie amoureuse que là où la parole ne suffit plus, comme la musique pour Debussy, suractivant l'un par l'autre le plaisir des sens et l'intellect, s'imposait l'analyse d'une dramaturgie sous-jacente dans la mesure où sa beauté surnaturelle semblait sculptée à l'aune de traits dont son exceptionnelle intelligence aurait défini le tracé.

Véritable envoyée des dieux dans sa mission punitive sur une société en décadence, en perte de culture et de repères, prisionnière de son incrédulité stigmatisée par Catherine, Sharon Stone transcendait en le sublimant le vol punitif des oiseaux de Daphné du Maurier et d'Alfred Hitchcock, tout en déployant une effrayante férocité de la cérémonie expiatoire du prologue de Basic Instinct à l'apocalypse finale de Sliver. Examinant les créations passées de Sharon Stone à la lumière du sur-être de Basic Instinct, on y décèle ainsi, parmi les thèmes dramaturgiques de ses films, celui de la mission punitive conjugué avec celui de l'esprit de vengeance inspiré par l'humiliation - celle de Carly par Zeke dans Sliver, celle de May par Ned dans L'Expert - et le meurtre du père ou des parents : disparition du père de Jesse Huston dans Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon (1985), mort des parents de Catherine Tramell par la mystérieuse explosion de leur yacht dans Basic Instinct (1992), mort violente des parents de May enfant dans L'Expert, mort tragique du père dans The Quick and the Dead.

Fusionnant l'humain et le surhumain, armée de l'épée des dieux, nous entraînant, par le fer, par le feu, par le sang, à travers les décombres de la société contemporaines, vers la nouvelle aube purificatrice du troisième millénaire, ouvrant ou fermant à volonté le temple de Janus dont elle s'approprie les deux visages, Sharon Stone animée de l'esprit d'Antigone a pour Sylvester Stallone les ordres implacables d'Électre. En fille d'Eschyle et de Sophocle, unissant Électre et Antigone, l'impériale Sharon Stone est bien, et de loin, la plus belle et la plus grande tragédienne contemporaine.

Jacques Saada
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L'US Navy repère de nos jours un gigantesque vaisseau spatial reposant par plusieurs centaines de mètres au fond de l'océan. L'équipe technique qui a aménagé une voie d'accès à l'intérieur du vaisseau est relayée par une équipe qui a pour mission de l'explorer. Le médecin de la nouvelle équipe Beth Halpern (Sharon Stone) est une mystérieuse et belle jeune femme qui apparaît peu à peu détenir le secret de l'origine du vaisseau bien au-delà de troublantes constatations : le crash du vaisseau - qui s'avère être d'origine US et porte le nom d'Ossa, site mythique de la chevalerie nordique - semble remonter à plusieurs siècles. Lancé dans les années 50, il aurait pénétré dans un "trou noir" pour revenir trois cents ans avant d'être parti, en ramenant une sphère de forme et d'essence solaires, réceptacle de toutes les énergies de l'univers et, par là même, de nos volontés ; donc détentrice d'un pouvoir illimité pour la conquête du monde. Entrée en osmose, à une époque inconnue, avec la sphère, Beth est détentrice à son tour de ce pouvoir. Revenue de l'«ailleurs» à travers l'espace-temps - nous devinons peu à peu qu'elle faisait partie de l'équipage d'origine du vaisseau -, elle se présente comme un personnage double : humain - sa liaison passée avec Norman Johnson en témoigne - et post-humain - elle a la volonté de puissance de celle qui "sait"... Lorsque les deux survivants de son équipe seront "prêts", elle les entraînera, tels des chevaliers, dans la quête initiatique d'un nouveau Graal.

Faisant écho à 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, cette admirable réflexion sur le thème de la volonté de puissance nietzschéenne éblouit par son intelligence, éclairée par Sharon Stone dont la beauté est irradiée par la grandiose partition d'Elliot Goldenthal, inspirée de Wagner.

Jacques Saada
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Lao
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    le 13 Janv 2021, 21:09
Il vient de s’inscrire sur le forum Jacquot ?
Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.
jules_albert

la mort en dédicace (1991)

Bruce, un écrivain dans la dèche, obscur agent immobilier, s'efforce de vendre un hôtel particulier vide qu'il est contraint de "squatter". Son agent littéraire, la jeune et et superbe Serena Black, l'incite étrangement à s'inspirer du massacre de sang-froid, pendant leur sommeil, des derniers locataires de cette résidence, la famille Carroll, pour écrire une nouvelle policière promise au succès... A cet effet, et pour en savoir davantage, l'énigme du crime n'ayant jamais été résolue, Bruce entreprend, sur place, une enquête qui, dépassant l'imagination, va déboucher sur d'effroyables révélations...

À l'aune de Sharon Stone, qui, en tant qu'écrivain et par le biais des activités littéraires de plusieurs de ses personnages, assure à elle seule l'extraordinaire continuité dramaturgique de ses œuvres, Where Sleeping Dogs Lie est à Basic Instinct ce que Scissors est à Sliver ; sous l'égide d'Ibsen, dont une citation introduit le film, elle poursuit, dans un ultime et prodigieux élan, sa course exploratoire, mythologique et nietzschéenne, vers l'infinie puissance. Sous les traits de Serena Black, Sharon Stone, la future manipulatrice suprême de Basic Instinct, est déjà Catherine Tramell : telle Circé, fille solaire d'Hélios, maîtresse de la lumière sacrale et de la force des ténèbres, elle est le sur-être qui amène l'être humain désemparé à ouvrir, présomptueusement et de façon suicidaire, la boîte de Pandore d'où surgiront les démons qui l'asserviront ou l'anéantiront dans sa décadence.

Jacques Saada
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jules_albert

très belle évocation par roland jaccard du livre de theodor lessing, la haine de soi :
https://leblogderolandjaccard.(...)rien/

Jamais il n’y eut comme chez Nietzsche une telle apologie de la force chez un être aussi démuni. Et si nous l’admirons encore, c’est pour sa faiblesse, ses rodomontades n’abusant plus personne.
La haine de soi, c’est précisément le titre d’un essai très étrange, fascinant à maints égards et qui fut publié en 1930 par Theodor Lessing, l’une des premières victimes de la Gestapo, qui envoya ses tueurs à Marienbad le 30 août 1933 pour l’abattre.
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jules_albert
jules_albert a écrit :
jules_albert a écrit :
un livre sur parvulesco en février prochain, personnage déjà évoqué dans ce topic il y a quelques mois.

https://www.editionslatableron(...)05950


michel marmin parle de jean parvulesco et de ses liens avec les cinéastes de la nouvelle vague, c'est assez intéressant :

http://www.contrelitterature.c(...).html




Quando la «Nouvelle Vague» era fascista. Jean Parvulesco e il nuovo cinema francese, de Claudio Siniscalchi


L’ouvrage de Claudio Siniscalchi s’appuie sur les sept articles de Jean Parvulesco publiés en 1960 dans la revue phalangiste Primer Plano pour analyser les contours politiques de la Nouvelle Vague. Jean Parvulesco voyait en Godard, Chabrol et Rohmer une génération « anticommuniste, antilibérale, fanatique, avide d’amour » et crachant au visage « des détritus de l’existentialisme ». Au-delà de l’exagération manifeste inhérente à ce genre de constat, pensez-vous qu’il y ait réellement un socle intellectuel (et pas seulement artistique) commun aux principaux cinéastes de ce mouvement ?

Michel Marmin : Un socle commun, certes. Éric Rohmer et Claude Chabrol sont entrés dans la carrière en cosignant en 1957 un essai sur Alfred Hitchcock, essai marqué par un spiritualisme chrétien teinté de phénoménologie, ce qui était très bien porté aux Cahiers du cinéma jusqu’à l’éviction de Rohmer. Cela en faisait-il des intellectuels de droite ? Très certainement pour Rohmer, plus vaguement pour Chabrol qui d’ailleurs, après 1968, aura son quart d’heure de gauche, après quoi il se réfugiera dans un scepticisme flaubertien qui le rabattra quand même plutôt à droite. Le cas Godard est différent. Alors que d’autres cinéastes issus des Cahiers du cinéma avaient une vraie culture de droite, même le balzacien Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, lui, avait un instinct, un goût, un style et un tempérament d’extrême droite et, pour tout dire, fasciste, le “fascisme” de Godard étant fondé, comme tout fascisme ontologique, sur un “existentialisme”, ce que n’a peut-être pas voulu voir Parvulesco (et que n’aurait sans doute pas voulu reconnaître Sartre). On ne s’étonnera donc pas que, en fasciste conséquent, Godard se soit rallié au maoïsme et non au PCF en 1968, comme Sartre lui-même du reste… Sans doute Godard est-il revenu depuis longtemps de son maoïsme : il n’en est pas moins demeuré intrinsèquement fasciste, « anticommuniste, antilibéral, fanatique et avide d’amour » !
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
jules_albert a écrit :

à paraître en février : https://www.lechappee.org/coll(...)auves

Entre insubordination radicale, amour fou et désertion éperdue, la fulgurance de l’itinéraire d’Arthur Cravan, boxeur et poète prédadaïste, qualifié par André Breton de « génie à l’état brut », n’a pas fini de fasciner : l’extrême modernité de son antimodernisme se révèle en effet aujourd’hui plus pertinente encore par son caractère visionnaire et irrécupérable.

Les textes et documents ici rassemblés – dont certains sont inédits – permettent de saisir la singularité de sa démarche iconoclaste et d’appréhender dans toute son humanité celui qui, disparu il y a un siècle, redoutait déjà en ces termes l’artificialisation du sensible : « Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et l’on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme. »


« J'ai vingt pays dans ma mémoire et je traîne en mon âme les couleurs de cent villes. »

« Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux. »





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Lao
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    Lao
    le 20 Janv 2021, 14:08
20€ ? c'est assez pour s’acheter un cerveau ?
Citation:
L’influenceuse termine sa story en annonçant le prix, 19,99 euros l’unité, ainsi que le code promo associé, avec une offre spéciale, “deux achetés, deux offerts”.
Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.

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