Vous et les livres...

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jules_albert
aux p.u.f. :

jean vioulac, la logique totalitaire, essai sur la crise de l'occident, 2013

Notre époque est celle de la crise : mais une crise n’est jamais que la phase critique atteinte par un processus de plus lointaine provenance. La crise contemporaine est ainsi révélation, à la fois de la dépendance de notre époque à l’endroit de l’histoire dont elle procède et de l’essence même de cette histoire : la pensée de la crise impose de la concevoir comme accomplissement d’un destin qu’il s’agit de mettre au jour.

La logique de ce destin est restituée à partir de Hegel, qui découvre dans l’histoire un processus de totalisation achevé dans la « totalité autonome » de l’État, régie par la terreur et la guerre. Cette figure de l’État correspond au concept de totalitarisme, qu’il importe alors d’étudier. Or ce que montre le nazisme, caractérisé par la désintégration de l’appareil d’État, c’est que le totalitarisme n’est pas forcément étatique : il existe un processus immanent de totalisation dont les régimes totalitaires ne furent que des phénomènes dérivés.

Ce processus est celui que Tocqueville a vu dans la massification des sociétés démocratiques. Il échoue à l’expliquer, le fondant en dernière instance sur la Providence divine, mais a cependant vu son lien avec la révolution industrielle. C’est Marx qui a pensé jusqu’au bout le processus de totalisation immanent au champ des pratiques, en découvrant dans le Capital la puissance de mobilisation et de massification caractéristique de la modernité : le capitalisme est en cela l’essence même du totalitarisme, et la mondialisation contemporaine n’est autre que la totalisation propre au Capital.

Le surmontement de la crise s’identifie dès lors au dépassement du capitalisme : mais si le capitalisme se définit par l’autonomisation du système des objets, alors l’automatisation propre au dispositif technique s’avère plus fondamentale encore que le capitalisme, et il faut avec Günther Anders parler d’un « totalitarisme technocratique », dont on peut craindre qu’il soit indépassable.

Reste alors à penser ce qui se dit dans une telle catastrophe.
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
trois livres sur le paris ancien et populaire :


émile chautard, goualantes de la villette et d’ailleurs. complaintes et ballades des faubourgs au temps des apaches et des gigolettes (cd inclus, 17 chansons).

Citation:
Emile Chautard, ouvrier typographe et grand connaisseur des bistrots, nous guide en chanson dans le Paris de la dèche et de la pègre, entre la guerre de 1870 et celle de 1914-1918. Les goualantes qu’il a recueillies au cours de ses périgrinations dans les faubourgs furent écrites comme elles furent chantées, non par des artistes en vogue mais par des marlous et des gisquettes.
La grande richesse des pauvres d’alors c’était une jactance empruntant beaucoup à l’argot, affiné dans les prisons et les bataillons disciplinaires. On verra dans ces pages que l’argot c’est aussi le désir qui se dévoile, c’est aussi la verve, la trouvaille poétique et l’esprit libre.
Dans les zones ténébreuses de la Ville Lumière, dans les hideux taudis de la Belle Epoque, nombre de pauvres n’obéissaient pour survivre qu’à leurs propres lois et leurs propres morales. Le dégoût de l’usine incitait les filles d’ouvriers à se vendre sur les trottoirs et dans les bouges. Voyous dandys, les apaches paradaient en bande sur les boulevards. Le crime exerçait une trouble fascination sur la société – partout l’on recrutait des policiers, partout l’on bâtissait des prisons.
Voilà ce que narre sans artifice ces goualantes qui sont autant de témoignages pour servir à l’histoire des classes dangeureuses.




claude dubois, la bastoche

Citation:
Le Paris de plaisirs et du crime de 1740 à 1940, mêlant récits, littérature et grande et petite Histoire.

Qui ne sait qu'à la Bastille, autour de la colonne révolutionnaire, faubourg Saint-Antoine, on a dansé musette au son de l'accordéon ?
En dénommant « Bastoche » la Bastille des rues borgnes et des bals, l'argot parisien a fait preuve d'un instinct très sûr. De fait, l'ouvrage de Claude Dubois est un livre d'histoire populaire, mâtinée voyou par nature, la marque de fabrique de Paname et de sa culture.
En nous entraînant dans les recoins obscurs ou hauts en couleur du quartier de la mistoufle, des gros bras et des gueules d'amour, il rend vie à deux siècles (1750-1940) de comédie urbaine, dont les échos de valses et de javas résonnent encore dans la mémoire de Paris et d'ailleurs.

Historien, ami de Louis Chevalier (L'Assassinat de Paris), journaliste et chroniqueur, Claude Dubois est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Paris d'autrefois.




henri calet, huit quartiers de roture (cd inclus)

https://www.ledilettante.com/l(...)5.htm
Citation:

Henri Calet, on le sait, n’est pas un touriste de tout repos. Baguenaudeur caustique, adepte d’un tourisme désenchanté et d’une flânerie sans illusions, il ne se laisse pas faire par son sujet, menant la vie dure à ses villégiatures. La Suisse dite sublime et l’Italie réputée éternelle l’ont appris à leurs dépens. Avec ses Huit quartiers (urbains) de roture, petite randonnée intime et érudite au cœur historique des XIXe et XXe arrondissements de Paris, pièces ternes du puzzle parisien, Calet nous emmène là où sont ses racines : "Mon père y est né, mon grand-père y est mort. J’y ai vécu. Et je viens d’en faire le tour. J’ai respiré son air et son parfum ; ses couleurs sont les miennes".

Avec lui, on s’égare dans des rues infortunées, on pousse, à la recherche d’un vieux cimetière juif, des portes sans lendemain, on fouille la mémoire mortuaire des façades, on monte et on descend l’échelle du temps pour décrocher les souvenirs, les présences et les faits pendus au gibet de l’histoire : "Non, rien ne porte à la joie ni au lyrisme. L’Histoire, elle-même, ne parle que de défaites, de saccages, de capitulations".

Tel un enfant gâté de la catastrophe, Calet compte les vivants, hume le souvenir des morts, se retrouve et nous perd au cœur des quartiers de la Villette, du Père-Lachaise, de Ménilmontant et de Charonne pour un jeu de piste sans trésor et un pèlerinage aux sources de sa mémoire parisienne : "Ville à part (…) sans Seine ni rivière, que les étrangers ne vont pas voir, où il n’y a rien à voir, ville sans palais ni cathédrales, sans monuments et presque sans souvenirs, ville sans parure, ville usinière, populacière, où l’on peut tout juste exister, dans le sens de ne pas mourir".

Ces Huit quartiers de roture sont restés inédits. Objet d’une version radiophonique, Le Dilettante en propose des extraits dans un CD, l’occasion d’entendre notre cher Henri Calet, le tout savamment édité et présenté par Jean-Pierre Baril.
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SämO
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Toujours une mine d'information et d'excellentes idées et conseils de lecture Jules Albert !

Je garde quelques références en tête !

As-tu déjà pensé à ouvrir un blog dédié, pas seulement sur la littérature, mais sur l'ensemble de tes passions et contre d’intérêts ?

Bien à toi
jules_albert
SämO a écrit :
Toujours une mine d'information et d'excellentes idées et conseils de lecture Jules Albert !

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Bien à toi

merci pour ton intérêt sämo !
je n'ai jamais pensé à ouvrir un blog car au fond je n'aime pas parler des livres qui me plaisent...
je me contente d'en signaler l'existence sur ce forum.

encore deux belles nouveautés chez allia :

frances densmore, les indiens d'amérique et leur musique

Citation:
Chaque danse a un nom, un pas, une histoire, un chant et une symbolique. Chez les Indiens d'Amérique, l'expression musicale, jouée ou entonnée, épouse le domaine du surnaturel. Il y a des chansons pour soigner des malades, d'autres pour générer la pluie, d'autres encore entendues en rêve. Quasi toutes sont dotées de pouvoirs magiques. La musique est une langue secrète, connue des seuls initiés. La rareté des mots en attestent, comme la prolifération des vocalises au son de la flûte, du tambour ou des crécelles.
L'auteur décrit l'organisation sociale de chaque tribu, les croyances, les cérémonies et les instruments fabriqués dans le bois, la corne ou la carapace de tortue. Une civilisation entière apparaît sous nos yeux, avec ses rites secrets, ses incantations et ses danses.




liel leibovitz, a broken hallelujah (traduit de l'anglais par silvain vanot)

Citation:
Suzanne, So Long, Marianne, Everybody Knows... Leonard Cohen est une icône, le maître d’œuvre d’une musique hors du temps. Pour retracer son parcours, Liel Leibovitz invente un nouveau genre de biographie, entre exégèse et exploration spirituelle d’une vie.
Né dans une famille juive canadienne, Leonard Cohen sera poète puis musicien, de Montréal à l’île grecque d’Hydra, du Chelsea Hotel au monastère du Mont Baldy. Il embrassera la poésie de García Lorca, l’érotisme, le judaïsme et le bouddhisme zen, dans une quête de sens perpétuelle.
Liel Leibovitz retourne aux sources de l’inspiration de Leonard Cohen et, par une approche critique originale, en suit les transformations successives.
Dans les thèmes prophétiques de sa musique, souvent emplie de visions pessimistes et apocalyptiques, dans son humour ravageur aussi, il parvient à déceler des facettes méconnues et parfois provocantes du chanteur.
C’est un portrait vivant, à la fois érudit et émouvant d’une personnalité fascinante, une odyssée habitée par le pouvoir des mots et la grâce des notes de guitare.
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Kandide
SämO a écrit :
Toujours une mine d'information et d'excellentes idées et conseils de lecture Jules Albert !

Je garde quelques références en tête !

As-tu déjà pensé à ouvrir un blog dédié, pas seulement sur la littérature, mais sur l'ensemble de tes passions et contre d’intérêts ?

Bien à toi


Je suis également d'accord !
Jules Albert peut nous amener vers d'autres horizons, d'autres portes...
PEACE & LOVE
SämO
  • SämO
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A Broken Hallelujah, j'avais prévu d'aller le chercher ce WE !

Tu l'as commencé ? La traduction est à la hauteur ?

Merci Jules Albert !
SämO
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A ceux qui aimes autant lire qu'écouter, je conseille vivement l'ouvrage "Sun Ra Palmiers et Pyramides" de Joseph Ghosn aux éditions Le Mot Et Le Reste.
SämO
  • SämO
  • Vintage Top utilisateur
J'ai acheté cet ouvrage car il permet de se repérer un peu dans la discographie pléthorique de Sun Ra.

C'est pour moi à la fois une bible discographique et un ouvrage très agréable à lire.

Ne cherchez pas de littérature dans ce bouquin, le style est très journalistique ce qui pour certain sera un reproche, mais pour l'ouvrage en question une grande qualité !
Lao
  • Lao
  • Vintage Top utilisateur
  • #4601
  • Publié par
    Lao
    le 23 Avr 2017, 10:54
Adepte des musiques zétranges ce monsieur Joseph Ghosn; je viens de voir qu'il a aussi écrit une bio de La Mounte Young (et une autre de Nino Ferrer).
SämO
  • SämO
  • Vintage Top utilisateur
Évitez absolument celle dédiée La Monte Young si vous voulez mon conseil...
SämO
  • SämO
  • Vintage Top utilisateur
Toujours aux éditions Les Mots et le Reste, je vous recommande chaudement l'ouvrage dédié à MoonDog intitulé sobrement "MoonDog" et écrit par Amaury Cornut.
papibouzou
Personnellement je lis beaucoup et sur tous les sujets. J'ai même lu la bible 1300 pages en petits caractères (lue en six mois). Sinon, les classiques Balzac, Zola, Camus, Maupassant etc ... mais aussi les grands philosophes et surtout l'Histoire qui est ma grande passion.
Parce que le cannabis; c'est aussi la galère. Parlez en.
http://forum.doctissimo.fr/san(...)1.htm
SämO
  • SämO
  • Vintage Top utilisateur
Je te conseille vivement, si tu ne l'as pas déjà lu, "Aphorismes sur la sagesse dans la vie" d'Arthur Schopenhauer.

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