trois livres sur le paris ancien et populaire :
émile chautard, goualantes de la villette et d’ailleurs. complaintes et ballades des faubourgs au temps des apaches et des gigolettes (cd inclus, 17 chansons).
Citation:
Emile Chautard, ouvrier typographe et grand connaisseur des bistrots, nous guide en chanson dans le Paris de la dèche et de la pègre, entre la guerre de 1870 et celle de 1914-1918. Les goualantes qu’il a recueillies au cours de ses périgrinations dans les faubourgs furent écrites comme elles furent chantées, non par des artistes en vogue mais par des marlous et des gisquettes.
La grande richesse des pauvres d’alors c’était une jactance empruntant beaucoup à l’argot, affiné dans les prisons et les bataillons disciplinaires. On verra dans ces pages que l’argot c’est aussi le désir qui se dévoile, c’est aussi la verve, la trouvaille poétique et l’esprit libre.
Dans les zones ténébreuses de la Ville Lumière, dans les hideux taudis de la Belle Epoque, nombre de pauvres n’obéissaient pour survivre qu’à leurs propres lois et leurs propres morales. Le dégoût de l’usine incitait les filles d’ouvriers à se vendre sur les trottoirs et dans les bouges. Voyous dandys, les apaches paradaient en bande sur les boulevards. Le crime exerçait une trouble fascination sur la société – partout l’on recrutait des policiers, partout l’on bâtissait des prisons.
Voilà ce que narre sans artifice ces goualantes qui sont autant de témoignages pour servir à l’histoire des classes dangeureuses.
claude dubois, la bastoche
Citation:
Le Paris de plaisirs et du crime de 1740 à 1940, mêlant récits, littérature et grande et petite Histoire.
Qui ne sait qu'à la Bastille, autour de la colonne révolutionnaire, faubourg Saint-Antoine, on a dansé musette au son de l'accordéon ?
En dénommant « Bastoche » la Bastille des rues borgnes et des bals, l'argot parisien a fait preuve d'un instinct très sûr. De fait, l'ouvrage de Claude Dubois est un livre d'histoire populaire, mâtinée voyou par nature, la marque de fabrique de Paname et de sa culture.
En nous entraînant dans les recoins obscurs ou hauts en couleur du quartier de la mistoufle, des gros bras et des gueules d'amour, il rend vie à deux siècles (1750-1940) de comédie urbaine, dont les échos de valses et de javas résonnent encore dans la mémoire de Paris et d'ailleurs.
Historien, ami de Louis Chevalier (L'Assassinat de Paris), journaliste et chroniqueur, Claude Dubois est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Paris d'autrefois.
henri calet, huit quartiers de roture (cd inclus)
https://www.ledilettante.com/l(...)5.htm
Citation:
Henri Calet, on le sait, n’est pas un touriste de tout repos. Baguenaudeur caustique, adepte d’un tourisme désenchanté et d’une flânerie sans illusions, il ne se laisse pas faire par son sujet, menant la vie dure à ses villégiatures. La Suisse dite sublime et l’Italie réputée éternelle l’ont appris à leurs dépens. Avec ses Huit quartiers (urbains) de roture, petite randonnée intime et érudite au cœur historique des XIXe et XXe arrondissements de Paris, pièces ternes du puzzle parisien, Calet nous emmène là où sont ses racines : "Mon père y est né, mon grand-père y est mort. J’y ai vécu. Et je viens d’en faire le tour. J’ai respiré son air et son parfum ; ses couleurs sont les miennes".
Avec lui, on s’égare dans des rues infortunées, on pousse, à la recherche d’un vieux cimetière juif, des portes sans lendemain, on fouille la mémoire mortuaire des façades, on monte et on descend l’échelle du temps pour décrocher les souvenirs, les présences et les faits pendus au gibet de l’histoire : "Non, rien ne porte à la joie ni au lyrisme. L’Histoire, elle-même, ne parle que de défaites, de saccages, de capitulations".
Tel un enfant gâté de la catastrophe, Calet compte les vivants, hume le souvenir des morts, se retrouve et nous perd au cœur des quartiers de la Villette, du Père-Lachaise, de Ménilmontant et de Charonne pour un jeu de piste sans trésor et un pèlerinage aux sources de sa mémoire parisienne : "Ville à part (…) sans Seine ni rivière, que les étrangers ne vont pas voir, où il n’y a rien à voir, ville sans palais ni cathédrales, sans monuments et presque sans souvenirs, ville sans parure, ville usinière, populacière, où l’on peut tout juste exister, dans le sens de ne pas mourir".
Ces Huit quartiers de roture sont restés inédits. Objet d’une version radiophonique, Le Dilettante en propose des extraits dans un CD, l’occasion d’entendre notre cher Henri Calet, le tout savamment édité et présenté par Jean-Pierre Baril.