oui, la science-fiction recèle d'auteurs vraiment intéressants comme philip k. dick par exemple.
les auteurs de science-fiction ne sont pas des prophètes mais, pour les meilleurs d'entre eux comme dick, de fins observateurs qui se contentent d'extrapoler à partir de la réalité qui les environne... ils mettent ainsi en lumière des possibilités latentes restées inaperçues qui dès lors font partie de l'imaginaire conscient de notre société. les écrivains et les cinéastes de science-fiction ont pour fonction de tenir à jour cet imaginaire, lui permettant de s'adapter aux évolutions en cours.
le lecteur, ou plus souvent le spectateur, s'habitue à fréquenter des univers invraisemblables, paradoxaux, inattendus, ce qui atténue considérablement la fameuse "résistance au changement technique", cette force d'inertie si redoutée des technocrates qui détestent par-dessus tout voir ralentir la mise en place de leurs innovations.
c'est pourquoi les médias, prenant le relais de la science-fiction, nous annoncent sans tarder, aussitôt qu'une nouvelle "génération" d'ordinateurs, de téléphones portatifs ou de véhicules à conduite guidée par satellite devient opérationnelle, que la suivante est déjà à l'étude et qu'il faut s'attendre à ce que cette "révolution" imminente bouleverse une nouvelle fois toutes nos idées reçues.
et c'est pourquoi ils nous décrivent depuis des décennies "comment nous vivrons en l'an 2000", "en 2020", "en 2030", etc...
que les prédictions soient la plupart du temps entièrement fausses n'a aucune importance, l'important étant de faire passer l'idée que demain sera très différent d'aujourd'hui, et que cette différence est le fruit d'une évolution inexorable dont la métaphore de la succession de "générations" montre le caractère à la fois naturel et fatal.
(réf. jean-marc mandosio, "après l'effondrement, notes sur l'utopie néotechnologique")
pour en revenir à clouscard, je suis tombé ce matin sur ce passage amusant du dernier livre de roland jaccard :
"mais là où jérôme leroy me touche le plus, c'est lorsqu'il évoque le philosophe marxiste michel clouscard.
se souvenir qu'en 1973 il publia un livre au titre prémonitoire, néo-fascisme et idéologie du désir, pour nous avertir que très bientôt, tout sera permis, mais que plus rien ne sera possible.
clouscard aimait la plage et les filles. il rêvait d'un communisme sexy, poétique et balnéaire, un communisme en ray-ban." - roland jaccard, ma vie et autres trahisons, 2013