1926, Paris. Ludwig Hohl a 20 ans et arpente la ville en compagie d’autres artistes en exil, tout aussi fauchés, le long d'un axe place de Clichy-La Villette ou Montmartre- Montparnasse. Gares, bordels, brasseries, dancings de troisième zone, abattoirs, banlieues et hôtels meublés où caresser ses illusions de gloire sont les points de repère de cette société de l'ombre qui passe son temps à boire, marcher et débusquer des coins inexplorés. Mais rapidement le désir de montagne devient pour Hohl une obsession : il se prépare aux pages qu'il écrira à l'été 1926 et qui seront le point de départ de son chef-d'oeuvre, Ascension.
Paris 1926 est le journal, à la forme assez libre, d’artistes en formation : chaque membre du groupe informel et cosmopolite (peintre, sculpteur, architecte, poète) apporte l'oeil et la sensibilité liés à son art, faisant profiter l'ensemble des secrets de tel immeuble, tel canal ou tel paysage. C'est aussi une ébouriffante galerie de portraits acérés et cruels, tant pour les amis de Hohl que pour les touristes en goguette ou les types de la vie parisienne.
Deux hommes partent à l'assaut d'un glacier ; devant les mauvaises conditions, l'un abandonne, laissant l'autre entreprendre une ascension solitaire folle, mais consciemment assumée. Lente ascension, ou lente agonie ?
« Les bons alpinistes sont presque toujours des êtres laconiques », nous dit Ludwig Hohl dans ce récit. Que dire alors de l'auteur lui-même, qui a réécrit six fois Ascension entre 1926 et 1975, et pesé chaque mot comme s'il menaçait de tomber dans l'abîme ?
Ludwig Hohl (1904-1980) fut expulsé du lycée pour avoir incité à critiquer l'enseignement et à lire Nietzsche. Il voyage beaucoup durant sa jeunesse avant de s'installer à Genève. Il travaille dans l'ombre jusqu'à sa mort, combinant solitude spirituelle et misère matérielle choisie.