AnGeL_Of_SiN a écrit :
jules_albert a écrit :
petit rappel : c'est par des philosophes orientaux comme avicenne et averroès que les nations européennes en gestation renouent avec l'hellénisme et retrouvent aristote, la pensée et les sciences grecques vers le Xe siècle.
à cette époque, le nord de l'italie est en pleine effervescence et les cités-états comme florence s'inspirent du modèle hellénique pour organiser leurs démocraties.
averroës ... Xème siècle ... oui oui oui. Tu voulais dire Al-Farabi, peut être?
oups, je me suis un peu planté dans la date, tu as raison. enfin, le fond de l'affaire n'en demeure pas moins exact.
quant au mesquin redstein, il montre encore une fois qu'il est plus à l'aise dans le persiflage malhonnête que dans le vrai débat. là
ses bonnes idées citoyennistes (puisque lui pense par lui-même, la bonne blague...) prennent l'eau de toute part.
pour en revenir au problème de l'enseignement, maurice henry, écrivait ceci en 1987 dans
la barbarie :
"depuis trente ans une armée de maîtres non qualifiés, recrutés à la hâte pour encadrer l'afflux des élèves provoqué par la généralisation de l'enseignement secondaire en même temps que par l'essor démographique, s'est trouvée d'un seul coup titularisée. les nouveaux enseignants étaient aussi incultes que les élèves."
et plus de 40 ans auparavant, un célèbre protagoniste de la vie française faisait ce constat :
"l'enseignement secondaire ne livre plus que des produits dépréciés d'année en année. ce qu'on appelait au siècle dernier la bourgeoisie éclairée a disparu : nous n'avons sous les yeux qu'une bourgeoisie ignorante. elle ne fournit plus de public aux oeuvres dont la compréhension exige une somme acquise de connaissances."
c'est sur ce terreau, sur les ruines de toute culture véritable, que les médias, l'argent, la publicité ont pu s'emparer des arts, des lettres, des sciences et les asservir à l'utilitarisme marchand.
alain besançon avait lui aussi tiré un constat alarmant sur l'enseignement et les dégats de l'alphabétisation à outrance :
"le savoir scolaire peut être rendu responsable de la ruine d'autres savoirs qui ne passaient pas par l'école. la france était autrefois remplie d'admirables ouvriers. leurs enfants, hélas ! sont allés à l'école et travaillent dans un bureau de la sécurité sociale. l'italie, que son taux d'analphabétisme - le plus élevé d'europe - n'empêche nullement de rester le modèle accompli de la civilisation, a gardé ses merveilleux artisans qui éblouissent le monde par leurs inventions et leur savoir-faire."
ricardo paseyro dans le livre que j'évoquais plus haut (
éloge de l'analphabétisme) remarque l'abaissement des métiers qui mine la plupart des sociétés occidentales, où seuls ont le droit de paraître les membres des professions avouables - et nulle ne l'est si elle n'implique pas une certaine familiarité avec les dictionnaires... malheur aux exclus de la "culture" telle que l'homologuent les lettrés ! malheur aux bons artisans, bons ouvriers, bons paysans - analphabètes ou non - restés à la porte du banquet intellectuel !
rappelons que l'alphabétisation est imposée de force par l'état au 19e siècle avec l'apparition du machinisme et de l'industrie moderne : les chemins de fer, les bateaux, le commerce en expansion exigeaient un personnel apte à déchiffrer les ordres et à en donner par écrit.
ce n'est donc pas par altruisme que l'état imposa l'alphabétisation mais parce que cela lui était utile et profitable.