Vous et les livres...

Je suppose que tu as laissé une chance jusqu'à la fin au livre, connaissant déjà un peu l'auteur visiblement, c'est tout à ton honneur ; mais moi je suis incapable de finir un bouquin si je n'accroche pas : je suis peut-être passé à côté de quelques trucs intéressants mais je ne veux jamais trop lutter ; je dois pouvoir entrer rapidement et plonger facilement dans le récit ...

En principe j'arrête aussi, là c'est quand même un roman très court.

Très récemment j'ai lu 'La route', de Mc Carthy. L'histoire d'un père et de son fils qui traversent un bout des USA à pied, après une catastrophe (guerre ?) qui a décimé presque tout le monde sur la planète. Terriblement sombre, et passionnant... J'ai le lu le bouquin d'une traite, dans le train entre Nîmes et Metz (je ne sais pas si ça m'était déjà arrivé auparavant...)
Je conseille vivement (peut être pas à ceux qui ont le moral dans les chaussettes...)
Apparemment un film en a été tiré, avec Vigo Mortensen. je ne sais pas s'il est à la hauteur du bouquin...

Le film est bon, proche du livre, même si le style âpre de Mccarthy est quasi impossible à retranscrire visuellement. Beaucoup de gens n'ont pas aimé le film justement parce qu'il est aussi dépouillé, rugueux et désespéré que le livre.
Bon, après, rien ne remplace un livre, mais en terme d'adaptation, sur ce sujet éminemment casse-gueule, c'en est une bonne.

Le film est encore plus déprimant qu'un morceau de zepot, j'ai même pas compris l'interet du coup, à part la réalisation qui n'est pas a prendre en défaut.
On peut résumer le film ainsi : "c'est un père et son fils, il sont dans la merde ... et bien ils sont dans la merde"
je suis pas un partisan de la happy end à tous bouts de champs mais finalement la complaisance dans le sordide, pas trop non plus ...
qu'est ce qu'on trouve de passionnant dans le bouquin ? l'ecriture, les reflexions des protagonistes ? (en tous cas si c'est l'humour, c'est très mal retranscrit ^^)

Entre l'écriture, l'intensité émotionnelle et la profondeur du lien entre le père et le fils, je n'y ai trouvé que des bonnes choses.

McCarthy est l'un des rares auteurs récents que j'arrive à lire - Child of God et Blood Meridian sont vraiment très très bons. J'ai pas lu No Country for Old Man, mais le film était chouette aussi.

de mccarthy j'ai lu "de si jolis cheveaux" qui est un des volets d'une trilogie. ça m'avait plu même si certains critiques qualifient mccarthy de sous-faulkner. en tout cas, mccarthy a la chance de bénéficier d'un très bon traducteur français (françois hirsch).

sinon, voilà de quoi refroidir les ardeurs néotechnologiques des paroissiens cybernétiques :

http://plusloin.org/acontretem(...)t.pdf

mandosio explique que la néotechnologie est bien une idéologie, c’est-à-dire "un processus d’autovalidation fonctionnant en circuit fermé, ce qui l'apparente à une religion".

“ Ceux qui attendent que la société industrielle s’effondre autour d’eux risquent bien davantage d’avoir à subir leur propre effondrement, car cet effondrement, qui est déjà presque achevé, n’est pas celui du "système technicien", mais de la conscience humaine et des conditions objectives qui la rendent possible. ”

Pour parler d'autre chose, quelqu'un ici a déjà lu Le Silmarillon de Tolkien?

moi je l'ai lu quand j'avais 16 ans, et adoré. C'est dense, mais épique! A coté la guerre du Seigneur des Anneaux c'est de la gnognotte: Sauron est un asticot comparé à Morgoth, et la guerre entre Morgoth et les Elfes déplace les montagnes... au sens propre!

Par contre il y a moins d'attachement à des personnages particuliers: le coté "Ewok" des Hobbits est quand même bien sympathique...

Le Silmarillion offre également une explication sur les anneaux de pouvoir, notamment celui de Gandalf et celui de Galadriel (ou l'autre Elfe, je ne sais plus) qui rend plus savoureux encore les enjeux du Seigneur des Anneaux.

"Le voile d'Isis, essai sur l'idée de Nature" du regretté professeur Pierre Hadot.
Il part d'un fragment d'Heraclite d'Ephese, commence par en explorer brièvement les significations possibles en grec ancien puis montre comment sa compréhension erronnée dés l'époque classique ("la nature aime à se cacher" au lieu de "ce qui nait tend a mourir") a influencé la pensée occidentale de Platon à Heiddegger.
Comme toujours avec ce grand prof de philosophie antique, c'est aussi érudit que facile a lire.
Un véritable voyage de 25 siècles dans l'histoire de la philosophie (mais pas seulement) à travers l'un de ses grands "concepts".
C'est chez NRF essai.

J'ai dû lire ça dans le temps (je n'en garde aucun souvenir), mais j'ai renoncé de longue date à la fantasy, sous-genre qui fait la part trop belle à la transcendance pour être honnête.

Et en parlant de fantasy : les "brûlots" incantatoires où brasille encore cette bonne vieille nostalgie du grand soir (les brûlots de julot !) me font le même effet. Car enfin, quelle est l'utilité de la notion d'"utopie néotechnologique" sinon de privilégier une utopie contraire, dangereusement romantique et rétrograde – de tuer tout espoir de sortie de la société industrielle par le haut, vers un transhumanisme, par exemple ?

Comment ne pas penser (la lecture de ce livre me convaincrait-elle du contraire ?) que de cet effondrement, attendu avec tant de passion qu’on le qualifie d'inévitable, l'aspiration est que renaisse un certain passé où chacun avait sa place prédéterminée, l'ordre global des choses allant de soi ?

Sinon le dernier livre que j'ai lu a été "Apocalypse Bébé" de Despentes.

Acheté dans un relais H sans trop de conviction, avant de prendre un train, en souvenir de mes émois adolescents à la lecture de "baise moi".

Et ben j'ai trouvé ce livre vraiment bien foutu: le fond, la forme, le rythme, le style.
Elle a gagné en maturité dans ses sujets et dans son récit, sans toutefois perdre son regard alternatif et incisif sur la société et sur les stéréotypes de personnalités.

"La fin de l'Histoire" comme disent les marxistes.
C'est là où voit la dimension profondement religieuse de la pensée de Marx, au delà de ses analyses économiques.
Tu devrais lire Franz Rosenweig, c'est difficile, mais ça te plairait...;-)

Ils ne sont pas les seuls... Les libéraux-démocrates avaient tout à fait la même idée à la chute du bloc soviétique (cf Fukuyama) . C'est une idée tout à fait soluble avec la pensée de Friedman, d'ailleurs...

Ray Bradbury est mort

http://bibliobs.nouvelobs.com/(...).html

Je n'ai pas une grande connaissance de son œuvre, mais j'ai lu "Farenheit 451" en 1ère et j'ai énormément apprécié ce livre ! C'est une bien triste perte.