Police, BAC, on en parle...

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Bobba
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    Bobba
    le 11 Sep 2006, 20:47
Mon premier contact avec la BAC, c'etait devant la maison d'un pote. On avait monté une boite de nuit dans sa cave. (un truc super pro hein) au debut on faisait des fetes entre pote et petit à petit y'avais de plus en plus de monde et des potes de potes de potes (de potes de potes) a la fin on avait environs 100 à 200 personnes et un bar sans aucune liscence (c'est hallucinant le fric que les gents foutent dans de l'alcool) Bref on faisait le vigil à l'entrée, et un soir un utilitaire de couleur sombre passe dans la rue, ralentit à notre hauteur. Reflexe je me penche pour regarder à l'interieur. Deux crânes rasés en bombers avec une mine patibulaire à glacer le sang me regardaient.. Un molosse muselé etait à l'arrière.
Puis ils ont accléré et on disparut.

Le lendemain un de nos "pote-client" qui se trouvait etre le fils du prefet nous previent que son père etait au courant de l'endroit ou il etait la veille et que c'etait la bac qu'on avait vu.

Si ils etaient rentré à l'interieur, entre les gens chargés en shit et le bar clandestin, y'avait de quoi en prendre pour notre gueule. Apres ce soir là on a stoppé...
"En fait on peut se demander si le mot 'télévision' est celui qui correspond à cette circulation extraordinaire, nouvelle, libre des images et des sons que l'on peut imaginer pour l'avenir. Tout ce que vous voyez arriver par le canal de ce câble, implique une participation active de chacun. Au fond, on ne trouve pas de mot. J'attend que des professionnels de la langue trouvent un mot nouveau qui définira très bien cette possibilité extraordinaire de circulation des informations."
Jean D'Arcy, 1969
Slashinho84
rollingrock a écrit :

Sa ma fais marrer de voir a quel point les fic et la BAC sont pas coordonnées!!!


Flic=Bac les services sont justes differents, il y a meme de tres fortes chances pour qu'ils viennent du meme commissarieat lol Leur radio etait peut etre brouillé ce jour la.
It's better to burn out than to fade away...
papibouzou
Citation:
Slashinho84 a écrit :
[quote="SolarFallGPX c'est bien quand on est jeune, mais bon je me vois pas comme ça à 40 balais. Donc ma question, OPJ c'est quoi par rapport au célèbre poste de lieutenant ? équivalent, supérieur, inférieur ?



Essaye de te renseigner avant de balancer des trucs comme ça.
Tu n'es pas pas GPX et tu te permet sans savoir c'est qu'est le bloc OPJ de vouloir le passer en disant que GPX ça te servira de porte d'entrée dans la police.
Essaye de connaitre les fonctions et ce que font chaque policiers quelque soit leur grades et leurs services d'affectations.
Beaucoup de gens restent GPX toutes leurs vies car d'abord ce n'est pas donné a tout le monde d'etre officier et aussi parce que GPX n'est pas un policier au rabais mais un vrai metier.


Edit j'avais oublié : le passage du poste OPJ en tant que GPX donne acces au grade de brigadier.
[/quote]

C'est comme tu dis gardien de la paix c'est la plus belle fonction de la Police. Tu as le contact avec les gens, tu es sur le terrrain (de moins en moins), bref une liberté d'action que n'ont pas les officiers. Pour répondre à une question OPJ c'est une qualification judiciaire; en fait l'ancienne fonction des inspecteurs de police qui ont disparu. Ces inspecteur ont été intégrés dans le corps des officiers qui sont eux mêmes appelé à disparaitre plus ou moins. En conclusion, passer le concours d'officier sera bientôt impossible, il faudra obligatoirement entrer comme gardien de la Paix. Un gardien de la paix est agent de police judiciaire, mais au bout de trois ans, il peut passer l'examen d'OPJ et devenir OPJ. On assiste à une aberration c'est qu'au niveau judiciaire, les GPx OPJ peuvent commander leur supérieur hiérarchique gradé qui lui n'a pas passé le concours
Parce que le cannabis; c'est aussi la galère. Parlez en.
http://forum.doctissimo.fr/san(...)1.htm
HellJordison
papibouzou a écrit :
On assiste à une aberration c'est qu'au niveau judiciaire, les GPx OPJ peuvent commander leur supérieur hiérarchique gradé qui lui n'a pas passé le concours


ha ouais en effet
"Chinese Democracy, c'est comme le retour de Jesus, tout les fans attendent, mais ca n'arrivera jamais" (BabarFromMars) :mrgreen:

http://daviiid.club.fr/vente_m(...)x.htm
https://www.guitariste.com/for(...)70883
papibouzou
Citation:
SolarFall a écrit :
Je ne cri pas victoire, c'est pas mon genre. C'est tout à fait possible que je me plante ... mais c'est simplement que je m'attendais à beaucoup plus costaud que "que vous inspire la télé réalité" ou "qui est l'auteur des 4 saisons ?" ...


Et bien, oui c'est difficile. Pour passer le concours, le BACC est maintenant exigé; ce qui fait que pour réussir ce concours, il faut avoir un peu plus que le BACC. Pour l'examen d'OPJ, il est de niveau BACC + 3
Celui qui veut faire carrière et qui n'a pas le niveau pour passer le concours de Lieutenant (BACC + 3), c'est un conseil que je donne, doit passer le concours de gardien de la paix, travailler dur pour se faire apprécier par sa hiérarchie suffisamment pour que sa candidature au bloc OPJ soit acceptée (c'est normal, on sélectionne les meilleurs pour passer ce bloc car il y a le grade de brigadier à la clef). Pendant le stage d'OPJ, on s'inscrit au concours interne de Lieutenant (aucun diplome exigée car çà fait partie de la promotion interne); le taux de réussite de ce concours interne est trés nettement supérieur à celui du concours externe (proche de 100%). L'inconvénient est qu'il faut repartir 18 mois à l'école des officiers, mais quand on est jeune c'est rien. Pour l'administration tout est bénéfice car par ce biais elle forme de trés bons officiers qui ont déjà au moins quatre ans d'expérience professionnelle
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papibouzou
Remaille tu nous en veux pas, ton topic qui se voulait être une critique de la Police est devenu un topic de propagande; certainement à l'inverse que tu souhaitais . Toutes mes amitiés quand même
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Slashinho84
Lol c'est pas de la propagande mais de l'information
It's better to burn out than to fade away...
papibouzou
Citation:
Slashinho84 a écrit :
Lol c'est pas de la propagande mais de l'information


Va pour information; même si c'est la même chose
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Un texte éclairant d'Anselm Jappe paru dans la revue Lignes (et réédité dans Crédit à mort) à propos de la violence policière et de la violence insurrectionnelle dans le contexte actuel d'effondrement politique, économique et social :


Quel est le visage de la violence en France ? Pour quelqu’un qui fréquente habituellement différents pays européens, la première image de violence, dès qu’on arrive à la gare ou à l’aéroport en France, c’est la police. Jamais je n’ai vu autant de policiers qu’actuellement en France, surtout à Paris. Même pas en Turquie à l’époque de la dictature militaire. On pourrait croire qu’un coup d’État est en train d’avoir lieu, ou qu’on se trouve dans un pays occupé. En Italie ou en Allemagne, rien de comparable en ce moment. Et quels policiers : un air de brutalité et d’arrogance qui défie toute comparaison. Dès qu’on fait la moindre objection – par exemple face à des contrôles d’identité et des fouilles de bagages avant l’accès au train, du jamais vu – on sent qu’on frôle l’arrestation, le matraquage et finalement l’accusation d’ « outrage à agent de la force publique ». On peine à s’imaginer à quoi ça peut ressembler si l’on a la peau plus foncée, ou si l’on ne peut pas sortir les bons papiers.


On tremble d’indignation en lisant que des policiers rentrent dans les collèges, sous le prétexte de chercher de la drogue, où ils terrorisent les enfants avec des chiens et dénoncent les professeurs qui tentent de protéger leurs élèves. Ou lorsqu’on apprend les arrestations brutales de journalistes accusés de simple « délit d’opinion ». Pour ne pas parler des conditions dans lesquelles s’effectuent les expulsions de « sans-papiers » et du fait que le ministère a fixé à l’avance le nombre de malheurs à créer, de destins à briser, à la manière des chiffres de production et d’arrestations établis par décret en Union soviétique dans les beaux jours (pour la police).


Ce qui ressort surtout, c’est l’intention d’humilier, mise en pratique avec une application presque scientifique. Plusieurs fois, des journalistes ont démontré l’inutilité des contrôles dans les aéroports, en s’embarquant sans problèmes sur un avion avec des couteaux ou les composants d’une bombe. Mais dans les aéroports on continue à fouiller les bébés et à faire boire aux parents leurs biberons ; et on oblige tout le monde à retirer sa ceinture. Peut-être ai-je l’imagination trop vive ; cela me rappelle à chaque fois le procès des généraux prussiens qui avaient attenté à la vie de Hitler le 20 juillet 1944 : pour humilier le plus possible ces anciens aristocrates, les nazis leur avaient donné, aux audiences, des vêtements bien trop larges, sans ceintures, et se délectaient de les voir tout le temps tenir leur pantalon avec les mains…


Pas besoin de lire des brûlots révolutionnaires pour apprendre les méfaits de la police et de la justice, Le Monde suffit. L’inquiétude se répand, même dans la bourgeoisie libérale. Pourquoi y a-t-il alors si peu d’initiatives pour la défense des « libertés civiles » ? On assiste à de grandes manifestations pour le « pouvoir d’achat » ou contre la suppression des postes dans l’enseignement, mais jamais contre les caméras de surveillance vidéo, et encore moins contre le passeport biométrique ou le « navigo » dans le métro parisien qui permet de suivre chaque bête à la trace.


Cette toute-puissance de la police et d’une justice au service du gouvernement est une tendance universelle (il suffit de rappeler que la Grande-Bretagne, la patrie de la démocratie bourgeoise, a pratiquement aboli l’Habeas corpus qui prévoit qu’une personne arrêtée doit être présenté dans les trois jours devant un juge et dont l’introduction, en 1679, est considérée habituellement comme le début de l’État de droit et de la liberté de l’individu face à l’arbitraire de l’État – une abolition qui sonne comme la clôture symbolique d’une longue phase historique). La tendance à l’État policier semble pourtant plus développée en France que dans toute autre « vieille démocratie ». On y est allé très loin dans l’effacement des frontières entre terrorisme, violence collective, sabotage et illégalité. Cette criminalisation de toutes les formes de contestation qui ne sont pas strictement « légales » est un événement majeur de notre temps. On a vu dernièrement qu’écrire des tags ou retarder des trains peut passer pour du « terrorisme ». Ou qu’on peut se retrouver au tribunal pour avoir protesté, verbalement, contre une « reconduite à la frontière » dans un avion. Les faits sont trop connus pour qu’on les répète ici. La « démocratie » est plus que jamais purement formelle et se limite à choisir périodiquement entre les représentants des différentes nuances de la même gestion (et même ce reste de choix est truqué). Toute opposition à la politique des instances élues qui va au-delà d’une pétition ou d’une lettre au député local est par définition « anti-démocratique ». En d’autres mots, tout ce qui pourrait avoir la moindre efficacité est interdit, même ce qui était encore permis il n’y a pas longtemps. Ainsi, en Italie le gouvernement vient de restreindre fortement le droit de grève dans les services publics et d’introduire de grosses amendes pour les sit-in sur les voies de circulation ; les étudiants qui mènent encore des protestations se sont vus qualifiés par un ministre de « guérilleros ».


Dans cette conception de la vie publique, toute initiative revient exclusivement à l’État, aux institutions, aux autorités. D’ailleurs, cette monopolisation étatique de toutes les formes de conflictualité se retrouve également dans la vie quotidienne. Désormais, pour toute offense, pour tout différend, on recourt à la justice. La lutte contre le « harcèlement » a beaucoup contribué à retirer aux individus la capacité de réagir personnellement aux déplaisirs causés par autrui et les pousse toujours plus vers une dépendance totale. On ne répond plus à une injure avec une autre injure, ou à la limite avec une claque, mais en remplissant un formulaire au commissariat. On prétend ainsi, surtout à gauche, défendre les plus faibles, surtout les femmes ; en vérité, on les rend plus faibles et dépendants que jamais. On nous exproprie des formes les plus élémentaires de réaction personnelle.


En même temps, on sait qu’en Irak, les Américains laissent le sale boulot essentiellement à des compagnies privées – les contractors – composées de mercenaires venus du monde entier. Le nombre des « agents de sécurité » privés augmente partout. En Italie, le gouvernement Berlusconi, qui base son consensus largement sur le racisme envers les immigrés, identifiés in toto à la criminalité, a autorisé par décret la formation de « rondes » de « citoyens » pour contrôler le territoire. Il a même permis leur financement par des privés, ce qui pourrait amener, en perspective, à des « escadrons de la mort » comme en Amérique latine, payés par des commerçants désireux qu’on « nettoie » leur quartier.


Le renforcement du monopole de la violence par l’État et sa cession aux privés ne sont pourtant pas en contradiction : la violence est le noyau de l’État, et elle l’a toujours été. En temps de crise, l’État se retransforme en ce qu’il était historiquement à ses débuts : une bande armée. Les milices deviennent des polices « régulières », dans de nombreuses régions du monde, et les polices deviennent des milices et des bandes armées. Derrière toute la rhétorique sur l’État et sur son rôle civilisateur, il y a toujours, en dernière analyse, quelqu’un qui fracasse le crâne à un autre homme, ou qui a au moins la possibilité de le faire. Les fonctions et le fonctionnement de l’État ont varié énormément dans l’histoire, mais l’exercice de la violence est son dénominateur commun. L’État peut s’occuper du bien-être de ses citoyens, ou pas ; il peut dispenser un enseignement, ou pas ; il peut créer et maintenir des infrastructures, ou pas ; il peut régler la vie économique, ou pas ; il peut ouvertement être au service d’un petit groupe, ou d’un seul individu, ou au contraire affirmer servir l’intérêt commun : rien de cela ne lui est essentiel. Mais un État sans hommes armés qui le défendent à l’extérieur et qui sauvegardent l’« ordre » à l’intérieur ne serait pas un État. Sur ce point, on peut donner raison à Hobbes, ou à Carl Schmitt : la possibilité d’administrer la mort reste le pivot de toute construction étatique.

En temps de crise, l'État n'a plus rien à offrir à ses citoyens que la « protection », et il a donc tout intérêt à perpétuer l'insécurité qui crée la demande de protection. Il peut se priver de toutes ses fonctions, mais pas du maintien de l'ordre. C'était déjà l'avis du prophète du néolibéralisme, Milton Friedman : l'État doit tout laisser à l'initiative privée, sauf la sécurité (il est vrai que son fils David, qui a voulu encore en rajouter, a proposé de privatiser même l'exercice de la justice. Mais là, c'était trop, même pour les libéraux hardcore).

La suite du texte d'Anselm Jappe est ici : http://palim-psao.over-blog.fr(...).html
ZePot
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    ZePot
    le 29 Juil 2011, 18:30
Tiens il devient quoi Anselm Jappe ? Ca fait un bail.
S
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    S
    le 29 Juil 2011, 20:25
Les flics ont le bac c'est ça ??? mouais..


Hors voiture and co, il m'est arrivé de me faire contrôler en sortant de la gare saint charles à Marseille, deux jeunes crétins ne se sentant plus pisser dans leurs uniformes qui m'appellent comme si j'étais un clébard... pour me fouiller. Un mec exemplaire comme moi.
Kunde
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    Kunde
    le 29 Juil 2011, 21:12
Ou encore le bac a le flic ! Ce qui est bien entendu completement foireux.

Sinon jme suis pas fait contrôlé depuis un bail, a croire que mes miches ne sont pas assez bien pour leurs paluches ganté de cuir ! Ce qui est bien entendu d'un racisme innommable !
Qu'on ne s'étonne pas si l'on se sent mal dans cette république inaccueillante !
J'irai cracher sur vos tongs !
jules_albert
jeroveh a écrit :
Un texte éclairant d'Anselm Jappe paru dans la revue Lignes (et réédité dans Crédit à mort) à propos de la violence policière et de la violence insurrectionnelle dans le contexte actuel d'effondrement politique, économique et social :


Quel est le visage de la violence en France ? Pour quelqu’un qui fréquente habituellement différents pays européens, la première image de violence, dès qu’on arrive à la gare ou à l’aéroport en France, c’est la police. Jamais je n’ai vu autant de policiers qu’actuellement en France, surtout à Paris. Même pas en Turquie à l’époque de la dictature militaire. On pourrait croire qu’un coup d’État est en train d’avoir lieu, ou qu’on se trouve dans un pays occupé. En Italie ou en Allemagne, rien de comparable en ce moment. Et quels policiers : un air de brutalité et d’arrogance qui défie toute comparaison. Dès qu’on fait la moindre objection – par exemple face à des contrôles d’identité et des fouilles de bagages avant l’accès au train, du jamais vu – on sent qu’on frôle l’arrestation, le matraquage et finalement l’accusation d’ « outrage à agent de la force publique ». On peine à s’imaginer à quoi ça peut ressembler si l’on a la peau plus foncée, ou si l’on ne peut pas sortir les bons papiers.


On tremble d’indignation en lisant que des policiers rentrent dans les collèges, sous le prétexte de chercher de la drogue, où ils terrorisent les enfants avec des chiens et dénoncent les professeurs qui tentent de protéger leurs élèves. Ou lorsqu’on apprend les arrestations brutales de journalistes accusés de simple « délit d’opinion ». Pour ne pas parler des conditions dans lesquelles s’effectuent les expulsions de « sans-papiers » et du fait que le ministère a fixé à l’avance le nombre de malheurs à créer, de destins à briser, à la manière des chiffres de production et d’arrestations établis par décret en Union soviétique dans les beaux jours (pour la police).


Ce qui ressort surtout, c’est l’intention d’humilier, mise en pratique avec une application presque scientifique. Plusieurs fois, des journalistes ont démontré l’inutilité des contrôles dans les aéroports, en s’embarquant sans problèmes sur un avion avec des couteaux ou les composants d’une bombe. Mais dans les aéroports on continue à fouiller les bébés et à faire boire aux parents leurs biberons ; et on oblige tout le monde à retirer sa ceinture. Peut-être ai-je l’imagination trop vive ; cela me rappelle à chaque fois le procès des généraux prussiens qui avaient attenté à la vie de Hitler le 20 juillet 1944 : pour humilier le plus possible ces anciens aristocrates, les nazis leur avaient donné, aux audiences, des vêtements bien trop larges, sans ceintures, et se délectaient de les voir tout le temps tenir leur pantalon avec les mains…


Pas besoin de lire des brûlots révolutionnaires pour apprendre les méfaits de la police et de la justice, Le Monde suffit. L’inquiétude se répand, même dans la bourgeoisie libérale. Pourquoi y a-t-il alors si peu d’initiatives pour la défense des « libertés civiles » ? On assiste à de grandes manifestations pour le « pouvoir d’achat » ou contre la suppression des postes dans l’enseignement, mais jamais contre les caméras de surveillance vidéo, et encore moins contre le passeport biométrique ou le « navigo » dans le métro parisien qui permet de suivre chaque bête à la trace.


Cette toute-puissance de la police et d’une justice au service du gouvernement est une tendance universelle (il suffit de rappeler que la Grande-Bretagne, la patrie de la démocratie bourgeoise, a pratiquement aboli l’Habeas corpus qui prévoit qu’une personne arrêtée doit être présenté dans les trois jours devant un juge et dont l’introduction, en 1679, est considérée habituellement comme le début de l’État de droit et de la liberté de l’individu face à l’arbitraire de l’État – une abolition qui sonne comme la clôture symbolique d’une longue phase historique). La tendance à l’État policier semble pourtant plus développée en France que dans toute autre « vieille démocratie ». On y est allé très loin dans l’effacement des frontières entre terrorisme, violence collective, sabotage et illégalité. Cette criminalisation de toutes les formes de contestation qui ne sont pas strictement « légales » est un événement majeur de notre temps. On a vu dernièrement qu’écrire des tags ou retarder des trains peut passer pour du « terrorisme ». Ou qu’on peut se retrouver au tribunal pour avoir protesté, verbalement, contre une « reconduite à la frontière » dans un avion. Les faits sont trop connus pour qu’on les répète ici. La « démocratie » est plus que jamais purement formelle et se limite à choisir périodiquement entre les représentants des différentes nuances de la même gestion (et même ce reste de choix est truqué). Toute opposition à la politique des instances élues qui va au-delà d’une pétition ou d’une lettre au député local est par définition « anti-démocratique ». En d’autres mots, tout ce qui pourrait avoir la moindre efficacité est interdit, même ce qui était encore permis il n’y a pas longtemps. Ainsi, en Italie le gouvernement vient de restreindre fortement le droit de grève dans les services publics et d’introduire de grosses amendes pour les sit-in sur les voies de circulation ; les étudiants qui mènent encore des protestations se sont vus qualifiés par un ministre de « guérilleros ».


Dans cette conception de la vie publique, toute initiative revient exclusivement à l’État, aux institutions, aux autorités. D’ailleurs, cette monopolisation étatique de toutes les formes de conflictualité se retrouve également dans la vie quotidienne. Désormais, pour toute offense, pour tout différend, on recourt à la justice. La lutte contre le « harcèlement » a beaucoup contribué à retirer aux individus la capacité de réagir personnellement aux déplaisirs causés par autrui et les pousse toujours plus vers une dépendance totale. On ne répond plus à une injure avec une autre injure, ou à la limite avec une claque, mais en remplissant un formulaire au commissariat. On prétend ainsi, surtout à gauche, défendre les plus faibles, surtout les femmes ; en vérité, on les rend plus faibles et dépendants que jamais. On nous exproprie des formes les plus élémentaires de réaction personnelle.


En même temps, on sait qu’en Irak, les Américains laissent le sale boulot essentiellement à des compagnies privées – les contractors – composées de mercenaires venus du monde entier. Le nombre des « agents de sécurité » privés augmente partout. En Italie, le gouvernement Berlusconi, qui base son consensus largement sur le racisme envers les immigrés, identifiés in toto à la criminalité, a autorisé par décret la formation de « rondes » de « citoyens » pour contrôler le territoire. Il a même permis leur financement par des privés, ce qui pourrait amener, en perspective, à des « escadrons de la mort » comme en Amérique latine, payés par des commerçants désireux qu’on « nettoie » leur quartier.


Le renforcement du monopole de la violence par l’État et sa cession aux privés ne sont pourtant pas en contradiction : la violence est le noyau de l’État, et elle l’a toujours été. En temps de crise, l’État se retransforme en ce qu’il était historiquement à ses débuts : une bande armée. Les milices deviennent des polices « régulières », dans de nombreuses régions du monde, et les polices deviennent des milices et des bandes armées. Derrière toute la rhétorique sur l’État et sur son rôle civilisateur, il y a toujours, en dernière analyse, quelqu’un qui fracasse le crâne à un autre homme, ou qui a au moins la possibilité de le faire. Les fonctions et le fonctionnement de l’État ont varié énormément dans l’histoire, mais l’exercice de la violence est son dénominateur commun. L’État peut s’occuper du bien-être de ses citoyens, ou pas ; il peut dispenser un enseignement, ou pas ; il peut créer et maintenir des infrastructures, ou pas ; il peut régler la vie économique, ou pas ; il peut ouvertement être au service d’un petit groupe, ou d’un seul individu, ou au contraire affirmer servir l’intérêt commun : rien de cela ne lui est essentiel. Mais un État sans hommes armés qui le défendent à l’extérieur et qui sauvegardent l’« ordre » à l’intérieur ne serait pas un État. Sur ce point, on peut donner raison à Hobbes, ou à Carl Schmitt : la possibilité d’administrer la mort reste le pivot de toute construction étatique.

En temps de crise, l'État n'a plus rien à offrir à ses citoyens que la « protection », et il a donc tout intérêt à perpétuer l'insécurité qui crée la demande de protection. Il peut se priver de toutes ses fonctions, mais pas du maintien de l'ordre. C'était déjà l'avis du prophète du néolibéralisme, Milton Friedman : l'État doit tout laisser à l'initiative privée, sauf la sécurité (il est vrai que son fils David, qui a voulu encore en rajouter, a proposé de privatiser même l'exercice de la justice. Mais là, c'était trop, même pour les libéraux hardcore).

La suite du texte d'Anselm Jappe est ici : http://palim-psao.over-blog.fr(...).html

excellent!! voilà le genre de texte qui doit donner la migraine à tout le spectre politique, de bayrou au fn, de besancenot à l'ump clientéliste en passant par le pc, le ps et les écolos!
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Bad Monkey
[quote="jules_albert"]
jeroveh a écrit :
En Italie, le gouvernement Berlusconi, qui base son consensus largement sur le racisme envers les immigrés, identifiés in toto à la criminalité, a autorisé par décret la formation de « rondes » de « citoyens » pour contrôler le territoire. Il a même permis leur financement par des privés, ce qui pourrait amener, en perspective, à des « escadrons de la mort » comme en Amérique latine, payés par des commerçants désireux qu’on « nettoie » leur quartier.


Sauf que c'est pas exactement comme ça et que les rondes n'ont jamais existées... Meme la Lega Nord n'a jamais reussi a en faire une.
"You'll never come up with your own gear, untill you've copied.
That's the best thing. Just steal!"

-Ritchie Blackmore

“I may not be the greatest guitar player in the world,
but I’m 100 times better than everyone else. ;)”

–John Norum
Bad Monkey a écrit :
Sauf que c'est pas exactement comme ça et que les rondes n'ont jamais existées... Meme la Lega Nord n'a jamais reussi a en faire une.

Ce texte d'Anselm Jappe date de 2009, au moment où faisait rage la polémique autour de ces rondes.

En ce moment sur backstage...