Texte intégral en français :
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Lorsque Greta Thunberg fustige les puissants de ce monde en les exhortant à « écouter les scientifiques » elle se situe au cœur des contradictions de ce temps. Elle idéalise la science en l’opposant aux basses œuvres de l’industrie, méconnaissant que cette industrie n’est que la bras armé de la science. Historiquement parlant, il est tout à fait impossible de les dissocier : science et industrie obéissent à une même vision du monde, à une même pratique effective du monde.
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Lorsque les marxistes nous répètent qu’il n’est plus temps d’interpréter le monde, mais qu’il est urgent désormais de la transformer, ils ne se rendent pas compte que ce monde « seulement » à transformer a été construit, élaboré, machiné, au nom d’une raison historique donnée, et que ce ne sont pas seulement les inégalités des hommes devant ce qu’est devenu ce monde élaboré par cette raison-là qui sont condamnables (sous-entendu : le monde créée par la modernité resterait « bon » en soi, ce serait « seulement » le détournement privatif de ses résultats qu’il faudrait combattre). Ce qui ne va pas dans cette sentence marxiste, c’est qu’elle reconnaît comme fondamentalement valide le monde matériel produit par la modernité, et qu’il suffirait de débarrasser ce monde des mécanismes de pouvoir qui en pervertissent l’usage, en tant que bien commun, pour que le monde soit réellement « remis sur ses pieds ».