Intéressant, cet article, merci.
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L’Echo des terriers (EdT), toujours avide d’en savoir plus, est allé interroger la célèbre psychanalyste Martes Foina (sic).
EdT : qu’est-ce qui empêche une approche raisonnée, dès lors qu’il est question de la reproduction des animaux sauvages ?
Docteur Foina : les mots utilisés traduisent le ressenti intuitif. Prolifération est un mot associé au domaine nucléaire ou microbien. Ce qui nous dépasse en trop grand ou en trop petit pour être « raisonnable ». Ce que je ne peux pas comprendre, donc accepter. On entend aussi le mot pullulation, qui évoque la pullulation bactérienne. Ce que nous ne pouvons plus maitriser, qui nous échappe. Le qualificatif de sauvage confirme l’indomptabilité de l’objet.
EdT : en quoi se sentent-ils investis d’une responsabilité ?
Docteur Foina : il y a, sous-jacent, le sentiment d’impuissance, et donc de culpabilité. Le temps nous est compté. Laissez-moi agir avant qu’il ne soit trop tard. La peur de perte de puissance, c’est avant tout sexuel évidemment, ce n’est pas moi qui le dis, c’est Freud. Le temps presse, car demain nous ne pourrons plus. Nous ne pourrons plus quoi ? Je vous laisse deviner. Ce n’est pas un hasard si 98% des régulateurs précoces sont des hommes.
EdT : agir en donnant la mort, c’est un fusil à un coup non ?
Docteur Foina : oui bien sûr, mais si propre mort offre peu de perspectives -la mort va nous empêcher d’agir- on peut en revanche donner la mort autant de fois qu’on le veut. Comme on assouvirait un besoin. Ils veulent donner la mort avant de la recevoir. Se venger avant l’heure. C’est une pulsion simplificatrice de tout. Ce qui motive l’action, c’est avant tout la peur. La peur de l’autre, de l’inconnu, de demain… Ils tentent de combler un vide sidéral.
EdT : mais alors ça ne s’arrêtera jamais ?
Docteur Foina : comme toutes les pulsions, elle peut être satisfaite sur le coup. Mais une pulsion assouvie… en appelle une autre. Comme la cigarette. C’est un cercle vicieux. Tous les prétextes seront utilisés pour continuer y compris ceux irrationnels. Il y a trop de prédateurs qui détruisent les herbivores, tuons les prédateurs. Et trop de brouteurs qui détruisent les plantations, tuons les brouteurs. Trop de renards et trop de campagnols. Trop de cormorans et trop de poissons blancs. Plus on élimine, plus il nous faut éliminer. Les prédateurs comme leurs proies. Les forts et les faibles.
EdT : les personnes qui souffrent de ces troubles doivent être très malheureuses ?
Docteur Foina : non pas forcément ; c’est comme une drogue, ça soulage un temps. Et puis c’est aussi une manière de combler un vide, de donner un sens. De s’attribuer une responsabilité. C’est important vis-à-vis de soi-même et des autres. Ça évite de penser à autre chose. Et surtout à la brièveté de leur passage sur Terre et à celle de l’Humanité. C’est vertigineux si on veut bien y réfléchir.
EdT : vous pouvez les aider ou au moins, leur donner des conseils ?
Docteur Foina : j’en serais ravie, mais ils ne viennent pas me voir. Ils n’ont pas conscience de leur propre dysfonctionnement. Ils tournent en rond sur leur propre logique, comme un hamster dans sa roue. Il faudrait briser la roue et ouvrir la cage. Rompre des certitudes de plusieurs centaines d’années. Qu’ils se remettent complètement en cause. Qu’ils adoptent d’autres valeurs, deviennent curieux, modestes, qu’ils réfléchissent avant d’agir, caressent 7 fois la gâchette sous leur index avant de tirer…
EdT : toutes les explications, les rapports scientifiques et autre notes techniques sur l’utilité des espèces ainsi pourchassées ne serviront donc à rien ?
Docteur Foina : non, encore une fois c’est irrationnel, impulsif, compulsif. Il faut éduquer dès le premier âge. Développer les sciences de la nature, la connaissance de soi, le respect de son environnement, de l’autre. Cultiver la modestie, développer la curiosité. Inviter à la méditation.
EdT : merci Docteur Foina de nous laisser un peu d’espoir.