Les quatre essais de ce recueil, écrits entre 1935 et 1945, ont jeté les bases de la pensée écologiste, offrant une lecture absolument actuelle, humaniste et libertaire de notre société productiviste, consumériste et technophile.
Contemporains de la Grande Dépression, de la crise du libéralisme et de l’essor du fascisme et du communisme, Bernard Charbonneau (1910-1996) et Jacques Ellul (1912-1994) ont mené dès leur jeunesse une critique non marxiste de l’aliénation de l’homme moderne.
Face à la tyrannie de la science, de l’industrie et de l’État, ils ont esquissé un projet révolutionnaire qui ne passait pas par la prise du pouvoir, mais par une contre-société basée sur de multiples communautés éparses, en cultivant d’autres types de relations sociales et une nouvelle attitude envers la nature.
«Aujourd’hui, toute doctrine qui refuse de considérer les conséquences du progrès, soit parce qu’elle considère ces problèmes comme secondaires (idéologie de droite), soit parce qu’elle les divinise (idéaux de gauche), est contre-révolutionnaire. Ce qui caractérise le monde totalitaire dans lequel nous vivons, c’est la symbiose du politique et de la technique, l’accord entre la volonté de pouvoir des chefs d’État et la curiosité objective, le sens mécanique, l’étroite docilité des techniciens. Nous devons reprendre le contrôle de nos moyens. Si nous ne réduisons pas le progrès technique au statut d’instrument, et c’est le sens de la bombe atomique, nous périrons écrasés par les forces que nous avons déchaînées. Ce n’est pas d'un dimanche à la campagne dont nous avons besoin, mais d'une vie moins artificielle».