Une petite enquête du philosophe Yves Michaud à propos de Delevoye.
Citation:
« J'ai fait quelques recherches plus détaillées sur le cas Delevoye.
Les résultats sont accablants pour la classe politique - macronienne certes mais en général certes aussi. N'oublions pas que le dit Delevoye a été ministre de l'inénarrable gouvernement Raffarin-Chirac.
La prétendue crise de la démocratie est en fait une crise morale profonde de ses prétendues élites profiteuses et hypocrites.
Voici ces résultats sur le grand honnête homme qui gère la réforme des retraites.
L'omission par M. Delevoye de sa participation, assure-t-il bénévole, au conseil d’administration d’un certain Institut de formation de la profession de l’assurance (Ifpass) est grave mais si cette participation est vraiment bénévole, elle n’est pas pendable.
Le reste de la déclaration d’intérêts de ce monsieur auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique est en revanche bien plus parlant.
Apparemment, M. Delevoye est généreusement rémunéré au titre de président d’un think tank de très récente apparition appelé Parallaxe associé à un collectif miraculeusement à but non lucratif HEP (Humanisme, Entreprenariat, Professionnalisme) émanant lui-même d’un groupement lui aussi non lucratif le groupe IGS, fédération d’associations indépendantes à but, elles aussi, non lucratif, dont l’objet est, je cite, « d’apporter des solutions de formation à l’ensemble des publics à travers cinq activités : écoles, alternance, apprentissage, formation continue, insertion et transition professionnelle ». Bref, il y a du non-lucratif partout, sauf pour les poches de M. Delevoye...
Première remarque : on est au royaume bien connu des poupées russes entrepreneuriales : un think tank Parallaxe emboîté dans un collectif HEP lui-même émanant d’une fédération IGS. Dernière toute petite poupée au sein du montage et coup de pied de l’âne : l’Institut de formation de la profession de l’assurance (Ifpass), qui est au coeur des critiques faites à M. Delevoye, est, lui-même, détenu en majorité par...IGS. Voilà qui s’appelle de l’endogamie, voire de l'inceste.
Seconde remarque : on est au royaume de la formation professionnelle continue qui en France pèse quelque chose comme 30 milliards de cotisations entreprise. Merveilleux royaume des organisations à but non-lucratif solidement financées.
On comprend que le think tank que préside monsieur Delevoye est censé déplacer la vision des choses en introduisant un autre regard (d'où le beau nom de Parallaxe que le quidam ne risque pas de comprendre)
Ça pense donc sec - et ça rapporte aussi.
L’étonnant est en effet le montant des rémunérations annuelles nettes de monsieur Delevoye au titre de sa présidence pensante : plus de 64.000 euros pour un think tank dont on n’a encore vu aucune production (j’ai cherché en vain et n’ai rien trouvé), et qui semble regrouper d’illustres inconnus assurément compétents mais tous plus ou moins liés à la formation professionnelle et beaucoup à...IGS.
Reconnaissons que tout ça est royalement payé – d'autant que monsieur Delevoye a quand même pas mal de travail dans ses fonctions para-gouvernementales puis gouvernementales et qu'on se demande quand il peut présider son think tank, si celui-ci effectivement fonctionne. Cumul, cumul, quand tu nous tiens ! Je n’ai pas dit « emploi fictif », ça, c’est bon pour les temps Chirac.
Monsieur Delevoye est un travailleur infatigable,un grand chrétien dispensateur tout aussi infatigable de bonnes paroles humanistes, pas un de ces grévistes attachés comme des arapèdes à leurs régimes spéciaux scandaleux, mais, doux Jésus, comme disait François Mauriac caressant le manteau de fourrure de madame André Maurois, rien n’est gratuit au royaume de l’humanisme.
J’ajoute pour pimenter la réflexion en matière de régimes spéciaux que Monsieur Delevoye, aujourd’hui âgé de 72 ans, est ancien parlementaire, ancien-ministre, ancien médiateur de la République, a été maire de longues années, a présidé le conseil économique et social pendant 4 ans. Je suppose qu’il n’a pas oublié de faire valoir ses droits à la retraite dans chacune des activités où il s’est tellement et si généreusement dévoué au bien public. Il touchait aux dernières nouvelles un salaire mensuel de près de 10.000 euros comme haut commissaire à je ne sais plus quoi… Ah ces journées de 48 heures et ces années de 104 semaines !
N’y a-t-il pas quelque chose de pourri au royaume de Jupiter ?
PS : La déclaration de patrimoine de notre humaniste n’est pas encore publiée… Je suppose qu’elle va faire pitié. Ah le pauvre ! »
Et après, le neuneu s'étonne encore qu'il y a des manifestations et des mouvements sociaux dans ce pays.