contre le spectacle de la fausse contestation et sa fausse conscience :
remarques sur la paralysie de décembre 1995
Rédigé juste après un mouvement de grèves dans lequel certains avaient voulu voir une "première révolte contre la mondialisation", ce texte choisit d'en analyser surtout les limites et les illusions, et de dire ainsi quelle
conscience plus exacte de l'état réel du monde serait nécessaire à un quelconque début de résistance collective au cours économique des choses.
Ce qui a affleuré au cours de ce mois de décembre, c'est précisément le sentiment, en temps normal censuré par la routine, que le passé n'éclaire plus l'avenir, et que tout simplement personne ne sait ce qui va arriver ; tout le monde sentant que n'importe quoi peut sortir du chaudron de sorcière du capitalisme, à commencer bien sûr par le pire. Les princes charmants de la publicité se sont transformés en crapauds, et les crapauds sont en train de muter en quelque chose d'autre, de jamais vu sous le soleil.
La parenthèse de l'euphorie marchande, du bonheur garanti et de l'intégration pour tous, cette parenthèse se referme. Et l'idée se répand que le capitalisme,
après avoir détruit tout ce qui jusque-là avait donné un sens à la vie humaine, nous a conduits au bord de l'abîme, sans cesser pour autant de nous inviter à "faire un grand pas en avant".