S'habiller comme on l'entend, c'est la moindre des choses, et on comprend les gens qui n'ont pas envie d'exposer aux regards leurs chairs non conformes (plage, piscine, mais aussi rue : quand on ne s'aime pas, si on a l'occasion de se planquer, ben... on se planque), mais il n'en reste pas moins que la burka et ses dérivés ne sont absolument pas des vêtements comme les autres.
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Confronté à la juridiction française le wahhabisme militant doit composer avec un contexte qui lui résiste, mais dans lequel les brèches semblent nombreuses. La première d’entre elles, et la plus dangereuse, c’est la culture contemporaine des «droits individuels» ou s’est abîmée la liberté. Il est fréquent d’entendre que le niqab, le voile ou le burkini relèvent de «la liberté d’expression» ou du «droit des femmes à disposer de leur corps». S’y opposer, c’est être «islamophobe», c’est-à-dire s’attaquer à tous les musulmans. L’objectif est naturellement que toute condamnation justifiée du wahhabisme institutionnel en particulier soit rapidement perçue et narrée comme visant les musulmans français en général.
Barrer la route à l’extrémisme islamiste
Bien sûr toutes les femmes qui portent des burkinis en France ne sont pas des émissaires wahhabites mais ne soyons pas naïfs sur le symbole de cette étoffe. Il n’y a aucune honte à condamner l’extrémisme islamiste et à lui barrer la route par tous les moyens légaux possibles. Il n’y a là rien de politiquement incorrect ou de comparable au discours raciste et antimusulman du Front National. Cela ne revient pas non plus à ignorer que des actes antimusulmans sont perpétrés en France. Leur nombre de 140 en 2014 a triplé durant la triste année 2015. David Lisnard, le maire de Cannes, a fait dans sa ville ce qu’il fallait faire. Interdire les burkinis dont le nom s’amuse jusqu’à la nausée de la burqa des talibans n’est pas un acte islamophobe. C’est plutôt le signe que nous n’avons pas peur de dire qu’Islam et wahhabisme sont deux choses radicalement distinctes, et que le second menace le premier depuis plus de deux siècles.
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L’animosité qui motive les agresseurs musulmans de l’Occident s’inscrit dans le prolongement d’une fracture politique ouverte, à l’échelle du siècle, par la profonde blessure coloniale.
Cette blessure jamais refermée a été aggravée ensuite par les politiques "impériales" mises en œuvre au cœur du monde musulman. Au sein des communautés musulmanes implantées en Occident, cette blessure a été enfin exacerbée par les déficits et les échecs aujourd’hui patents des formules du "vivre-ensemble".
À l’aube des années 2000, l’explosion de violence du 11-Septembre est venue signaler avant tout le rejet de la militarisation de la diplomatie pétrolière des États-Unis (libérée par la chute de l’URSS des limites inhérentes à la rivalité de leur challenger) et de leur instrumentalisation cynique et antidémocratique, aux services de leurs intérêts, des pires régimes autoritaires arabes.
Depuis quinze ans, la réponse éminemment contre-productive aux attentats de New York et Washington – ce mélange de la suspicion citoyenne du Patriot Act et de la violence aveugle du carpet bombing de l’Afghanistan puis de l’invasion de l’Irak – a fait qu’irrésistiblement, les quelques milliers de djihadistes cantonnés, au début des années 2000, au seul territoire de l’Afghanistan, ont essaimé aujourd’hui aux quatre coins de la planète.
(...)
Le suivisme quasi aveugle des Européens dans cette impasse, puis, plus récemment, les failles béantes ouvertes par leurs atermoiements respectifs dans la gestion de la crise syrienne sont entrés enfin en résonance avec le lent repli xénophobe qui, de Tony Blair à Donald Trump, et de Nicolas Sarkozy à Manuel Valls, ronge l’ensemble de leurs sociétés.
Cette double dérive a accentué l’aliénation de pans entiers du monde musulman, y compris au sein des sociétés occidentales. Mais une infime fraction d’entre eux a opté pour le registre de la violence que l’on sait.
Tous ceux – acteurs ou analystes – qui surestiment la nature idéologique ou religieuse de cette matrice commune aux deux poussées djihadistes successives, et insistent sur l’importance des évolutions et des différences, refusent en réalité d’en accepter la nature banalement réactive et politique.