La conclusion est claire, le rock en tant qu'expression de la jeunesse contestataire est bel et bien mort :
"Le rock ne servait plus de digue contre la barbarie modernisée : c'était un genre fini, un moyen stéril, un fantôme, une relique, une arnaque. C'était désormais la musique de l'autre camp. Il n'existait que parce que de nombreux intérêts en jeu étaient nés à l'ombre de l'industrie de l'évasion. La révolution et le divertissement ne marchaient plus ensemble, l'une perdant sa dimension ludico-populaire, et l'autre son caractère subversif. On peut mieux comprendre les échecs des mouvements révolutionnaires d'alors en prêtant attention à la régression du rock qui traduisait la victoire de la culture-spectacle et la dissolution des classes dangereuses dans les masses consommatrices.
Certes, tous ses éléments basiques étaient déjà présents dans les années soixante, mais ce fut lors de la décennie suivante qu'ils se développèrent exponentiellement et sans entraves. Depuis, de nombreux styles musicaux aux intentions plus ou moins louables, et avec des fortunes diverses, ont fait parler d'eux. Aucun n'a dépassé son ghetto particulier, car aucun n'a réussi à exprimer les espoirs universels de liberté et d'autoréalisation comme le rock de cette époque; aucun n'a autant enseigné à désapprendre, ni n'a défié aussi efficacement l'ordre, ni n'a encouragé aussi longtemps la protestation."
Miguel Amorós, "Rock pour débutants" (texte intégral) :
https://www.guitariste.com/for(...).html