Pourtant personne ne peut ignorer qu’à l’image de la guerre toujours perdue que la folie hygiéniste mène contre les microbes, chaque progrès de la
sécurisation a entraîné l’apparition de nouveaux dangers, de risques inédits, de fléaux jusque-là insoupçonnés ; que ce soit dans l’urbanisme, où les espaces « criminogènes » s’étendent avec le contrôle, la ségrégation, la surveillance, ou dans l’élevage industriel, le milieu stérilisé des hôpitaux et celui des laboratoires de la restauration collective, où, de la légionellose au SRAS, prospèrent les nouvelles maladies épidémiques. La liste serait trop longue pour la dresser ici.
Mais rien de tout cela n’ébranle le progressiste. On dirait au contraire que chaque nouvel échec de la sécurisation le renforce dans sa conviction d’une tendance générale vers le « mieux ». C’est pourquoi il est tout à fait vain de prétendre le raisonner, comme le font les bonnes âmes qui lui détaillent les « dégâts du progrès ».
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En ce sens en tout cas on peut dire que la science et la technologie modernes s’apparentent, en tant qu’organisations, à un mouvement de masse totalitaire ; et pas seulement parce que les individus qui y participent ou s’y identifient en retirent un sentiment de puissance, mais aussi parce qu’une fois admis le but profondément délirant qu’est celui d’un contrôle total des conditions de vie, une fois ainsi abdiqué tout sens commun, aucun désastre ne suffira jamais à ramener à la raison le progressiste fanatisé. Il y verra au contraire un motif supplémentaire de renforcer le système technologique, d’améliorer la sécurisation, la traçabilité, etc. C’est ainsi qu’il devient catastrophiste sans cesser d’être progressiste
https://medium.com/@tohu_bohu/(...)-du-désastre-et-soumission-durable-a1a769e9b74b