Euh, je t'arrête tout de suite - ça ferait un paquet de blairottes célibataires. Pas bon pour la paix sociale, ça.
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15 octobre 1983. Mairie de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, Rhône. Le maire énonce les principes bien connus du Code civil : "Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance..." Eric l'interrompt alors d'une voix claire : "Secours, assistance, oui. Fidélité, non." Stupeur de l'assistance. Quelques rires, dont celui de ma mère. Jaune.
Le maire m'interroge du regard : doit-il suspendre la cérémonie, comme, j'imagine, la loi l'exige ? Je ne sais pas comment réagir : depuis que je suis toute petite, mes parents m'ont inculqué l'idée qu'il ne faut pas se faire remarquer. A la perspective de mettre fin immédiatement à ce mariage, de blesser et d'humilier ma mère, qui a passé du temps à tout préparer pour le repas qui va suivre, de voir chacun se lever, peiné, et se séparer sur cette déclaration intempestive, tout mon courage m'abandonne. Mes principes aussi. Je prends sur moi. "Il plaisante, monsieur le maire, il plaisante. Vous pouvez continuer."
L'édile obtempère. Au fond de moi, je suis humiliée. Mais j'ai horreur du scandale, surtout sur des questions aussi intimes. Pourquoi Eric s'est-il senti obligé de lancer une telle provocation ? Par honnêteté probablement. Il ne veut pas me mentir. Préfère avertir tout le monde d'emblée : qu'on ne lui demande pas de prendre un engagement qu'il se sait incapable de tenir. Qu'il n'a pas tenu pendant les cinq ans que nous venons déjà de passer ensemble. Et qu'il ne tiendra pas plus après. Je ne pourrai pas dire que je n'ai pas été prévenue.
[...] Il s'est avéré beaucoup plus volage que je ne l'aurais souhaité... Quant à moi, la prétendue liberté qu'autorisait notre pacte conjugal ne m'a que médiocrement amusée. Et ma tolérance - ou mon ouverture d'esprit, ou ma bêtise, selon les points de vue - ne m'aura pas protégée de l'issue prévisible : parce qu'il côtoie de plus en plus de jeunes femmes attrayantes et d'autant mieux disposées qu'il est ministre, mon mari s'est mis à vivre le couple comme un carcan.