Biosmog a écrit :
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Quant à (quantat) Freud, j'ai cité Totem et tabou volontairement parce que c'est une œuvre complètement laissée de côté pour son caractère proprement délirant à certains égards. Difficile de ne pas l'admettre. Mais d'une part, j'ai toujours trouvé très étonnant cette grande partition des Freudiens entre les œuvres "dignes" d'être étudiées et les autres, sachant que pour Freud, je ne crois pas que cette thématique était secondaire: et pourquoi serait-il revenu sur le sujet à la toute fin de sa vie ? soit Moïse et le monothéisme est une œuvre de la sénilité, mais comment expliquer Totem et tabou écrit beaucoup plus tôt? soit Freud n'a pas réussi à la rendre aussi convaincante que les œuvres jugées "dignes" par les freudiens. Personnellement, je ne trouve pas que Totem et tabou soit plus ou moins une mythologie que le reste.
Sinon, pour un popperien, je suis surpris que tu ne jettes pas tout Freud à la poubelle.
C'est l'inverse : étonnant qu'un freudien (ou plutôt lacanien) ne jette pas Popper à la poubelle ... mais pour moi Popper est le garde fou indispensable sans lequel la psychanalyse devient cette farce qu'on peut déplorer aujourd'hui (au même titre que Deleuze d'ailleurs)
Je ne trouve pas totem et tabou ni "Moïse et le monothéisme" indignes ... loin de là ... (j'apprécie énormément le "Moïse") ... quand je dis que je les considère comme mythologique, ça veut dire qu'ils doivent être interprétés ... éventuellement dans le sens de symptômes propres à Freud...
Par exemple : ce que Freud veut imputer au meurtre du père de la horde primitive correspond pour moi à certains effets du signifiant ... et c'est Freud qui fournit les indices: dans Moïse, il rapporte les capacités métaphoriques à un héritage génétique... de même le souvenir du meurtre du père se transmettrait génétiquement - ce qui est biologiquement intenable... Or il n'est pas nécessaire de faire appel à la génétique pour comprendre l'origine de la métaphore : elle est une conséquence directe de la nature du signifiant ... : là où Freud cherche une causalité génétique je me demande alors systématiquement si ça ne peut pas être un effet du signifiant... et en l’occurrence ça fonctionne bien : le père de la horde est celui dont l'exclusion fonde la règle de la limitation de la jouissance ... et c'est bien là un des effets du signifiant que de nous limiter dans la jouissance (plus je pense et moins j'"existe") et d'induire par là même l'idée d'une jouissance sans limite