"Les organisateurs de la Manif pour tous s'exaspèrent de l'attitude de la Préfecture de police qui leur a refusé de manifester sur les Champs-Élysées tout en laissant le champ libre aux casseurs lundi.
«Mais où donc étaient les policiers lundi soir?, ironisent les opposants au mariage gay. Trop occupés à traquer les porteurs de sweat-shirts roses ?» Les organisateurs de la Manif pour tous, à qui la préfecture de police de Paris avait refusé les Champs-Élysées pour leur dernier rassemblement, s'offusquent d'un «flagrant deux poids, deux mesures» entre les traitements réservés aux «manifestants pacifiques» et aux hooligans du PSG. «La Manif pour tous, c'est combien de vitrines cassées, de voitures brûlées, de policiers blessés?, s'exaspère Tugdual Derville, l'un des porte-parole du collectif. Pourtant, c'est bien parmi nos sympathisants que l'on dénombre à ce jour plus d'une centaine de gardés à vue…»
En repérage, lundi soir, pour les trajets de la Méga manif du 26 mai, Albéric Dumont, le jeune coordinateur de la Manif pour tous, n'a pas pu «s'empêcher d'aller observer le dispositif policier mis en place au Trocadéro».«Soit il y a un vrai dysfonctionnement des services de renseignements, soit une volonté de ne pas intervenir, affirme-t-il. “La Manif pour tous a échappé à ses organisateurs”, avait dit Manuel Valls après le 24 mars. Et la situation au Trocadéro, à qui a-t-elle échappé, là?»
Même indignation parmi les militants. «Manuel Valls parle de “bousculades” pour le Trocadéro dévasté, mais de “comportements intolérables” pour la Manif pour tous du 24 mars…, s'emporte Jean-Baptiste, étudiant. Quand 67 jeunes s'assoient, une bougie à la main, près de l'Assemblée nationale, ils sont tous embarqués. Tandis que lorsque des hordes de casseurs dévastent le quartier du Trocadéro avec des barres de fer, blessant 32 personnes, on n'a qu'une bonne trentaine de gardés à vue…»
« La Manif pour tous, c'est combien de vitrines cassées, de voitures brûlées, de policiers blessés ?»
Tugdual Derville
Cyprien, autre étudiant, a subi 44 heures de garde à vue, été arrêté trois fois, et, il y a quelques jours, «immobilisé une heure et demie sur un banc», avec trois copains, pour éviter, selon les CRS, «des risques d'affrontements». «C'est facile de taper sur des gens comme nous, car ils savent qu'on ne rendra pas les coups, note-t-il. J'ai peur que certains se disent que finalement on risque moins en cassant qu'en étant gentil et bien élevé…»
Les propos du député PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a évoqué mardi une «connexion» entre des incidents lors de manifestations anti-mariage homosexuel et «les hooligans» du PSG, ont encore ajouté de l'huile sur le feu… «J'hésite entre la colère et le fou rire!, s'exclame Tugdual Derville. C'est un amalgame absolument indigne!» Même Ilan, militant trotskiste qui soutient la Manif pour tous mais qui souhaite «renverser l'ordre social et la bourgeoisie», se dit choqué par«l'incohérence du gouvernement»…
Présidente de la Manif pour tous, Ludovine de La Rochère, tient à la poursuite du mouvement «dans la paix et le respect des institutions, des biens et des personnes». «Aussi forte que soit notre colère, seul le calme impose le respect, clame-t-elle. Quand on défend la société, on défend le bien commun. Nos jeunes militants ont compris que ce serait une erreur de sombrer dans la violence. Ils ont compris la force de la non-violence.»
Animateur du mouvement des «veilleurs», ces jeunes qui organisent régulièrement des soirées de «résistance non violente» au mariage homosexuel, Axel ne dit pas autre chose: «Et dire que dimanche soir, un commissaire nous a prévenus qu'on risquait un an de prison…, soupire-t-il. Moi, je resterai toujours avenant et non violent. Mais la non-violence, c'est aussi savoir révéler la violence!» La prochaine veillée parisienne, mercredi soir, pourrait bien avoir lieu… sur le parvis des Droits-de-l'Homme, au Trocadéro. «Une occasion de parler des droits de l'homme…, glisse Axel. Et d'envoyer un signal fort, juste avant la décision attendue du Conseil constitutionnel sur la loi Taubira… Car ce qui gêne le plus le pouvoir, c'est la non-violence.»"
"la chrétienté a aboli le christianisme" (Sören Kierkegaard).