Adam Bopel a écrit :
Biosmog a écrit :
Je ne sais pas si on en a parlé, mais
dans le genre d'humour qui proposait une analyse brillante des médias, du racisme, des inégalités, il y avait Coluche. C'est intéressant Coluche, car il choquait d'une autre façon que Desproges, d'une façon opposée. Son politiquement incorrect à Coluche, c'était
la vulgarité, son nez rouge. Il était cantonné au populaire, aux enfants mal élevés. La différence de Coluche, c'est qu'
il ne laissait lui, aucune place à l'ambiguïté, aucune place à une adhésion de posture, aucune place au soulagement du bourgeois qui, en écoutant Desproges, pouvait se dire «je suis une belle enflure, mais qu'est-ce que je suis drôle, je ris même de moi». Cet humour là, le nez rouge qui dit le vrai, qui s'adresse à tous avec intelligence, il a été complètement évacué (...) La vraie dérive du politiquement correct, c'est celle qui a transformé Coluche en Bigard ...
Je n'aime pas beaucoup Coluche, je ne l'ai jamais trouvé drôle.
"Aucune place à l'ambiguïté" ???
Quand j'étais au lycée, j'ai le souvenir de camarades ultra-racistes qui en étaient fans, et je ne parle pas d'adultes (oncles, relations ...), certains ayant bouffé du fellaga, et pour lesquels il représentait le sommet de l'humour.
Visiblement, les propos de ce cher humoriste étaient pour le moins ambigus.
Biosmog a écrit :
...J'adore Desproges, qu'on soit clair. Mais lui, il attire les poseurs, les snobs qui trouvent chic de s'en revendiquer, les dominants qui pouvaient se conforter dans leur autosatisfaction à moindre frais ...
C'était aussi et surtout un artiste qui avait le goût des mots et un vrai talent d'écriture, ce qui peut expliquer sa popularité.
Manier la langue avec humour et élégance, ce n'est pas satisfaire le bourgeois.
Je pense que tu nous fais une belle confusion anachronique. Du vivant de Coluche, ce milieu artistique et cet humour, étaient détesté par l'extrême-droite et toute la droite conservatrice en général. Il n'y a pas la moindre ambiguïté là dessus. Les fans de Coluche étaient en très grande majorité la classe ouvrière de gauche. Depuis, le FN s'est complètement transformé et tout le paysage politique, le «tous pourris» lepenien étant largement postérieur au «tous pourris» coluchien»: écoute Lepen au début des années 80.
Bref, ton expérience ne correspond pas à la réalité politique de cette époque, ni aux discours massivement anti-raciste (et sans deuxième degré) de Coluche.
Quand au maniement de la langue de Desproges, oui il y a une jubilation à comprendre les calembours de Desproges, tu n'a qu'à regarder le plaisir que prends le Père Lepen à se faire astiquer au tribunal des flagrants délires, et à les comparer avec les scènes avec Coluche (où ça ne rigole plus du tout), si tu n'es pas convaincu par mon propos.