L'esthète et le beauf: la culture dans tous ses états

Rappel du dernier message de la page précédente :
Seth Rotten
J'ai pas parlé de subversion. Il n'a jamais été aussi difficile d'être subversif qu'aujourd'hui.

Mais le "politiquement incorrect" est partout : au ciné, à la radio, à la télé, dans les journaux... rien que la politique, c'est devenu le jeu, un politicien plus ou moins connu dit un gros mot raciste ou homophobe, tout le monde lui tombe dessus, d'autres disent combien il est courageux blablabli blablabla et paf, ça fait du politiquement incorrect consommable à volonté.

Je veux dire par là que tout ça est du spectacle, un gars écrit un livre "politiquement incorrect", il passe à la télé pour se faire descendre par des chroniqueurs bon teint payés pour faire les gentils, il est défendu par celui payé pour être le méchant, etc etc... et quand un type dit un truc gentil on le traite de mauviette, de politiquement correct, etc.

Alors qu'on me fasse pas rire.
Sans parler de ceux qui sont PI pour être PI : sans convictions mais à la recherche du truc le plus choquant pour se faire mousser.
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
LO95 a écrit :
Citation:
C'est ce que je dis depuis plusieurs années. C'est devenu un standard social d'être "politiquement incorrect" : cynique, dire tout haut "ce que tout le monde pense tout bas", etc... bref être un vrai rebelz contre le politiquement correct.
Sauf que comme tout le monde fait ça, c'est devenu un nouveau conformisme.


tu trouves qu'on est dans une époque politiquement incorrecte? vraiment?
On peut plus rien dire sans se faire tomber dessus. On ne peut faire que du faux subversif style le petit journal.
Dès qu'on touche à un sujet sensible, le ciel nous tombe sur la tête.


Je pense que c'est en effet assez compliqué cette histoire. J'ai l'impression que le vrai politiquement incorrect, ici, maintenant, ce serait de revendiquer aimer Cabrel ou de flinguer Gainsbourg. Autour de moi dans la vraie vie ou sur ce forum, ça sent fort la subversion à la petite semaine.

Pour ma part, ça m'évoquait un peu autre chose, mais qui est exactement liée à ça. C'est quoi la subversion? c'est mourir très jeune d'OD dans un accident de voiture, après une vie inconséquente avec les règles élémentaire de la biologie et de la société?

J'ai même l'impression que la subversion d'un Sid Vicous, par exemple, n'en était pas, ou pas dans un autre sens qui est celui-là:
Peut-être que ce qui est la véritable subversion, c'est justement de ne pas suivre ni ses "instincts" ni le "troupeau", d'avancer contre l'avis de tous et même de soi-même dans une direction planifiée? C'est le contraire du populaire. Sid Vicious était une sorte de populaire radical, puisqu'il s'est tué en s'oubliant complètement, en n'étant plus que l'image-pour-les-autres, en quelque sorte pour correspondre à la vision fantasmée de tous du rebel. Il disait oui à tout, et d'abord aux élans spontanés donnés par les autres. Il suivait le mouvement véritable (celui que tous les auto-destructeurs, alcoolo, junk, etc.. tentent d'euphémiser), mouvement véritable des pulsions, qui est caché derrière le vernis de politiquement correct. (entre parenthèses, je dis quand même paix à son âme, sa vie a été glauque)

Je ne sais pas si je suis très clair, je ne veux pas trop développer ou préciser, ça prendrait trop de temps, mais voilà un peu ma vision de la subversion et du populaire.
Vous battez pas, je vous aime tous
Doc Loco
Biosmog a écrit :
J'ai l'impression que le vrai politiquement incorrect, ce serait de revendiquer aimer Cabrel ou de flinguer Gainsbourg.


Le vrai politiquement incorrect, c'est sans doute d'aimer les deux, parce que ça c'est visiblement inconcevable pour beaucoup. Tout comme d'apprécier Motorhead et John Coltrane. Bref, de sortir une fois pour toutes des chapelles et des "oppositions obligatoires" ("si t'aimes ça, tu peux forcément pas aimer ça".
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
skynet
  • skynet
  • Vintage Ultra utilisateur
    ModérateurModérateur
  • #48
  • Publié par
    skynet
    le 15 Juil 2014, 14:05
J'avoue avoir un peu d'mal à saisir l'idée de "aimer un artiste" pour être (parce qu'il est) politiquement correct (ou pas)...

J'ai l'impression qu'on perd une bonne part de sincérité dans la démarche.
fifdefif
C'est ça en fait le politiquement incorrect ,c'est la sincérité ,sinon ce n'est qu'une histoire de posture.
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
Doc Loco a écrit :
Biosmog a écrit :
J'ai l'impression que le vrai politiquement incorrect, ce serait de revendiquer aimer Cabrel ou de flinguer Gainsbourg.


Le vrai politiquement incorrect, c'est sans doute d'aimer les deux, parce que ça c'est visiblement inconcevable pour beaucoup. Tout comme d'apprécier Motorhead et John Coltrane. Bref, de sortir une fois pour toutes des chapelles et des "oppositions obligatoires" ("si t'aimes ça, tu peux forcément pas aimer ça".


Ou comment, en ménageant la chèvre et le chou, on devient politiquement incorrect...
Je ne le crois quand même pas. La dissolution des catégories, la "fusion", l'abolition des frontières disciplinaire, je ne crois pas que ce soit très politiquement incorrect.

Ceci dit, je n'oppose pas Cabrel et Gainsbourg, car justement Gainsbourg ne s'oppose à rien. Je vais arrêter, parce qu'on va penser que je cherche à m'acharner contre lui. Mais juste pour dire que je crois qu'il n'y a pas beaucoup d'artiste plus consensuel que Gainsbourg aujourd'hui. Ce qui est assez surprenant quand on se remémore ses provocations. Donc encore une fois, le personnage de Gainsbourg est vraiment très intéressant dans ce topic: une subversion de façade et un consensualisme très fort: impossible de le critiquer sans s'attirer les foudres g.comiennes. Il passait chez Drucker, quand même.
Vous battez pas, je vous aime tous
Doc Loco
Biosmog a écrit :
Doc Loco a écrit :
Biosmog a écrit :
J'ai l'impression que le vrai politiquement incorrect, ce serait de revendiquer aimer Cabrel ou de flinguer Gainsbourg.


Le vrai politiquement incorrect, c'est sans doute d'aimer les deux, parce que ça c'est visiblement inconcevable pour beaucoup. Tout comme d'apprécier Motorhead et John Coltrane. Bref, de sortir une fois pour toutes des chapelles et des "oppositions obligatoires" ("si t'aimes ça, tu peux forcément pas aimer ça".


Ou comment, en ménageant la chèvre et le chou, on devient politiquement incorrect...
Je ne le crois quand même pas. La dissolution des catégories, la "fusion", l'abolition des frontières disciplinaire, je ne crois pas que ce soit très politiquement incorrect.


Démonstration par l'absurde, merci : avoir des goûts variés et étendus, c'est donc forcément "ménager la chèvre et le chou". C'est bien ce que je disais, certaines associations de goûts sont actuellement inconcevables pour beaucoup, comme tu en fais la démonstration (PS: aimer des choses très différentes, ça n'a rien à voir avec TOUT aimer - c'est juste piocher ce qu'on trouve intéressant dans des chapelles différentes).
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
skynet a écrit :
J'avoue avoir un peu d'mal à saisir l'idée de "aimer un artiste" pour être (parce qu'il est) politiquement correct (ou pas)...

J'ai l'impression qu'on perd une bonne part de sincérité dans la démarche.



fifdefif a écrit :
C'est ça en fait le politiquement incorrect ,c'est la sincérité ,sinon ce n'est qu'une histoire de posture.


Je crois aussi qu'il y a de ça. Ça résume ce que j'essayais d'expliquer maladroitement avec Sid Vicious (qui s'est fait avaler par sa posture)
Vous battez pas, je vous aime tous
Seth Rotten
Etre subversif, enfin, la subversion du sujet pour reprendre l'expression consacrée, c'est arriver un peu à faire avec son désir, ne pas trop céder dessus, arriver à dépasser la captation dans le regard de l'autre.

Mais la subversion ça n'est pas du tout le politiquement incorrect. Le politiquement incorrect c'est du spectacle, c'est dans le rapport à l'autre, dans la représentation. La subversion c'est avant tout dans le rapport à soi même.
Doc Loco
On se rejoint au moins sur ce pauvre clown de Sid Vicious - quoique dans un sens peut-être précurseur de certaines pop star actuelles dont le seul talent est de se vendre elle-même, leur image, à défaut d'un talent quelconque. Pas sûr qu'il aurait apprécié .
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
Doc Loco a écrit :
Biosmog a écrit :
Doc Loco a écrit :
Biosmog a écrit :
J'ai l'impression que le vrai politiquement incorrect, ce serait de revendiquer aimer Cabrel ou de flinguer Gainsbourg.


Le vrai politiquement incorrect, c'est sans doute d'aimer les deux, parce que ça c'est visiblement inconcevable pour beaucoup. Tout comme d'apprécier Motorhead et John Coltrane. Bref, de sortir une fois pour toutes des chapelles et des "oppositions obligatoires" ("si t'aimes ça, tu peux forcément pas aimer ça".


Ou comment, en ménageant la chèvre et le chou, on devient politiquement incorrect...
Je ne le crois quand même pas. La dissolution des catégories, la "fusion", l'abolition des frontières disciplinaire, je ne crois pas que ce soit très politiquement incorrect.


Démonstration par l'absurde, merci : avoir des goûts variés et étendus, c'est donc forcément "ménager la chèvre et le chou". C'est bien ce que je disais, certaines associations de goûts sont actuellement inconcevables pour beaucoup, comme tu en fais la démonstration (PS: aimer des choses très différentes, ça n'a rien à voir avec TOUT aimer - c'est juste piocher ce qu'on trouve intéressant dans des chapelles différentes).


Pas de souci Doc, je te sens un peu à cran avec moi.
Je disais juste que les oppositions, les catégories d'artiste, genres musicaux, ont éclaté il me semble. J'ai aussi connu les années 80 où à cette époque encore, on appartenait à des tribus bien délimitées, on s'interdisait d'aimer ceci si on adhérait à cela. Aujourd'hui, dire qu'on écoute du rock indépendant et de la variété ne constitue plus vraiment un acte de subversion. Voilà mon propos.
Vous battez pas, je vous aime tous
Seth Rotten a écrit :
Etre subversif, enfin, la subversion du sujet pour reprendre l'expression consacrée, c'est arriver un peu à faire avec son désir, ne pas trop céder dessus, arriver à dépasser la captation dans le regard de l'autre.

Mais la subversion ça n'est pas du tout le politiquement incorrect. Le politiquement incorrect c'est du spectacle, c'est dans le rapport à l'autre, dans la représentation. La subversion c'est avant tout dans le rapport à soi même.



être subversif, ça veut rien dire, dans un système médiatituqe, quand on est reconnu subversif, c'est qu'on l'es pas,
Les vrais subversifs ne sont jamais connus.
Gainsbourg sur le peu que je connais, c'est de la variété, c'est tout, il a eut peut être deux ou trois titres inspirés à ses débuts, globalement, c'est de la soupe pour ménagères portugaises, j'ai rien contre ces femmes, dans mon immeuble, elles arrêtent pas d'écouter sea sex and sun.
Biosmog
  • Biosmog
  • Vintage Méga utilisateur
Seth Rotten a écrit :
Etre subversif, enfin, la subversion du sujet pour reprendre l'expression consacrée, c'est arriver un peu à faire avec son désir, ne pas trop céder dessus, arriver à dépasser la captation dans le regard de l'autre.

Mais la subversion ça n'est pas du tout le politiquement incorrect. Le politiquement incorrect c'est du spectacle, c'est dans le rapport à l'autre, dans la représentation. La subversion c'est avant tout dans le rapport à soi même.


Oui, c'est très fin comme analyse, j'y adhère presque. Mais un doute m'envahit: c'est quoi le rapport à soi-même sans passer par les autres? c'est possible?
Vous battez pas, je vous aime tous
milkyway77
skynet a écrit :
J'avoue avoir un peu d'mal à saisir l'idée de "aimer un artiste" pour être (parce qu'il est) politiquement correct (ou pas)...

J'ai l'impression qu'on perd une bonne part de sincérité dans la démarche.

J'ai surtout l'impression que ce topic (daubic?) n'a pas de sujet défini et que son intitulé ne veut rien dire et doit être reformulé.
Je propose "YABT" (Yet Another Brawling Thread)...
"Bon, j’ai loupé le phacochère, mais l’ornithorynque, je le sens bien." Dieu
"j'ai toujours un peu de mal quand c'est l’agressivité qui est utilisée pour faire passer un message,
aussi noble soit -il..." Skip17
"c'est cool d'avoir une modération rapide et efficace contre ces nuisibles, merci" Fannysissy
LO95
  • LO95
  • Special Cool utilisateur
  • #59
  • Publié par
    LO95
    le 15 Juil 2014, 14:39
est ce qu'à votre avis SAEZ est ou était subversif ou politiquement incorrect?
je pense à l'épisode de la fête de la zic.
Seth Rotten
ESP69 a écrit :


être subversif, ça veut rien dire, dans un système médiatituqe, quand on est reconnu subversif, c'est qu'on l'es pas,
Les vrais subversifs ne sont jamais connus.


Merci de me relire, c'est exactement ce que je dis.

Citation:
Oui, c'est très fin comme analyse, j'y adhère presque. Mais un doute m'envahit: c'est quoi le rapport à soi-même sans passer par les autres? c'est possible?


Non, mais ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. Je n'ai pas dit que c'était sans passer par les autres, j'ai dit que c'était en dépassant autant que possible la captation dans le regard de l'autre, c'est à dire, pour parler vulgaire, faire passer le désir de l'autre avant le sien (ou ce que l'on croit être le désir de l'autre).

Si tu veux, subvertir, c'est essayer d'affirmer un peu son désir au lieu de sans cesse répondre à l'appel de l'autre.
Le politiquement incorrect, par contre, c'est mettre en scène sa rébellion face au désir de l'autre vécu comme impératif, sans pour autant dépasser le stade de cette rébellion.
C'est un peu puéril, quoi

En ce moment sur backstage...