Article paru en 2005 dans Courrier International.
Cet article est adapté d’un essai paru dans
When She Was Bad : Women and the Myth of Innocence [Quand elle était vilaine : les femmes et le mythe de l’innocence],
éd. Random House of Canada:
Femmes agressives, hommes battus. La violence conjugale n'est pas l'apanage des mâles
Patricia Pearson SATURDAY NIGHT - TORONTO
[...] Les informations qui ont permis de révéler pour la première fois l’existence des hommes battus sont apparues dans une enquête publiée en 1980 par trois spécialistes de la violence familiale du New Hampshire: Murray Straus, Richard Gelles et Suzanne Steinmetz.
Leur étude, menée auprès de 2143 foyers américains pris au hasard, a montré que les brutalités étaient autant le fait des femmes que des hommes : 11,6 % des femmes et 12 % des hommes reconnaissaient frapper, gifler ou donner des coups de pied à leur partenaire.
Or, pour les féministes, l’idée que les hommes puissent passer pour des victimes n’avait tout simplement aucun sens. Elle ne cadrait pas avec leur analyse fondamentale des brutalités subies par les femmes - à savoir qu’elles étaient la conséquence logique de la domination politique, économique et idéologique du mâle.
Si les femmes étaient si manifestement sous le joug des hommes dans la société, comment pouvait-on s’attendre à ce qu’il en aille différemment en privé ? [...]
Vers la fin des années 80, les féministes et les intellectuels au coeur du mouvement de défense des femmes battues sont devenus très manichéens dans leurs distinctions entre l’homme et la femme.
Si les femmes étaient fondamentalement sans reproche, on en déduisait avec de plus en plus de certitude que les hommes étaient fondamentalement à blâmer, au point que chercher les mobiles de leurs actes passait pour leur trouver des “excuses”.
Les mauvais traitements subis dans l’enfance n’étaient pas une raison, c’était une excuse. Même chose pour les pathologies individuelles, la dynamique du couple, les circonstances personnelles - jusqu’à ce que ce domaine d’investigation soit déclaré zone interdite.[...]
Une enquête sur la violence à l’encontre des femmes, effectuée en 1978 par la Commission du Kentucky, a révélé que 38 % des agressions commises dans cet Etat étaient dues à des femmes, mais ces chiffres n’apparurent pas dans le rapport publié sur cette enquête.
Ces faits ont été découverts plusieurs années plus tard par d’autres chercheurs. À Detroit, la vague d’admissions aux urgences à la suite de violences familiales a été largement rapportée par les féministes comme une preuve des brutalités subies par les femmes. Personne n’a précisé aux médias que 38 % de ces admissions concernaient des hommes.
Source :
https://www.courrierinternatio(...)rlhXk