voici les dernières lignes d'un article de marc weitzmann, "vertiges d'une révolution", publié en février 2018 dans le nº 2 du "nouveau magazine littéraire" :
http://archives.magazine-litte(...)une-révolution
On ne peut espérer y voir clair dans le champ de bataille féministe sans prendre en compte le fait que
deux guerres se livrent en une : celle contre ce que l'on appelle, d'un mot qu'il faudrait discuter, le "patriarcat", et celle contre la pulsion sexuelle elle-même, qui est tout autre chose. Les relations entre hommes et femmes ont été pendant des siècles gérées par l'institution du mariage, c'est-à-dire non pas par une norme hétérosexuelle mais par une transaction entre hommes. Des pères donnaient leur fille à marier dans le cadre d'un échange financier ou foncier avec un autre homme ou d'une alliance politique. C'est à l'effondrement de cet ordre phallocrate, et de la morale qui l'accompagne, que l'on assiste depuis l'émergence des mouvements féministes de masse. Mais, en matière de sexe, se contenter de vouloir remplacer un ordre injuste par un ordre juste ne règle pas le problème des pulsions, qui sont l'autre nom du désordre.
Dans
Sexual Personae. Art and Decadence From Nerfertiti to Emily Dickinson, son best-seller mondial publié au début des années 1990 (jamais traduit en français), l'essayiste et féministe américaine Camille Paglia écrivait : "Le sexe est un pouvoir bien plus sombre que les féministes ne l'admettent. Les thérapies sexuelles comportementales croient qu'une relation sexuelle dégagée de toute culpabilité est possible. Mais le sexe est le point de contact entre l'homme et la nature, le lieu où la morale et bonnes intentions laissent la place aux urgences primitives. Un royaume au-delà des frontières, à la fois enchanté et maudit."
Si, comme le dit Julia Kristeva, les campagnes #MeToo et #BalanceTonPorc marquent "une nouvelle étape de l'histoire de l'émancipation féminine", nous sommes maintenant au pied du mur. L'hétérosexualité est à réinventer.