"Comment une prophétesse féministe est devenue une apostate..."
Dr Phyllis Chesler n'a jamais eu peur d'être impopulaire.
Universitaire, militante féministe et psychothérapeute, elle a régulièrement fait l'objet de controverses pendant 60 ans. Son nouveau livre, "
Une féministe politiquement incorrecte", détaille ses expériences en tant que leader de la 2ème vague de féminisme aux États-Unis (...)
Née dans une famille d'immigrants juifs à Brooklyn en 1940, elle se trouvait exactement au bon moment au bon endroit pour être au centre de la 2ème vague.
Elle faisait partie d'une génération de femmes adolescentes durant les étouffantes années 50, devenues adultes au cours du mouvement de la contre-culture. Le point culminant de la 2ème vague a été une période de créativité intense à la fin des années 60 et au début des années 70, au cours de laquelle un groupe relativement restreint de femmes (pour la plupart jeunes) a développé un nombre impressionnant de nouvelles idées.
Certaines d'entre elles sont devenus courantes - par exemple l'existence du "
harcèlement sexuel" en tant que catégorie distincte de maltraitance, et la reconnaissance du fait que le viol est souvent commis par des intimes plutôt que par des inconnus (...).
En 2002, Chesler a publié "
Woman's Inhumanity to Woman", qui décrit la manière dont les femmes commettent des abus contre d’autres femmes.
Les féministes qui s'accrochaient à une vision naïve de la vertu féminine l’ont accusée de trahir le mouvement et quelques-unes ont cherché à bloquer la publication du livre (...).
Elle est particulièrement franche en parlant du côté sombre du mouvement féministe. Elle croit que ces ténèbres sont enracinées dans les relations dysfonctionnelles
via lesquelles les femmes interagissent souvent les unes avec les autres.
Bien que Chesler avait l'habitude de croire que «
toutes les femmes sont gentilles, attentionnées, maternelles, vaillantes, de nobles assiégées, et que tous les hommes sont leurs oppresseurs», elle sait maintenant que c’est faux, comme toutes les femmes sauf les féministes les plus aveuglées.
En fait, comme elle me l'a dit, «
les femmes sont extrêmement agressives, mais principalement envers les autres femmes. Contrairement aux hommes, la plupart des femmes ont appris à nier cela elles-mêmes et à rester inconscientes de leur propre comportement. Habituellement, l'agression est "indirecte"… Elle consiste à répandre des commérages puis à exclure socialement une fille ou une femme ciblée, en particulier une fille perçue comme "plus jolie", plus talentueuse ou simplement "différente".»
Dans "
Une féministe politiquement incorrecte", Chesler décrit le communautarisme observé dans les milieux féministes de la 2ème vague comme émanant de la révolution culturelle chinoise (...).
La différence est que, contrairement aux hommes, les femmes ont tendance à prendre un conflit d’une manière profondément personnelle. Chesler se distancie de beaucoup d'autres féministes en reconnaissant qu'il existe certaines différences psychologiques en moyenne entre hommes et femmes.
Elle a maintenant le sentiment que ses camarades militantes de la 2ème vague ont échoué à reconnaître «
que les hommes et les femmes sont différents à certains égards», y compris leur résilience face aux conflits.
Chesler écrit que la plupart des femmes impliquées dans la 2ème vague n'étaient «
pas préparées psychologiquement pour des batailles aussi intenses et manifestes, et les ont vécues personnellement, et non pas politiquement - et parfois comme des expériences de mort imminente». Certains conflits pouvaient être «
vicieux à couper le souffle» et ont finalement servi à saper le mouvement. (...)
Un épisode choquant que Chesler détaille dans son livre le montre très clairement.
En 1979, Chesler a été violée par son employeur de l'époque, Davidson Nicol, haut responsable des Nations Unies et dignitaire africain de la Sierra Leone.
Elle me dit que ce viol s'est avéré moins traumatisant que le comportement ultérieur de ses collègues féministes. Quand Chesler révéla ce qui lui était arrivé à Robin Morgan et à Gloria Steinem - certaines des femmes les plus puissantes du mouvement à l'époque - elles ont refusé de la soutenir dans sa confrontation avec son agresseur.
Chesler écrit que Morgan lui a dit qu'il serait «
fâcheux pour le féminisme» qu'une «
féministe blanche accuse un homme noir de viol et de harcèlement sexuel», et que Steinem a confirmé cette décision.
Même Andrea Dworkin n’a pas pris sa défense, affirmant à Chesler que, selon elle, «
accuser un homme noir ferait passer les féministes pour des racistes».
Ceci, malgré le fait que plusieurs femmes de couleur soutenaient le désir de Chesler d’affronter Nicol, en particulier parce qu'il était bien connu pour être un prédateur. C’est une trahison qui blessa profondément Chesler. (...)
Au cours des dernières années, Steinem a également été une proche alliée de Linda Sarsour, la dirigeante de la Marche des femmes accusée de promouvoir la charia, et qui a fait des déclarations largement reçues comme antisémites. En revanche, Chesler a été très critique à l'égard de l'islam et a écrit un certain nombre de livres sur les abus commis contre des femmes dans les pays à majorité musulmane. (...).
Comme elle me l'a dit, «
Ce qui se passe avec le féminisme aujourd'hui, du moins dans les milieux académiques, c'est du faux féminisme. Il est beaucoup plus concerné par le racisme que par le sexisme et quiconque ne respecte pas cette ligne est qualifié de raciste. Le faux féminisme est beaucoup plus investi dans la condamnation de l'Amérique, des Lumières, de la civilisation occidentale, de l'impérialisme occidental, du colonialisme et du capitalisme ; condamnant les personnes qui parlent vrai, comme Ayaan Hirsi Ali, née en Somalie.»
Selon elle, les féministes qui refusent de prendre position contre le traitement infligé aux femmes dans les pays à majorité musulmane manquent tout simplement de courage : elles ont peur d’être ostracisées si elles ne suivent pas la ligne du parti.» (...)
Alors qu’elle faisait autrefois la une du New York Times, Chesler ne peut plus être publiée dans les médias de gauche. Au lieu de cela, elle écrit pour des publications conservatrices dans lesquelles elle peut être certaine que son travail ne sera pas «
rendu sous une forme "politiquement correcte"».
Certaines féministes de gauche lui ont dit qu'elles ne liraient jamais son travail à cause des journaux où ils sont publiés, mais quand elle leur a demandé de suggérer une plateforme alternative, «
elles n'en voyaient pas».
Quel choix a-t-elle ? Chesler n'est pas optimiste. Elle dit se sentir «
choquée, navrée, révoltée» face à l'état du féminisme contemporain et aux nouvelles menaces qui pèsent sur les femmes.
https://quillette.com/2019/06/(...)NGPSA