Redstein a écrit :
alors qu'il est tellement simple de traiter tous les défavorisés de la même manière, indépendamment de leur superstition.
Il est là le problème. C'est précisément l'inverse que ce que montre la sociologie (et ce qu'essaye d'appliquer la gauche en général) : il n'y a aucune forme d'égalité dans l'inégalité.
Il y a DES inégalités. Elles sont pas les mêmes pour tout le monde. On agit donc pas de la même manière pour les combattre.
Entre la discrimination au sexe, à l'orientation sexuelle, à la classe sociale et à l'origine ethnique, il y a des champs sociaux qui se regroupent parfois, mais les luttes contre celles-ci ne peuvent pas se faire de la même manière. On reste principalement sur de la discrimination systémique (donc sous entendre qu'on a parfois même pas conscience d'effectuer ce genre de discrimination), mais on ne peut pas traiter le féminisme comme on traite les mouvements anti-raciste, ou encore la lutte des classes. C'est im-po-ssible.
Voilà pourquoi vouloir regrouper tout dans un même panier est d'une absurdité sans précédent. Bref, ce qu'on évoque déjà depuis plusieurs pages.
Autrement dit, oui, la sociologie et la gauche reconnaissent les différences, et non, tout n'est pas "blanc ou noir".
(contrairement à ce que la droite pense de la gauche en tout cas)
Et ça explique en parti pourquoi il y a tant de "fracture" à gauche. Il y a autant de fracture que de lutte. L'enjeu pour l'ensemble de la gauche va être d'intégrer ça et de faire en sorte de faire co-exister ces différentes luttes sous un même étendard. Réussi à faire comprendre à un ouvrier que s'occuper un peu des personnes issues de l'immigration ce n'est pas lutter contre eux serait déjà un sacré bel exploit. Disons que si on arrivait à faire ça, le FN perdrait la moitié de son électorat.
PS : Juste un aparté, l'utilisation du terme "défavorisé" est assez significatif de l'influence du néolibéralisme et de sa langue de bois assez malsaine qu'on nous déverse depuis 50 ans (s'il y a bien un truc qui ruisselle c'est ça). Défavorisé reviendrait à penser que ces gens là n'ont juste "pas de bol". Genre ils sont né comme ça, c'est un état, et on va quand même pas aller faire chier le Medef juste parce que ces gens là n'ont pas de bol ?!
Il y a 50 ans, dans le monde du travail social, on appelait ces personnes des "exploités". Là tout de suite, le mot fait sens. S'il y a des exploités, alors il y a des exploiteurs. Il y a même une exploitation. Et là une lutte sociale peut s'engager.
Bref juste un petit exemple, encore une fois, pour montrer que la langue de bois n'est pas forcément très adaptée pour décrire la réalité sociale. Et encore une fois, oui c'est de la novlangue. "Islamo-gauchiste" tiens du même acabit.