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La géométrie et l’abstraction sont souvent liées aux
cultures de l’Invisible depuis l’apparition des premiers
tracés géométriques dans les grottes ornées de la
préhistoire, jusqu’aux œuvres les plus contemporaines
qui se ressourcent dans des formes d’épure abstraite.
À quoi tient ce phénomène ?
Quelles réalités et quels enjeux recouvre-t-il ?
L’exposition Géométries de l’Invisible révèle et explore
ce continuum transhistorique. Apparaît alors sous nos
yeux un tout autre paysage où l’art redéploie toutes
ses énergies.
Géométriser c’est prendre la mesure de l’espace. Cela
revient à arpenter, tracer, projeter et calculer. Mais c’est
également se confronter à l’infini, à l’irreprésentable
et à l’Invisible. Le philosophe Husserl voit dans la
géométrie une origine spirituelle, transcendante et
métaphysique. Une origine dont on retrouve les traces
dans les cultures de l’Invisible comme le chamanisme,
l’astrologie ancienne, l’hermétisme de l’alchimie ou
de la cabale. Il est d’ailleurs probable que l’art et
les cultures de l’Invisible aient une même matrice
commune, notamment à travers les tracés géométriques.
À moins qu’il ne s’agisse d’une constante à travers
toute l’histoire de l’art. Car depuis peu on observe un
regain d’intérêt manifeste des artistes contemporains,
mais aussi des scientifiques et des universitaires pour
ces questions. En particulier dans les jeunes générations
intéressées par une refondation des sciences de
l’humain et de la nature. Ce qui est lié à la mise en
cause de certains modes d’être et de penser comme
le matérialisme du capitalisme outrancier qui s’est
développé à partir d’un usage restrictif du rationalisme
scientifique.
L'Art du Grand Nord éclaire les pratiques artistiques, reliées de manière intime et complexe à la conception du sacré, de tribus circumpolaires : Lapons, Inuits, Sâmes, mais aussi Aïnous, Algonquins, et autres ethnies méconnues.
L’ouvrage prend pour lien entre tous ces peuples le chamanisme, une pratique religieuse subtile conférant une signification aux objets, y compris ceux du quotidien. Près de 800 d’entre eux sont représentés dans ce livre, pour moitié en couleurs. Des masques et autres pièces sacrées ou de la vie courante, ainsi que des dessins et photographies que les explorateurs occidentaux ont rassemblés depuis le XVIIIe siècle.
L'élément qui lie ces peuples et leurs arts, à travers le temps et l'espace, est unique : c'est le chamanisme, ensemble de pratiques aboutissant à un état de transe, grâce auquel le chaman, au cours de ses voyages, rentre en contact avec les esprits et, parfois même, va jusqu'à la lune. Les illustrations rassemblées proposent des masques et des objets sacrés, des objets de la vie courante, parfois vieux de plusieurs siècles, des dessins et photographies rapportés depuis le XVIIIe siècle par les voyageurs occidentaux, mais également des œuvres contemporaines, affirmation de la créativité d'artistes fiers de leurs racines. Seuls André Breton et les surréalistes avaient su " voir " cet art. La vision panarctique développée par les auteurs fait découvrir des peuples pour lesquels le sens du beau est inné. Ce livre en est la preuve.