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LES VARIATIONS DU DESIR
Selon les biologistes, le désir qui provoque une tempête hormonale quasi pathologique, en tout cas différente de l'équilibre habituel, dure en moyenne trois ans (d'où le titre du livre de Frédéric Beigbeder "l'amour dure trois ans", encore un qui confond le désir et l'amour, aimer et être amoureux!). C'est sans doute vrai pour le désir tourné vers une personne en particulier, d'où l'inévitable crainte de la "routine" et de l'usure du couple qui fait les beaux jours des émissions de sexologie.
En revanche, et c'est un émerveillement permanent pour moi, le désir intrinsèque, c'est à dire la capacité à désirer, à regarder les hommes (en ce qui me concerne) dans la rue en imaginant des choses inavouables à leur sujet, bref à avoir envie... cette capacité là est bien plus enfant de bohême que l'amour. Ca va, ça vient, ça repart de façon inattendue, ça disparaît parfois... Quand on l'a expérimentée plusieurs fois dans son existence, on gagne à cette connaissance de la versatilité du désir une sérénité totale. Peu m'importe désormais de vivre des période "sans", de rester de marbre face à des hommes superbes alors que dans d'autres circonstances je baiserais bien un réverbère pourvu qu'il m'allume comme il convient :-), cela ne m'inquiète plus, ne me provoque aucune angoisse existentielle, aucune griffure d'ego. Je sais que mon désir se nourrit parfois d'autres univers- la libido n'est pas que sexuelle- ou qu'il a tout simplement envie d'une pause pour se régénérer.
Et puis, sans que je sache ni pourquoi ni comment, renaît un jour au creux du ventre un frémissement familier, comme un printemps de sensations. Comme la graine qu'on croit morte en hiver pointe une pousse hors de la terre dès les premières tiédeurs, cette libido en sommeil se révèle et se réveille plus vive que jamais, plus vive qu'avant, plus neuve aussi. Il suffit de peu de choses, d'un joli souvenir, d'un regard croisé sur un quai de gare, d'un parfum de tabac mêlé à l'odeur de la pluie un soir, une nuit... Il suffit d'un élan, cette envie de vivre encore et encore l'instant où rien ne semble plus important que ce que s'apprêtent à faire ensemble deux corps qui s'apprivoisent.
Mais peut-être que j'ai une bonne nature...