La plateforme
L'idée première de Jeroen était de s'affranchir des câbles entre les pédales, qu'ils soient audio ou électriques, afin de pouvoir interchanger à la volée les effets, le tout en ayant un système waterproof (ou beerproof).
L'équipe qu'il a formée a ainsi développé un intelligent et innovant système où l'alimentation et le signal audio transitent via un unique connecteur à 9 broches (D-subminiature) qui se situe sous la pédale. Seule la structure du pedalboard est raccordée à l'alimentation secteur, et les uniques câbles nécessaires seront ceux raccordant l'instrument au pedalboard et le pedalboard à l'ampli.
Cette plateforme d'accueil renferme une collection d'idées pertinentes et d'outils faisant partie des indispensables ou presque :
- Les connections audio et électriques sont regroupées en haut à droite du pedalboard : l'alimentation (9V), 2 entrées et sorties au format habituel jack ¼, un troisième connecteur jack ¼ destiné à activer/désactiver un canal ou une fonction (reverb) d'un préampli (par exemple) et enfin 2 connecteurs USB, très pratiques pour alimenter une tablette (qui afficherait vos partitions ou permettrait de gérer un système tels le H9 de Eventide ou les TonePrint de TC Electronic par exemple), une liseuse ou tout simplement votre téléphone portable. Des protections en caoutchouc se rabattent et obstruent (plus ou moins bien) les orifices, empêchant poussières et liquide de s'infiltrer dans la plateforme.
- Chose assez rare, mais à mon sens pratique (et économique dans la vision), le pedalboard se voit pourvu d'un bouton On/Off (au lieu de débrancher le câble de la brique d‘alimentation de pédales entre la balance et le concert ou tout simplement à la maison…). Cette brique d'alimentation ne pourra alimenter que des pédales en 9Volts, avec une consommation totale de 3000mA. La construction des connecteurs D-Sub équipant chaque pédale les isole des autres et permet théoriquement de conserver un circuit d'alimentation "propre".
- Trois larges footswitches sont présents sur la partie "basse" de la plateforme et permettent de contrôler les 3 fonctions embarquées : accordeur, booster et switch A/B
- Un imposant bandeau affiche les informations liées à l'accordeur, au booster et au switch A/B
Il est à noter que sans pédales à son bord, le pedalboard n'est pas des plus légers (2,2kg). Sur les Packs Blues et Metal, une housse de transport est fournie. Pour les autres formules, il est possible de commander cette même housse ou une sorte de couvercle se posant sur le pedalboard et formant ainsi un genre de flycase résistant à une charge de 150Kg. L'une ou l'autre de ces options vous en coûtera 69,95€.
L'ensemble parait extrêmement solide, à l'épreuve du live et des liquides associés, de la poussière et du transport. Le design et les matières choisies donnent un aspect assez massif et peu esthétique (jugement personnel) – c'est sans doute la carte à jouer pour allier solidité, étanchéité et connectivité.
Note : le modèle reçu permet d'accueillir jusqu'à 8 pédales (selon leur taille) et comprend donc 8 connecteurs, disposés sur deux lignes de 4 emplacements. Un second modèle, plus petit (4 connecteurs) est annoncé.
Les fonctions embarquées
ACCORDEUR
L'interrupteur du milieu permet d'activer l'accordeur du pedalboard qui coupera le son jusqu'à la pression suivante. La note s'affiche de manière très visible sur le bandeau supérieur, encadrée par deux points blancs lorsqu'elle et "juste" (dans le cas contraire, les points se déplaceront sur la gauche ou la droite pour indiquer la hauteur par rapport à la fréquence de référence). Il est à signaler que l'affichage du "A" ou "B" de la situation du switch se situe entre le point le plus à gauche et la note jouée, et tend à légèrement parasiter la lecteur (car surcharge de l'affichage). Le paramétrage de cet accordeur (pour les guitaristes souhaitant autre chose qu'un A=440) est très intuitif et offre 7 modes : A440, open de D-E-G-A + drop D et DADGAD. La qualité et la justesse de cet accordeur sont correctes et permettront à votre instrument d'être juste (bien que très sensiblement différent du résultat obtenu via d'autres accordeurs).
BOOSTER
L'interrupteur le plus à droite permet d'activer/désactiver le booster embarqué. Il s'agit d'un "clean boost" (le volume de votre signal est simplement augmenté, sans qu'aucune modification sur la structure de votre son ne soit apportée), dont vous choisirez l'intensité parmi les valeurs proposées (et non modifiables) : 3, 7 ou 9dB (bien assez suffisant..).
La présence d'un booster est très intéressante pou, à mon sens, deux raisons principales : le prix et la place. Certains guitaristes rechignent à investir dans un booster dans la mesure où cette pédale ne "crée" rien : pas de nouveaux sons, pas de nouvelles textures (ce point-là est discutable..) et en plus elle prend de la place – et pourtant il est parfois nécessaire d'en acquérir – Ici pas de problème, vous l'aurez dès le début, et il se fera invisible !
La construction de ces gros interrupteurs fait que la réactivité laisse parfois à désirer, avec un infime décalage, ou parfois même le booster ne s'enclenchant pas si l'on ne presse pas avec grande conviction le bouton.
INTERRUPTEUR A/B
L'interrupteur le plus à gauche du pedalboard est associé à la sortie jack ¼ et permet donc de contrôler une fonctionnalité d'un preampli (ou d'une autre pédale ayant deux modes se déclenchant avec un contrôleur externe de ce type). Il s'agit d'un "latching switch" (ou télérupteur dans notre belle langue) qui permet de passer d'un état à un autre et qui se maintiendra jusqu'à la prochaine pression. Il pourra vous permettre de passer d'un canal de votre tête d'ampli à l'autre ou d'activer/désactiver votre reverb ou encore un boost ou un atténuateur de volume intégré. Cette option est une vraie bonne idée car cela permet ainsi de contrôler un élément extérieur au pedalboard, sans devoir investir dans un nouveau petit boitier et grignoter encore une fois de la place.
Avec ces 3 fonctions embarquées, couplées à l'alimentation et au pedalboard lui-même, Joeroen Bakker nous offre un système tout-en-un rassemblant des outils et fonctions indispensables à (presque) tous les guitaristes.
Les pédales
Par définition, le pédalier NEXI est destiné à accueillir des pédales, à commencer par celles de la marque. Comme attendu, ces pédales se connectent sur le pedalboard par leur fond, via le connecteur D-Sub et ne nécessitent ni câble d'alimentation ni raccordement audio.
Elles se déconnectent/reconnectent en un clin d'œil, sans outils et restent cependant solidement ancrées à la structure pour que le tout soit déplacé "verticalement" sans casse (mais qui cependant ne résiste pas à la projection nonchalante du pedalboard par un livreur au-dessus d'une clôture de 2m de haut !).
La connexion peut se faire à la volée et il est totalement possible de changer une pédale de place entre deux morceaux (en réellement 3 secondes – voir la vidéo –). La pédale conserve son "état" lorsqu'elle est déconnectée puis reconnectée (si elle était ON lorsque vous l'avez arrachée de la plateforme, elle sera encore ON lorsque vous la repositionnerez à un autre endroit, ce qui explique d'ailleurs les quelques "pop" dans la vidéo de test).
A ce propos, la plateforme impose au signal de la guitare un trajet précis au travers des 8 "emplacements". Cependant, il n'est pas du tout obligé de placer vos pédales en respectant le circuit du signal. Si vous avez 3 pédales, il n'est pas nécessaires de les placer sur les emplacement 1,2,3 : s' il n'y a pas de pédales sur un emplacement dédié, le signal ne sera en aucun cas bloqué et ira interroger le connecteur suivant (et ainsi de suite).
Les pédales NEXI sont actuellement au nombre de 16 et sont divisées en deux groupes: les pédales "simples" (nécessitant un unique emplacement parmi les 8 disponibles) et les pédales doubles. Dans cette seconde catégorie, nous trouvons bien logiquement (même si sont sorties récemment sur le marché des pédales de ce type en format mini) une pédale de volume et une wah-wah qui prendront donc deux emplacements sur les 8 disponibles. Au format "simple", vous retrouvez la quasi-totalité des "standards" de l'industrie :
- Compresseur
- Overdrive, overdrive typée 70's, et une "Dutch Screamer"
- Distorsion, distorsion typée 70's, une orientée metal
- fuzz
- Phaser, Chorus
- Delay, Reverb
- tremolo
- un looper
Hormis bien entendu le looper et la reverb, toutes ces pédales sont intégralement analogiques, l'écho du delay étant digital, mais le son de base restant analogique.
A noter également que ces pédales et leur système sont truebypass. Même si les câbles audio au sein du pedalboard ne sont plus présents, le signal transite toujours de pédale en pédale, et surtout, en amont et en aval de la plateforme NEXI. Ainsi, afin d'assurer un grain optimal et d'éviter toute perte lors du trajet d'élément en élément, Joeroen a conçu un système qui permet de conserver l'intégrité et le grain de votre signal, quels que soient la longueur de câble et le statut des pédales.
Pour une logique, question de coût de production et de conception, les pédales sont toutes similaires dans leur aspect (et quasiment dans leurs réglages) : un imposant switch On/Off (dans le style des accessoires Barefoot Button) dans la même matière que le revêtement du pedalboard (nous sommes ici toujours dans la recherche d'étanchéité) et 3 potentiomètres rotatifs (2 pour le compresseur). Un cadre lumineux entourant les potentiomètres indique le statut ON de l'effet. Il y a actuellement 3 finitions disponibles pour chacune des pédales : "Design", finition la plus sobre qui va bientôt disparaitre, "Urban" (visible sur notre vidéo) et "Racing Stripes". L'aspect esthétique recueille le même commentaire que pour la plateforme : chaque boitier semble extrêmement solide (et étanche) mais l'impression générale (probablement liée à la forme et aux couleurs) donne une impression de plastique (encore une fois, cela n'est qu'une impression et je pense qu'une voiture roulant dessus ne ferait pas de dégâts… à essayer !).
Nous avons pour ce test reçu un assortiment d'effets qui correspondrait au pack Blue Ultra Starter (à savoir le pedalboard + les 4 pédales Dutch Screamer / Overdive / Delay / Tremolo) auquel se seraient ajoutés le compresseur et l'accessoire CONNEXI (lire plus bas). Comme vous l'écouterez dans la vidéo, en dehors de l'intérêt de la connectivité et de la flexibilité du système, ces pédales ont leur propre personnalité et qualités. Nous avons eu beaucoup de plaisir à utiliser la Dutch Screamer ainsi que le Delay, typé écho à bande, très réussi. Avec le minimum de réglage vital (un level, un repeat et un time permettant d'aller de 35ms à 598ms de retard), il permet de couvrir un large champ de texture agréable (pour peu que l'on apprécie cette vision du delay bien entendu).
Les préférences personnelles mises à part, notre principale interrogation concernant la gamme porte sur la limitation de certains effets liée à la présence unique des trois potentiomètres : certaines pédales/effets mériteraient des possibilités de réglages supplémentaires (un potentiomètre en plus ou par exemple pour le délay, la présence d'un tap tempo (serait-il par exemple possible de le déporter sur le Switch A/B s'il n'est pas utilisé ?).
Les pédales reçues sont indéniablement de qualité, avec une personnalité propre et il semble ainsi totalement possible de se construire un pedalboard exclusivement NEXI.
Flexibilité et ouverture
A première vue, même si la plateforme et les pédales pensées par NEXI rassemblent de réelles bonnes idées et font preuve de qualité, tout guitariste aura (légitimement) des réticences à investir dans un système avec une technologie propriétaire différenciant de tout ce que nous avons connu jusqu'à présent.
Mais encore une fois, Jeroen Bakker a anticipé les choses, à commencer par les pédales. Comme expliqué précédemment, chaque pédale possède un connecteur permettant de la raccorder au pedalboard, mais que faire si l'on souhaite l'utiliser en dehors de la plateforme de manière indépendante ? Tout simplement en l'utilisant comme n'importe quelle pédale de guitare! De part et d'autre du boitier, on retrouve également une entrée et sortie jack au format ¼ , ainsi qu'une embase pouvant accueillir une alimentation 9 Volt (et il est même possible de les faire fonctionner avec des piles 9 Volts pour peu que vous ayez des clés Tork à la maison pour dévisser le fond du coffret). Même la semelle de la pédale (protégeant largement le connecteur) est conçue pour être utilisée hors du pedalboard, en étant très épaisse et antidérapante!
Le second potentiel frein à l'achat d'un pedalboard devrait être "mais j'ai déjà des pédales d'autres marques que j'aime et je n'ai pas envie de les abandonner" et Nexi partage votre avis ! C'est dans cette optique qu'a été développé l'accessoire "Connexi" : il va venir se brancher (électrique et audio) à votre pédale de marque X et ensuite faire l'interface avec le pedalboard. Votre pédale pourra ainsi bénéficier des mêmes fonctions que les pédales propriétaires (alimentation et possibilité de changer rapidement de place). Malheureusement, certaines pédales ne seront pas compatibles, en raison d'une taille trop importante et de longueur de câble disponible sur l'interface limitée. Cet accessoire est disponible au tarif de 25€.
Conclusion
NEXI INDUSTRIES annonce une approche révolutionnaire et on ne peut pas nier une certaine vérité (et réussite). Les années passées à développer leurs produits – et nous voyons ici que cela a été fait non pas simplement par des ingénieurs mais par des pratiquants) ont permis de prendre en compte de nombreux besoins afin de faire face à une multitude de situations, ce qui explique les différentes récompenses gagnées (IF Design et Red Dot Award 2017) et également l'adoption immédiate par ACE de Skunk Anansie.
La plateforme est une belle boite à outils, intelligente et solide qui permettra d'accueillir un grand nombre de pédales, le système ayant été pensé ouvert et flexible.
Certes, il faudra toujours rajouter 25€ à chaque pédale tierce que vous souhaitez placer sur la plateforme NEXI, mais si une moitié de vos pédales sont des NEXI, votre portefeuille devrait s'y retrouver, vu leur prix très raisonnable.
Tarif :
- Le Blues Ultra Starter Pack reçu pour ce test (soit 4 pédales et la plateforme) est proposé à 499€ (frais de port compris, frais de douane exclus). Le pédalboard seul avec la Dutch Screamer est affiché à 249€ ce qui, si nous détaillons l'offre, est tout à fait honnête pour un pedalboard + alimentation + Accordeur + Boost + Overdrive. Sur ce pack, ainsi que sur le “Metal”, une housse est fournie. Sur tous les autres packs, excepté le Starter, un cable de 7m est offert.
- Individuellement, chaque pédale de la gamme est affichée à 99€, un prix vraiment convenable pour cette qualité de son et la conception de l'appareil.
- L'accessoire CONNEXI permettant d'interfacer une pédale tierce coûte 24,95€
On a aimé :
- Tout semble avoir été vraiment réfléchi, afin de répondre à n'importe quelle situation
- Une plateforme vraiment "boite à outils"
- Le delay est terriblement bien pour ce type de pédale, tout comme la Dutch Screamer. Le compresseur, inspiré du célèbre ROSS, ne peut être plus simple à régler, et avec un résultat probant !
- Pédales petit prix
- Pour 249€, vous avez un bon overdrive, un pedalboard, une alimentation, un booster, un accordeur, un switch A/B !
- Un système ouvert et flexible
On a moins aimé :
- Limitation de l'alimentation, ne pouvant accueillir que des pédales fonctionnant en 9volts.
- Housse/Protection non fournie sur l’offre de base (plateforme+overdrive pour 249€)
- Pour une prochaine version, penser à la possibilité d'un routing permettant de mettre une partie des effets avant l'ampli et une autre dans la boucle ?
Site internet : www.nexi-industries.com
Distributeurs : NEXI INDUSTRIES avec l'aide de Sound Service pour la France