La gamme Gibson commence à enfler de façon exponentielle (logique vu le rythme auquel la marque de Nashville sort ses nouveautés), et trois mois après la nouvelle version de la légendaire Les Paul Studio, voici la Les Paul Studio Session. Il y a un an, il y avait aussi eu la sortie de la Les Paul Studio Modern, et la Session tire son A.D.N. de ces deux modèles à la fois, avec une philosophie complexe : concilier le moderne et le classique sans perdre ce qui fait qu'une Les Paul est une Les Paul. Le défi est de taille.
Pourquoi une Studio ?
Depuis son lancement dans les années 1990, le nom du modèle Les Paul Studio a toujours été un mystère, voire un paradoxe : en quoi un modèle consacré au studio serait-il de moins bonne qualité qu'un modèle Standard ou Custom ? Le studio n'est-il pas au contraire le moment révélateur ultime auquel on réserve ses plus beaux instruments ? Mais le terme s'est imposé, et l'on comprend donc désormais le nom Les Paul Studio comme un modèle qui reprend la plupart des caractéristiques techniques de la Standard (choix des bois et de l'accastillage) mais lui attribue des décorations moindres pour en alléger le prix, notamment moins de bindings et un logo de tête dessiné plutôt que incrusté.
Mais d'autres versions du modèle sont venues brouiller les pistes avec des Studio plus luxueuses, qui étaient parfois très proches de la Standard. La Studio Modern avait par exemple un logo de tête incrusté, et beaucoup d'attributs plus "modernes" comme une découpe d'accès aux aigus au talon du manche, des micros très à l'aise en gros son et un câblage complexe.
Alors où vient se placer la Studio Session dans tout ça ? D'entrée, le nom met plus à l'aise, puisque "Session" nous donne un objectif clair : celui de la polyvalence, pas d'ambiguïté ici entre le côté Studio, vintage ou moderne, l'idée est d'atteindre une version de la Les Paul qui correspondrait aux attentes des musiciens de session, pour qui un instrument doit couvrir la palette sonore la plus large possible et se faire oublier pendant les longues heures d'enregistrement. Dans l'idéal, cette Les Paul Studio Session pourrait même être la seule guitare que l'on devrait amener lors d'un enregistrement.
Tout feu tout flamme
Pour atteindre cet idéal, Gibson reprend les bois classiques de la Les Paul, avec un corps en acajou chambré (plus léger donc), un manche acajou, mais surtout une table en érable flammé, ce qui n'était pas le cas sur les autres Studio. Les finitions disponibles mettent donc bien en valeur cet attribut, comme le très beau Cobalt Burst de l'exemplaire testé, mais aussi deux autres sunburst et un noir transparent. La touche en ébène est quant à elle plus caractéristique de la Custom que de la Studio ou la Standard, et je dois avouer que ce bois m'est beaucoup moins agréable au toucher que le palissandre, mais il faut bien reconnaître qu'il a été choisi par beaucoup de marques comme le standard pour les guitares "modernes". Sa présence ici n'est donc pas injustifiée.
En plus de la très belle table en érable flammé AA, le binding de touche ajoute un niveau de décoration qui fait qu'en-dehors du binding de table et du contour de switch manquants, peu d'éléments visuels distinguent cette Studio Session d'une Standard. Côté accastillage, les Grover Rotomatic et le Tune-o-Matic en aluminium apportent l'efficacité moderne tandis que les micros, un Classic ‘57 au manche et un Classic ‘57+ au chevalet, donnent dans le parfait compromis entre la modernité du 490 et la fidélité vintage du Burstbucker. Pour ne rien gâcher, ils sont connectés avec un système de quatre push-pull pour une polyvalence maximale : chaque micro dispose de son split individuel sur les volumes, la tonalité du micro grave met les deux micros hors phase, et la tonalité du micro aigu envoie ce dernier en direct à la sortie, quelle que soit la position des autres réglages, ce que Gibson appelle "pure bypass". Entre les splits et le hors-phase, on arrive à un nombre de sons possibles assez vertigineux.
Session sans concessions
Le premier contact est tout à fait plaisant : la Gibson Les Paul Studio Session est légère, et son profil de manche fin Slim Taper se prête au jeu véloce, tout comme la touche ébène et la découpe d'accès aux aigus au talon du manche à l'arrière. Ces trois éléments sont cohérents, et même s'ils ne seront pas du goût des puristes, ils font de la Session une guitare qui sent l'efficacité et la fonctionnalité, loin du charme un peu maladroit des modèles vintage.
Une fois branché, difficile de ne pas craquer. En son clean, on reconnaît immédiatement le caractère brut et bravache d'une Les Paul qui n'a donc pas été perdu, mais les splits marchent beaucoup mieux que sur les Burstbuckers et deviennent bien exploitables. En position au milieu, on pourrait faire croire à une Strat en studio, même si le split a une fâcheuse tendance à assombrir un peu trop le rendu. Une pédale d'EQ sera la bienvenue pour remédier à ce défaut. Le hors-phase fonctionne lui aussi à merveille, et c'est une option qui servira autant pour des sons à la Red Hot Chili Peppers période Blood Sugar Sex Magic que pour des sons leads flûtés, qu'ils soient à la Peter Green ou à la Josh Homme. Très utile en studio notamment. Le gros crunch sonne parfaitement, avec la richesse typique d'une Les Paul, et le micro grave splitté évoque le côté Hendrixien de la force sans trop de difficultés. Le pure bypass permet quant à lui un léger boost et surtout un retour immédiat au son rock par défaut, une sorte de "en cas de panique brisez la glace" sonore.
Enfin, lorsque l'on pousse le gain, les Classic ‘57 ne déméritent pas. Ils ne sont pas aussi à l'aise que le 490 qui est clairement fait pour ça, mais on retrouve un son bien large et précis, même s'il peut être un poil agressif et "fizzy" si l'on ne règle pas l'ampli en conséquence.
Au final, la Gibson Les Paul Studio Session tient donc parfaitement la promesse de son nom : c'est une version de la Les Paul taillée pour la polyvalence, qui pourra faire le boulot dans des contextes très différents, mais qui n'en oublie pas d'être visuellement frappante et ne trahit pas sa légendaire filiation.
Prix public conseillé : 2199 euros
Les plus
• Les nombreux sons utilisables
• Le hors-phase
• Le caractère des Classic 57 en gros crunch
Les moins
• Le choix de la touche ébène, même s'il est cohérent
• Les split assombrissent le son
Distribution Gibson
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