Murderdolls, les femmes et les enfants d'abord !

Publié le 17/11/2010 par Nicolas Didier Barriac
Slipknot mis entre parenthèses suite au décès de Paul Gray, ce sont les side projects qui font les grands titres de la rentrée 2010 : Stone Sour et Murderdolls. Le second groupe de Joey Jordison, où il officie à la guitare, signe avec Women And Children Last son second disque. Malgré un ensemble plus cohérent et mieux construit, l'album peine à séduire complètement. Il en fallait toutefois plus que ça pour couper la langue d'un Jordison loquace comme à son habitude et qui est venu nous toucher deux mots de son actu.

Tu as été plutôt occupé ces derniers mois… voire ces dernières années (rires). Quand as-tu trouvé le temps d’écrire pour cet album des Murderdolls ?
Joey Jordison : La musique existe depuis un bon bout de temps car Wednesday et moi-même nous échangeons des idées depuis huit ans. Nous avions un truc comme quatre vingt chansons mais aucune n’était terminée. Nous n’avions pas écrit ensemble pour le premier album. Il y avait la moitié de ses chansons et la moitié des miennes. Je vois le premier album comme la graine qui a inspiré ce que le projet est devenu. C’était génial à l’époque mais Women and Children Last est nettement plus personnel car nous avons tout fait ensemble, nous avons enregistré ensemble, Wednesday a joué de la guitare rythmique avec moi sur tout le disque, etc. Nous étions sur la même longueur d’ondes pour ce disque et nous nous sommes véritablement compris tout de suite. C’est un album en forme de revanche qui nous a permis d’exorciser quelques démons.

C’est plus facile pour vous de bosser sans un line-up complet, à deux ?
J. J. : Oui. Nous avons tout fait tous les deux. Seul Roman Surman nous a aidés en jouant de la lead. C’est un type génial. Sinon, il n’y a que Wednesday et moi… et Zeuss le gars qui nous a aidés à produire le disque et à optimiser le son.

Vos deux albums sont assez différents mais dans le fond ils sont tout de même très similaires : ce sont des disques pour faire la fête. Tu es d’accord ?
J. J. : Oui, bien sûr. Mais il y a tout de même une grande diversité entre les titres de Beyond the Valley of the Murderdolls et My Dark Place Alone, qui est la première chanson que les fans ont pu écouter, Nowhere, Nothing’s Gonna Be Alright ou encore Rock 'N' Roll is All I Got. Ce sont des titres personnels pour Wednesday. Tu sais ce mec a plus ou moins tout laissé tomber pour que nous nous retrouvions au sein de ce groupe. Nous nous sommes vraiment manqués tous les deux. Suite au premier album les choses se sont mal déroulées. Je voulais faire un autre disque avec les Murderdolls mais je devais d’abord aller en studio avec Slipknot. Je pensais alors que Wednesday pourrait attendre mais non. Et je ne suis pas du genre à mettre des bâtons dans les roues d’un artiste qui veut faire autre chose… Il a donc fait des disques solo mais il trouvait que ce n’était pas pareil sans moi. Quant à moi je n’aurais jamais fait un nouveau projet rock ‘n’ roll sans lui. Wednesday est le frère que je n’ai jamais eu et les Murderdolls sont un nouveau groupe aujourd’hui. Nous avons du venin dans les yeux et nous n’épargnerons personne ! Je n’en veux à aucun groupe en particulier mais je suis fatigué de la scène metal actuelle. Il y a trop de groupes et tout le monde se ressemble. Ca fait un an et demi que je parle à Wednesday et nous étions d’accord sur le fait qu’il était temps que nous revenions.

Je trouve que Women and Children Last est comme le petit frère de Hellbilly Deluxe 2, l’album de Rob Zombie sorti il y a quelques mois. Tu tournes avec Rob en ce moment donc j’imagine que tu as eu tout le loisir de comparer les styles (rires)…
J. J. : Nous avons quelques similarités mais il s’agit là de deux groupes bien distincts. En tout cas, je m’éclate en tournée avec Rob et ses musiciens. Rob est super content de son line-up. Nous avons enregistré quatre nouvelles chansons ensemble et nous allons faire un clip. Ensuite nous partons pour le Mayhem Fest.

Tu es connu pour jouer avec de très nombreux artistes et groupes depuis quelques années. Est-ce que ces différentes expériences ont un impact sur la musique que tu écris juste après ?
J. J. : C’est une très bonne question. On ne me l’a jamais posée. (il réfléchit) Je ne pense pas. Des groupes comme Korn, Ministry ou Satyricon n’ont pas vraiment d’impact sur ce que je fais dans Slipknot. Je trouve que Slipknot n’a aucune influence claire à part peut-être le premier album. Mais je n’ai pas trop envie de parler de Slipknot puisque mon pote et principal co-compositeur est décédé… Je n’arrive même pas à envisager de faire un nouvel album de Slipknot à l’heure actuelle. Mon objectif est de terminer au mieux les shows avec Zombie et de continuer ensuite avec les Murderdolls. Je ne crois pas que ces expériences aient eu un impact sur ma musique. J'ai juste pu jouer avec mes idoles ce qui est génial.


Ton temps de préparation pour participer à toutes ces tournées est généralement extrêmement court. Tu dois donc apprendre un nombre important de titres en un laps de temps très réduit. De plus, tu joues avec des artistes officiant dans des styles souvent radicalement différents. Comment te prépares-tu à ce genre d'épreuves ?
J. J. : Je crois que je suis un extra-terrestre sur ce point... Ca ne me prend pas longtemps. Je ne fais rien d'autre de ma vie que de la musique depuis que mes parents m'ont fait découvrir cet art très tôt. A trois ans, je savais faire fonctionner une platine vinyle et je ne regardais jamais la télévision. A l'école, pendant quatre ans, je ne mangeais pas à midi pour pouvoir aller écouter de la musique seul, généralement du Slayer ou du Morbid Angel. J'étais vraiment à l'écart et asocial. Mais j'avais déjà l'esprit de vengeance... Je savais qu'un jour mes rêves deviendraient réalité grâce à la musique. La dernier jour au lycée, on nous avait demandé de dire quelques mots d'adieu et je me souviens d'avoir dit « Je vous déteste tous, enculés » (rires). Je savais ce que je voulais faire depuis que mon père avait ramené The Rolling Stones – Tattoo You à la maison quand j'avais cinq ans.



Donc tu es prêt à jouer de la batterie sur un disque de The Rolling Stones ?

J. J. : (rires) Tout à fait ! Uniquement si Charlie Watts me le permet !

Revenons aux Murderdolls. Sur scène, maintenant que vous n'êtes plus que deux dans le line-up officiel : est-ce que tu vas passer de la batterie à la guitare pour assurer le spectacle ?
J. J. : Je ne jouerai que de la guitare, en fait. C'est vraiment une aventure totalement différente pour moi. Quand je joue de la gratte, je ne dois pas trop « penser ». Je peux simplement headbanguer à tout va (rires) ! Et puis le contact avec le public est nettement plus simple que lorsque je suis coincé derrière la batterie. Vu la position dans laquelle je suis dans Slipknot, j'ai souvent l'impression de regarder un programme télé de fous furieux (rires).

Quand est-ce que tu as commencé à jouer de la guitare, d'ailleurs ?
J. J. : Avant la batterie, en fait ! J'ai commencé chez mon grand père à cinq ans. Je n'ai commencé la batterie que deux ans plus tard. J'ai appris la guitare relativement facilement mais je ne suis pas très bon en lead. En revanche, j'assure à mort en rythmique. J'ai dû jouer en lead sur le premier Murderdolls mais ce n'était pas ça. Je déteste ça en réalité. Je préfère la force de la rythmique qui solidifie toute la musique qu'un groupe joue.


Murderdolls – Women And Children Last
Roadrunner

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