Un conseil qui n’en sera peut-être pas un et qui ne comblera sans doute pas tes attentes mais qui m’a fait très clairement progresser en guitare, tant acoustique qu’électrique, ce fut d’acheter il y a déjà bien longtemps un banjo 5 cordes et d’apprendre, avec un bon prof (essentiel à mon avis), le three finger style (disons entre Earl Scruggs et Béla Fleck, bref un spectre large), oui le TFS, c’est à dire l’implacable moteur rythmique-mélodique à la main droite avec ses trois onglets d’acier pour griffer, griffonner, écrire dans l’air les rolls (ou les arpèges vus à la sauce banjo five, sorte de loops avec une régularité répétitive), alors que l’annulaire et l’auriculaire restent plaqués, presque chevillés, à la peau, d’où l’usure visible si caractéristique de cette dernière à la droite du chevalet.
En plus, avec un banjo 5 cordes, on est quasiment toujours en accord ouvert de Sol ou de Ré ; on slide aux doigts dans les deux sens et on enchaîne à ces slides, hammers and pulls, on and off, trills and bends and double-stops .
Enfin, un five avec un bon vieux tone-ring en bronze, ça va vite chercher dans les six kilos, pas moins.
Après, la surcharge pondérale de certaines Les Paul devient vite une vacance en poids plume, une aimable et douce plaisanterie .
Même s’il ne s’agit pas d’un dogme de la foi ni d’un mystère révélé sur le Mont Sinaï, beaucoup de guitaristes américains ont appris à connaître la guitare et à y développer leurs styles grâce à la discipline très rigoureuse qu’impose un banjo 5 cordes.
En tout cas, cette vieille pratique m’a fait avancer tant à la guitare (acoustique et électrique, je le répète) qu’à la basse aux doigts, quoique le placement de la main y soit bien sûr différent.
Donc quand bien même c’est une piste qui semble t’éloigner de ton sujet et du désir qui la sous-tend, je crois qu’elle n'est pas entièrement négligeable.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.