a écrit :
Composer avec la "volonté" de faire de l'atonal, de "brouiller les pistes tonales", me semble relever d'une approche purement technique, froidement calculatrice, c'est de la musique ou des maths ? Je crois que les compositeurs qui ont vraiment quelque chose à dire en atonal, le font sans préméditation, car c'est leur façon instinctive d'entendre la musique.
Je ne vois pas ce que ça à de technique et mathématique de parler de volonté en ce qui concerne le création.
Ca serait comme dire que Picasso quand il en est venu au cubisme a eu une approche purement technique froide et calculatrice, pareil pour les futuristes, les impressionnistes etcetera.
Non, l'idée de s'affranchir de la tonalité vient bien d'une démarche de création artistique, dont le but est de s'affranchir du cadre existant, des idées préconçues existantes etcetera.
Même si c'est théorisable, car on peut extraire certains concepts et principe, le but c'est de faire de l'art.
On peut comparer ça à une personne qui s'impose comme contrainte de peindre avec juste 3 couleurs.
Pourquoi s'imposer une telle contrainte alors que rien ne l'oblige ?
Qu'est ce que ça peut faire que ça soit une approche technique à la base puisque le but est au final de transcender la technique pour faire de l'art ?
Quand on a compris que le principe de la musique atonale est qu'aucune note ne doit sembler être au centre pour l'oreille, qu'il ne doit plus y avoir de hiérarchie et que toutes les notes doivent sembler d'importance égale pour l'oreille, on comprend rapidement qu'il devient possible d'établir des règles théoriques pour arriver à ce but.
Mais le but n'est pas de faire des maths.
Citation:
Du point de vue de l'analyse : comme le faisait remarquer très justement Zigmout dans une autre discussion récente : dire qu'un morceau est (poly?)tonal, modal?, atonal?,... dépends en partie du succès ou de l'échec d'une analyse dudit morceau avec la théorie modale et/ou tonale. caricature : si l'analyse tonale échoue, essayer l'analyse modale, si elle échoue également : c'est atonal !
Non cette déduction par défaut ne fonctionne pas.
La musique tonale est un dérivé de la musique modale, et en reprend un des principes fondamental : la hiérarchisation des notes, avec une note centrale d'où tout part et tout revient.
En musique modale cette note s'appelle la finale, et en musique tonale la tonique.
C'est le degré I, et les degrés II III IV V VI VII dépendent du degré I.
En musique atonale, il n'y a plus de degré II III IV V VI VII, parce-qu'il n'y a plus de degré I.
Ce concept de note centrale n'existe plus et est évité.
Tout est fait pour que l'oreille n'entende plus de hiérarchie.
Toutes les notes doivent avoir la même importance.
C'est ça le principe de la musique atonale.
Ainsi la musique tonale crée des sensations particulières, comme cette assise sur un degré I.
La musique atonale a pour principe de faire disparaitre cette sensation d'assise.
La musique atonale n'existerait pas sans la musique tonale, car son principe est spécifiquement de contredire un principe spécifique de la musique tonale, (et modale).
Le dodécaphonisme est une technique de composition qui permet d'arriver à ce but.
[quote]Réflexion de fond : si on raisonne systématiquement avec une "approche modale", donc : "par accord" (ou par empilement de voix dans le cas d'une orchestration), alors la musique atonale peut toujours être analysée comme de la musique modale, mais avec des modulations très courtes et très nombreuses.
Non car le but de la musique atonale est qu'aucune note ne paraisse être une tonique.
Donc dès qu'une note est sur le point de s'installer comme une tonique pour l'oreille, alors il faut changer.
Une modulation c'est l'établissement concret d'une tonique pour l'oreille.
Donc on ne peut pas parler de modulation dans ce cas là puisqu'on évite précisément qu'il y ait une tonique.
La "musique modale" qui "module", c'est plus les trucs comme Sketches of Spain de Miles Davis, ou So What, ou là on a vraiment une tonique/finale qui s'installe pour l'oreille, donc là on peut vraiment parler de modulation entre les changements d'accords.
Jouer dorien myxolidien ionien sur un II V I, ce n'est pas faire des modulations.