Différences entre Atonalité et Dissonance

bonjour

dans les musiques extrêmes style black/death métal on parle souvent de "dissonance", inverse de la consonance

on parle aussi souvent d'atonalité (inverse de la tonalité ?)

je comprends le principe de consonance/dissonance mais je vois pas vraiment la différence entre dissonance et atonalité

peut-on avoir une musique atonale mais consonante à la fois ?

merci !
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zigmout
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    zigmout
    le 11 Oct 2014, 16:23
oula...je doute qu'il y ai beaucoup de musique atonal dans le death(a la limite des break totalement barré mais là il penseront"truc barré, plutot que musique atonale) , c’est vraiment tres particulier la musique atonal, faut plutôt aller voir du coté du classique du XXeme pour comprendre, mais là non ne t'occupe clairement clairement pas de ca.

D'ailleurs ta question me laisse plutot penser que tu ne comprend pas vraiment ce qu'est la tonalité (comme beaucoup rassures toi)....mais in peut tres bien etre tonal et assez dissonant...c’est d'ailleurs un peu l'origine car une dissonance demande a etre resolu et cré donc un centre de repos...la principe du V7 I est justement de créer une tension pour la résoudre sur la I créant ainsi une zone de paix sur le I...un entonnoir vers cet accord I justement.

Si tu recherche musique atonal sur le net tu va tomber sur shoenberg ou des gars comme ca et tu verras que...c’est pas forcement proche du death ou sur du jazz moderne
hyperion_
Certains musiciens jouent faux, et pour donner l'impression de l'avoir fait exprès ils appellent ça "atonal" (joke)

"atonal", littéralement : qui ne résous pas dans une tonalité, musique qui ne peut être rattaché harmoniquement à une tonalité : la musique atonale est souvent dissonante, mais pas toujours.

la dissonance est quelque chose de subjectif et de contextuel : par exemple certains accords sonnent dissonants pour certaines personnes, et pas pour d'autres, ça dépends des habitudes d'écoute. De même certains accords sont dissonants joués seuls, mais pas dissonants dans un contexte harmonique particulier...
break934
a écrit :
bonjour

dans les musiques extrêmes style black/death métal on parle souvent de "dissonance", inverse de la consonance

on parle aussi souvent d'atonalité (inverse de la tonalité ?)

je comprends le principe de consonance/dissonance mais je vois pas vraiment la différence entre dissonance et atonalité

peut-on avoir une musique atonale mais consonante à la fois ?

merci !


Alors la tonalité, c'est avant tout le fait que la pièce musicale s'articule autour d'une note centrale autour de la quelle tout part, et tout revient.

C'est à dire que quand un morceau est tonal, à l'écoute, tu pourras entendre que la mélodie se conclut sur une note, et généralement cette note est la tonalité.
Par exemple j'ai du bon tabac dans ma tabatière se conclut sur "tu n'en auras pas", la note du "pas" est la note finale, la tonique, qui est la base de la mélodie.

Ainsi en écoutant un morceau tonal tu peux arriver à entendre quelle est la note conclusive.
La note de repos autour de laquelle toute la mélodie et l'harmonie gravite.

La musique atonale cherche à l'inverse à faire en sorte qu'il n'y ait plus cette note centrale, en faisant tout pour brouiller les pistes qui pourraient mener à ce qu'une note se retrouve centrale.

En général les procédés qui permettent d'obtenir cet état, font que la musique sera assez dissonante.
En effet, l'utilisation de gammes symétriques, comme la gamme par ton, facilite la tache.
hyperion_
Citation:
peut-on avoir une musique atonale mais consonante à la fois ?


consonant / dissonant étant subjectif, je répondrait que pour mon oreille, la réponse est oui : par exemple certaines compositions d'Allan Holdsworth sont atonales, et pourtant je les trouve mélodiques. Ceci dit Holdsworth se tient constamment à la frontière entre atonal et modal. De même, Schoenberg est souvent atonal, et sa musique est pourtant très mélodique.

Donc, différencier ce que l'on trouve consonant et ce que l'on trouve "agréablement dissonant" n'est pas toujours facile. Il y a aussi des trucs qu'on trouve "désagréablement dissonants", c'est une question de goûts et de culture (habitude auditive).

Note : il faudrait aussi différencier "mélodique" et "consonant" car toute consonance n'est pas mélodique, et toute mélodie n'est pas consonante... menfin... les deux notions convergent assez fréquemment.



Citation:
La musique atonale cherche à l'inverse à faire en sorte qu'il n'y ait plus cette note centrale, en faisant tout pour brouiller les pistes qui pourraient mener à ce qu'une note se retrouve centrale.


Composer avec la "volonté" de faire de l'atonal, de "brouiller les pistes tonales", me semble relever d'une approche purement technique, froidement calculatrice, c'est de la musique ou des maths ? Je crois que les compositeurs qui ont vraiment quelque chose à dire en atonal, le font sans préméditation, car c'est leur façon instinctive d'entendre la musique.

Du point de vue de l'analyse : comme le faisait remarquer très justement Zigmout dans une autre discussion récente : dire qu'un morceau est (poly?)tonal, modal?, atonal?,... dépends en partie du succès ou de l'échec d'une analyse dudit morceau avec la théorie modale et/ou tonale. caricature : si l'analyse tonale échoue, essayer l'analyse modale, si elle échoue également : c'est atonal !

Réflexion de fond : si on raisonne systématiquement avec une "approche modale", donc : "par accord" (ou par empilement de voix dans le cas d'une orchestration), alors la musique atonale peut toujours être analysée comme de la musique modale, mais avec des modulations très courtes et très nombreuses.

C'est la raison pour laquelle, personnellement, je préfère ne pas raisonner par accord quand on n'est pas purement dans une esthétique modale (esthétique modale : mélodie simple, répétitive, faible densité d'accords sans fonction tonale, accords à fonction "couleur", ) ou pour analyser une modulation isolée à l'intérieur d'un morceau tonal : sinon on pourrait finir par tout considérer comme modal, ce qui serait une erreur à mon sens.

Note : je différencie clairement l'atonal du dodécaphonisme, ce dernier relevant assez souvent de l’esbroufe.

Ce morceau d'Hiromi Uehara est "agréablement dissonant", mais pas atonal, c'est modal :



Pour terminer sur une note d'humour noir, voici un morceau dodécaphonique que mon oreille considère comme une blague, blague un peu honteuse vu qu'elle à permit au compositeur de s'enrichir.

break934
a écrit :
Composer avec la "volonté" de faire de l'atonal, de "brouiller les pistes tonales", me semble relever d'une approche purement technique, froidement calculatrice, c'est de la musique ou des maths ? Je crois que les compositeurs qui ont vraiment quelque chose à dire en atonal, le font sans préméditation, car c'est leur façon instinctive d'entendre la musique.


Je ne vois pas ce que ça à de technique et mathématique de parler de volonté en ce qui concerne le création.
Ca serait comme dire que Picasso quand il en est venu au cubisme a eu une approche purement technique froide et calculatrice, pareil pour les futuristes, les impressionnistes etcetera.

Non, l'idée de s'affranchir de la tonalité vient bien d'une démarche de création artistique, dont le but est de s'affranchir du cadre existant, des idées préconçues existantes etcetera.
Même si c'est théorisable, car on peut extraire certains concepts et principe, le but c'est de faire de l'art.

On peut comparer ça à une personne qui s'impose comme contrainte de peindre avec juste 3 couleurs.
Pourquoi s'imposer une telle contrainte alors que rien ne l'oblige ?
Qu'est ce que ça peut faire que ça soit une approche technique à la base puisque le but est au final de transcender la technique pour faire de l'art ?

Quand on a compris que le principe de la musique atonale est qu'aucune note ne doit sembler être au centre pour l'oreille, qu'il ne doit plus y avoir de hiérarchie et que toutes les notes doivent sembler d'importance égale pour l'oreille, on comprend rapidement qu'il devient possible d'établir des règles théoriques pour arriver à ce but.
Mais le but n'est pas de faire des maths.

Citation:
Du point de vue de l'analyse : comme le faisait remarquer très justement Zigmout dans une autre discussion récente : dire qu'un morceau est (poly?)tonal, modal?, atonal?,... dépends en partie du succès ou de l'échec d'une analyse dudit morceau avec la théorie modale et/ou tonale. caricature : si l'analyse tonale échoue, essayer l'analyse modale, si elle échoue également : c'est atonal !


Non cette déduction par défaut ne fonctionne pas.
La musique tonale est un dérivé de la musique modale, et en reprend un des principes fondamental : la hiérarchisation des notes, avec une note centrale d'où tout part et tout revient.
En musique modale cette note s'appelle la finale, et en musique tonale la tonique.
C'est le degré I, et les degrés II III IV V VI VII dépendent du degré I.

En musique atonale, il n'y a plus de degré II III IV V VI VII, parce-qu'il n'y a plus de degré I.
Ce concept de note centrale n'existe plus et est évité.
Tout est fait pour que l'oreille n'entende plus de hiérarchie.
Toutes les notes doivent avoir la même importance.
C'est ça le principe de la musique atonale.

Ainsi la musique tonale crée des sensations particulières, comme cette assise sur un degré I.
La musique atonale a pour principe de faire disparaitre cette sensation d'assise.
La musique atonale n'existerait pas sans la musique tonale, car son principe est spécifiquement de contredire un principe spécifique de la musique tonale, (et modale).

Le dodécaphonisme est une technique de composition qui permet d'arriver à ce but.


[quote]Réflexion de fond : si on raisonne systématiquement avec une "approche modale", donc : "par accord" (ou par empilement de voix dans le cas d'une orchestration), alors la musique atonale peut toujours être analysée comme de la musique modale, mais avec des modulations très courtes et très nombreuses.


Non car le but de la musique atonale est qu'aucune note ne paraisse être une tonique.
Donc dès qu'une note est sur le point de s'installer comme une tonique pour l'oreille, alors il faut changer.

Une modulation c'est l'établissement concret d'une tonique pour l'oreille.
Donc on ne peut pas parler de modulation dans ce cas là puisqu'on évite précisément qu'il y ait une tonique.
Le concept de modulation ne s'applique logiquement pas à la musique atonale.

La "musique modale" qui "module", c'est plus les trucs comme Sketches of Spain de Miles Davis, ou So What, ou là on a vraiment une tonique/finale qui s'installe pour l'oreille, donc là on peut vraiment parler de modulation entre les changements d'accords.

Jouer dorien myxolidien ionien sur un II V I, ce n'est pas faire des modulations.
hyperion_
Citation:
Je ne vois pas ce que ça à de technique et mathématique de parler de volonté en ce qui concerne le création.
Ca serait comme dire que Picasso quand il en est venu au cubisme a eu une approche purement technique froide et calculatrice, pareil pour les futuristes, les impressionnistes etcetera.


ok, je comprends ton point de vue.

Citation:
La musique tonale est un dérivé de la musique modale, et en reprend un des principes fondamental : la hiérarchisation des notes, avec une note centrale d'où tout part et tout revient. En musique modale cette note s'appelle la finale, et en musique tonale la tonique.


C'est vrai historiquement, mais la différence entre musique tonale et modale ne peut plus se résumer à ça.

Citation:
Non car le but de la musique atonale est qu'aucune note ne paraisse être une tonique.
Donc dès qu'une note est sur le point de s'installer comme une tonique pour l'oreille, alors il faut changer.


Là, je ne suis pas ok, comme expliqué plus haut : la technique au service de la création ok ; la création comme le résultat d'une technique : pas d'accord.

Note : j'ai bien compris ce que tu écris, inutile de le réexpliquer, je suis juste "pas d'accord"

Citation:
Donc on ne peut pas parler de modulation dans ce cas là puisqu'on évite précisément qu'il y ait une tonique.


Pas ok : tout accord a une tonique, et tout accord peut donc, si on le considère avec une approche modale : exprimer un mode. Donc le simple fait d'avoir un accord, ou un empilement de voix : peut être considéré comme l'expression d'un mode. Ensuite ... dire que c'est une bonne idée d'analyser tout "par accord", ou que ça en fait de la musique modale : c'est autre chose, et je n'ai pas dit ça

Dans le cas d'une musique atonale monophonique (aucun accord) et sans arpège : OK

Ceci dit : sauf exception, la musique purement monophonique ne m’intéresse pas.

Citation:

Jouer dorien myxolidien ionien sur un II V I, ce n'est pas faire des modulations.


Oui, évidement

Pourquoi écris tu ceci ? C'est ce que je passe mon temps à expliquer...
zigmout
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  • #8
  • Publié par
    zigmout
    le 12 Oct 2014, 16:10
pas contre attention à la caricature car meme si je suis pas receptif au dodécaphonisme, son inventeur (Schoenberg) n'est clairement pas n'importe qui, et son pierrot lunaire est d'ailleurs une des rares pièces de ce mode de composition que j'aime...c'est la base de la musique seriel qui plus tard s’assouplira et qui engendrera des choses comme le sacre du printemps qui pour beaucoup à l’époque etait considéré comme du n'importe quoi ou meme une blague...et pourtant, le sacre...c’est une oeuvre géniale(pas dodecaphonique hein, mais dans la ligné).

Et je suis plutot d'accord avec break, la musique atonal est issue d'une reel intention, et tu sais la technique influence évidement énormément la composition...de meme que les rimes ont un impacte considérable sur l’écriture d'une poésie...
Idem en jazz, le coltrane change impacte énormément énormément le résultat et n'est pas trouver comme ca en se grattant le dos...c'est une démarche intellectuelle à la base..mais il ne faut pas se dire"on a d'un coté les gens qui font au feeling et les méchant qui réfléchisse"...non, la reflexion sert juste de cadre.

C'est comme décider de regle pour jouer aux cartes.

Bref le coté "on s'impose un truc pour orienter une compo, pour se créer un terrain de jeu" est hyper courant dans toute forme d'art

D'ailleurs en donnant des cours tu dois bien t’apercevoir d'une chose, à savoir que parfois tu as en face des eleves qui savent plutot pas mal jouer parfois, tu lance une impro et à un moment tu arrete l'eleve et tu reprend une de ses phrases en la corrigeant et tu lui dit"là tu voulais faire ca non?" et là il est vert car il dit oui et tu lui fait juste sentir que je sais pas...il etait sur un arpeges et qu'il as zappé ou je sais pas quoi...le pire c'est quand il t’amène une composition sur laquel il a bosser 6 mois et que tu lui dis"tiens là t'aurais du faire ca ou ca" et il te dis"meerde t'as raison je suis blasé tu me corriges en 2 s un morceau perso".

Justement comprendre la theorie sert à aller plus loin que la simple envie sur le moment...elle sert à developper l'oreille et les envies.

Allé un exemple simple que j'utilise souvent, si j'ecris:
"j'etais dans la mare au grenouille et j'avais de l'eau jusqu'aux...."

je te laisse remplacer les .... je sais bien à l'avance à quoi tu penses, et donc ceux qui ne s'impose rien et ne réfléchisse à rien vont tres majoritairement ecrire le mot auquel tu penses.

et la c’est quoi...du feeling?

c’est un feeling culturel mais pas un feeling vraiment personnel.

Et si qqu'un te sort le mot en question tu vas trouver ca un peu lourd à force non? d'autant plus si il te répond"oui mais tu vois moi j'ecris au feeling, je suis connecté à mon ame...blablabla..."

et du coup tu pourras te dire"tiens be,n perso je vais volontairement éviter le mot et jouer avec ca...et là il commence à se passer qque chose, et LA se situera ton feeling"...et l'autre te répondra"ho mais c'ets froid et pas artistique car réfléchi..."...ben heu...en est t on si sur

je te laisse faire la suite du raisonnement
hyperion_
Citation:
Justement comprendre la theorie sert à aller plus loin que la simple envie sur le moment...elle sert à developper l'oreille et les envies.


oui, la technique au service de la création et même si la théorie sert de "cadre", elle devrait à mon avis, rester au second plan.

Les règles existent pour être transgressées, si personne ne franchissait les limites, le monde serait triste.

Je reste convaincu que s'interdire une note parce qu'elle sort un peu du cadre initial n'est pas créatif.

C'est ce qui fit Coltrane en introduisant l'harmonie symétrique bartokienne dans le hard bop.

ceci dit on est en train de sortir du sujet...
zigmout
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ben oui mais justement, pour sortir d'un cadre encore faut il connaitre ce cadre, c’est bien le but et évidement que la theorie reste en second plan ca n’empêche pas tout comme la grammaire est en second plan pour un ecrivain
hyperion_
Citation:
ben oui mais justement, pour sortir d'un cadre encore faut il connaitre ce cadre


Absolument ! (je n'ai d'ailleurs jamais écrit le contraire )
skynet
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  • #12
  • Publié par
    skynet
    le 13 Oct 2014, 14:17
Je pense que ceci:



est atonal mais pas dissonant.

Enfin, ça se discute, car les accords du père Monk peuvent quelques peu surprendre. mais y a pire...

Ah si: 4'39 c'est dissonant: clusters.
hyperion_
Well You needn't est plutôt un blues en F bourré de subV ...
skynet
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  • #14
  • Publié par
    skynet
    le 13 Oct 2014, 23:02
hyperion_ a écrit :
Well You needn't est plutôt un blues en F bourré de subV ...




La grille:




J'ai quand même un peu de mal à y retrouver la forme du blues et les substitutions...
Certes, on peut voir du blues partout mais même le thème ne sonne pas comme un blues.
zigmout
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pas atonal pour moi...quand tu pense que meme Wagner n’est pas atonal...aux confins de la tonalité mais toujours tonal.
Ici il reste souvent en l'air mais c'est clairement dans un contexte tonal pour moi

En ce moment sur théorie...