The Duke a écrit :
Perso pour mixer et pour savoir si d'un point de vue "volume" tout match bien ensemble, j'aime bien passer en mono. Si un instrument est trop fort ou trop faible tu l'entends directement.
Attention, la sommation mono modifie la balance - ce qui est "au milieu" (donc en fait à niveau égale à droite et à gauche) va s'additionner et donc de retrouver plus fort de 3db...
The Duke a écrit :
Par contre je reste quand même en stéréo pour mixer d'une manière plus globale. J'essaye de moins en moins d'utiliser des EQ et j'essaye de plus en plus de placer mes instruments dans l'espace et leur donner la place adéquat. Le soucis c'est que, comme tous les instruments sont bien détachés, si tu as une différence de volume tu vas pas l'entendre facilement, et c'est à ce moment là que passer en mono prend sens.
Essayer de rester modéré sur l'EQ est tout à fait louable, mais il n'y a aucune raison de ne pas l'utiliser du tout - le tout c'est de l'utiliser de façon appropriée, c'est à dire essentiellement pour éviter les effets de masques entre les divers instruments, et pour ça le mieux est de commencer ta balance en mono le temps de régler cet aspect. Une fois que chaque instrument est clairement audible en mono, tu commences à penser à la stéréo. L'intérêt de cette approche est qu'elle t'oblige à régler d'entrée de jeu le positionnement des instrus dans leur plage de fréquence spécifique (puisque tu ne peux pas compter sur la latéralisation pour éviter que deux instrus se bouffent), et du coup tu a moins de mauvaises surprises quand tu repasses en mono. Bénéfice secondaire: si tu a des problèmes de phases, tu les entends immédiatement aussi alors qu'elles peuvent plus facilement passer inaperçues en stéréo (si le problème est entre deux sources pannées L/R, of course).
The Duke a écrit :
Et pour le mastering... Je fais au pifomètre
(Le mastering est je crois le truc le plus mystique pour moi dans le monde du son/de la musique...)
Rien de mystique là dedans. Le mastering consiste essentiellement 1/ à s'assurer que mix se transcrive au mieux sur le maximum d'écoutes possibles, 2/ à harmoniser les différents morceaux d'un EP/LP/whatever (différences de balance spectrale et de niveaux entre les différents morceaux) et 3/ à s'assurer que le résultat final répond à certains critères techniques (niveaux max, résolution, etc etc). La chaine de base consiste en une paire de compresseurs (un rapide avec un seuil assez haut pour calmer les transitoires excessives, un second plus lent et avec un seuil assez bas pour gérer la macro-dynamique et homogénéiser l'ensemble), une EQ - utilisée avec beaucoup de modération (Q très large et des correction de l'ordre du décibel, voire moins), et un limiteur au final pour capter les quelques pics qui ont échappés au premier compresseur.
Bon, pour le reste je viens de parcourir les 30 pages précédentes en diagonale, et une chose qui me frappe est l'insistance sur le son (de guitare en l'occurrence mais peu importe) en isolation alors que dans la majorité des cas votre guitare n'est qu'une partie dans un ensemble et que donc la seule chose qui importe est comment ce son s'intègre à l'ensemble. Si vous jouez avec une basse et une batterie, il faudra de toutes façons libérer de la place en bas pour la basse, et en haut vous êtes en concurrence avec le charley et les cymbales. Si en plus il y a un chanteur ou un autre instrument lead, il faut également lui laisser de la place dans les médiums, donc pas la peine d'essayer d'occuper tout le spectre
Après je dis ça mais en tant que gratteux, j'aime bien aussi retrouver sur l'enregistrement quelque chose de "mon son" (lol) que j'ai mis des années à peaufiner (re lol)
- mais comme les micros ne sont pas des oreilles, je sais qu'il y aura toujours un delta.
Sur le choix et placement des micros... historiquement on a commencé à ajouter des micros de proximité comme appoint pour ajouter un peu de définition, et quand on bosse dans cette optique ce qu'on attend du micro d'appoint n'est pas d'être fidèle ni de donner un bel espace mais d'être assez "sec" et de renforcer les fréquences spécifiques qui se perdent un peu dans les micros principaux. Donc c'est normal si, en isolation, ce n'est ni très beau ni très naturel. L'exemple typique est celui du micro d'appoint sur une caisse claire, qui ne donnera jamais un son de caisse claire naturel - c'est la paire principale (overhead ou front of kit) qui s'en charge, le micro d'appoint est surtout là pour ajouter un peu d'impact et de corps.
Accessoirement, si on utilise essentiellement des dynamiques en proximité, c'est d'une part parce qu'ils encaissent bien les fortes pressions acoustiques (et les coups de baguettes perdues dans le cas d'un micro de caisse claire
) et d'autre part parce qu'ayant des réactions plus lentes que les statiques (bin oui, faut déplacer une bobine quand même), ils ont tendance à compresser un peu, ce qui aide à avoir un plus de "consistance" (effet de compression parallèle, très utilisée dans les mix pour niveler sans tuer la dynamique).
Si on transcrit ça à une guitare enregistrée en isolation, une bonne approche est de commencer par placer un micro principal (ou une paire stéréo) à une bonne distance de l'ampli, et une fois qu'on a trouvé la bonne combinaison micro/position d'ajouter un micro de proximité choisi et positionné pour compléter le micro principal. Après c'est sûr que si vous avez comme moi une acoustique de merdre (genre bunker bas de plafond) c'est pas gagné (et c'est pas nécessairement une question de traitement acoustique - une salle de prise n'a pas les mêmes besoins qu'une régie).
Si on est restreint à des prises en proximité (cas courant du home studiste), on se retrouve confronté aux problèmes évoqués entre autres par Brigido - le manque d'"air" bien sûr, mais surtout le fait que le HP n'ayant pas la même réponse en fréquence sur toute sa surface, on ne va capter qu'une partie de l'ensemble, d'où les différences drastiques qu'on obtient en déplaçant le micro ne serait-ce que d'un simple centimètre. La première solution est bien sûr de ne pas coller le micro sur la grille, plus il y a de distance et moins ce problème sera sensible. Même avec une acoustique de merde, on peut sans problème laisser entre 15 et 30cm sans trop choper les défauts de la pièce. L'autre solution (alternativement ou en complément) est la solution des deux micros à même distance. En choisissant ses micros pour qu'ils soient complémentaires et en les dirigeant vers deux zones différentes du HP on rétablit en partie l'équilibre.
Pour ce qui est des problèmes de phase (de toutes façons inévitables dès qu'il y a plus d'un micro captant la même source), une solution simple est d'inverser la polarité sur un des deux micros et de chercher le point d'annulation maximum entre les deux micros - c'est beaucoup plus facile d'entendre l'annulation que le renforcement. Après il ne reste qu'à remettre la polarité dans le bon sens et le tour est joué. Ceci les déphasages ne sont pas forcément toujours un problème - ils font partie du son qu'on entend aussi (bin oui, les réflexions acoustiques dans une pièce ne sont pas forcément en phase avec la source), et peuvent être utilisés volontairement soit comme filtre (savez vous que les filtres jouent sur la phase ?) soit pour la spatialisation (les différences de phase étant un des indices utilisés par notre système auditif pour situer un son dans l'espace).
Quelques micros pas hors de prix avec lesquels j'ai eu des résultats qui me satisfaisaient: beyer M69 et beyer M201 (acheté surtout pour les caisses claires mais donne un "piqué" agréable sur les guitares) en dynamique, oktava MK012 et MK220 en statique. Jamais été trop convaincu par les SM57/58 ou les 609/906 personnellement (pour mes guitares à moi je veux dire), mais certains guitaristes ont l'oreille tellement formatée par le son du SM en proximité qu'ils ne sont pas content tant qu'ils ne l'entendent pas - et dans certains cas c'est juste ce qu'il faut en fait, c'est une question de contexte.
Pour du concret vous pouvez jeter une esgourde ici
https://theelements-bx.bandcamp.com/ - tout enregistré dans mon bunker avec des micros (basse comprise), avec une soundcraft FX16II => scarlett 18i6 first gen => ardour (DAW opensource). Attention c'est pas une démonstration de virtuosité guitaristique, je n'ai aucune prétention dans ce domaine
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ZePot a écrit :
Comme les couilles de Joe Biden. Pas de pied de micro, tu le suspends par le câble comme on fait avec un 609/906. Le micro est donc perpendiculaire au HP. Surprenant, mais ça marche pour moi (pour une config à 1 seul micro en tout cas).
Pour la petite histoire c'est un ingé-son qui avait fait ça sur mon ampli une fois en live, je vais voir le mec étonné, pensant qu'il avait oublié le pied, il me dit qu'il a l'habitude de faire comme ça et que ça marche très bien... Je lui ai fait confiance, et bien m'en a pris, car en réécoutant le live j'ai beaucoup aimé le son, j'ai bien reconnu mon son, et j'ai adopté la méthode.
Les sonorisateurs aiment bien cette méthode - encore plus sur les petites scènes - parce qu'elle minimise les risques de déplacement accidentel du micro. C'est aussi pour ça qu'ils aiment les 609/906 d'ailleurs qui sont prévus pour cette utilisation.
Du point de vue technique, avec un SM ou équivalent (bref un dynamique cardioïde), c'est en théorie une abérration (en gros tu repique le sol de la scène xD). En pratique ça va essentiellement atténuer les aigües et le haut médium, et ce n'est pas forcément un mal vus d'une part le son du SM dans cette partie du spectre et d'autre part les problèmes liés à une prise en proximité.